Bonjour-bonjour
Depuis son origine, l’élection au suffrage universel du Président de la République mobilise un maximum de votants : même lorsqu’ils s’abstiennent comme dimanche dernier, leur intérêt pour cette élection reste total. Car les abstentionnistes qui se sont exprimés sur leur attitude l’ont clairement dit : ils n’ont aucune confiance dans les candidats en présences et donc ils refusent de choisir, quand bien même ce serait pour refuser un autre candidat.
Confiance ? A quoi (ou à qui) l’électeur accorde-t-il – ou refuse-t-il – sa confiance ? À la capacité du Président à lui assurer des revenus décents, à lui garantir la sécurité dans la rue – voire même à le soigner quand il est malade. Comme avec le clientélisme, l’électeur dit au candidat : « Je vote pour toi à une condition : que tu m’accordes un avantage supérieur à celui que me consent ton rival. » : finies les idéologies compliquées auxquelles on ne comprend rien et qui prétendent contraindre les électeurs même quand leur échec est patent.
Ce que les candidats ont bien compris en faisant des promesses ciblées en direction de telle ou telle catégorie de la population. Et quand bien même ces promesses seraient contradictoires entre elles, qu’importe ? Voyez Emmanuel Macron visant avant le 1er tour la droite, et puis promettant entre les deux tours des mesures appréciées à gauche pour capter l’électorat mélenchoniste : ça a marché !
- Qu’en dit l’historien ?
On dit souvent que cette élection vise à établir à l’Élysée un « monarque républicain ». Sans doute, car cette attente des électeurs fait penser au pouvoir thaumaturgique des Rois après leur sacre (1), sauf qu’on ne demande plus au Président de guérir les malades, mais d’apporter au peuple la satisfaction de ses besoins, allant jusqu’à la violence quand il n’y satisfait pas – comme on l’a vu au temps des gilets jaunes.
On haussera les épaules pour mépriser cette croyance naïve qui n’honore pas les enfants du Siècle des lumières. Bien sûr... mais que cet espoir continue d’exister montre qu’il s’agit d’un désir ancré dans le cœur des hommes, désir qui ne recule jamais quand bien même il serait en totale contradiction avec la réalité. S’attend-t-on à ce que l’amoureux renonce à sa chérie simplement parce qu’elle l’a fichu dehors ?
- Alors on va crier au mensonge et à la manipulation lorsque le prétendant, une fois élu, tourne le dos à ses promesses. Mais au fond, est-ce qu'on ne l'a pas cherché ?
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(1) Le pouvoir thaumaturgique désigne le fait de réaliser des miracles. C’est ainsi que les rois de France recevaient de Dieu le pouvoir de guérir les écrouelles (= fistules d’origine tuberculeuse) après avoir été oints à la cathédrale de Reims au cours de leur sacre.
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