vendredi 1 avril 2022

A quoi « bon » la guerre ? – Chronique du 2 avril

Bonjour-bonjour

 

La guerre est un fait brut qui impose le silence à tous ceux qui, depuis leur salon ou un plateau de la télévision, prétendent savoir ce qu’elle signifie. Inutile donc de se tordre les mains en pleurant sur l’humanité qui ne changera jamais ; ni sur les civilisations qui n’accoucheront jamais d’autre chose que de la barbarie. 

Mais ne peut-on avec les méthodes scientifiques disponibles la considérer comme un objet d’étude comme un autre, susceptible de délivrer une connaissance rigoureuse ?

Sans me risquer à résumer des résultats encore en devenir, esquissons quelques hypothèses à soumettre à l’investigation scientifique.

            1) La guerre est une nécessité pour souder les sociétés et pour aider les hommes à se dépasser.

Si on définit la guerre comme un conflit armé avec effusion de sang entre deux groupes humains, il est clair que ce dernier point condamne la connaissance à se limiter à la période historique, là où l’écrit conserve des traces de ces affrontements entre sociétés, nations, etc. Selon ces traces (stèles égyptiennes, poèmes de l’Iliade, etc.) la guerre est non seulement décrite mais encore glorifiée comme acte héroïque. C’est même là que se situe sa principale fonction : pas de héros sans guerre.

            2) Mais la guerre prise de façon plus objective parait également accompagner l’histoire : si la guerre est consubstantielle à l’humanité, ce n’est pas en raison d’une quelconque nécessité génétique, mais parce qu’elle est nécessaire à son évolution historique. Écoutons Karl Marx « La violence est l’accoucheuse de toute vieille société grosse d’une société nouvelle. Elle est elle-même une potentialité économique. » (1)

En évoquant la violence, Marx évoque aussi nécessairement la guerre ; toutefois notons qu’il introduit une remarque importante : selon lui, la guerre est « une potentialité économique ». Ce qui veut dire qu’elle est une des conditions du développement économique, comme le sont les forces productives ou les rapports de production. 

            3) Autant dire que la guerre remplit une fonction historique puisque la lutte des classes est précisément le moteur de l’histoire. Ce qui veut dire qu’à terme, le développement de l’humanité pourrait s’accomplir désormais sans ces violences. Telle est la société sans classe pensée par Marx – une utopie ? soit, mais comment savons-nous qu’une utopie ne se réalisera jamais ?  

o-o-o

Jusqu’où doit nous mener cette hypothèse ? Jusqu’à croire que, si la guerre est un jour obsolète, alors la violence le sera aussi conformément à la pensé de Marx ? Mais ce dont parle Marx, c’est de la violence sociale, exercée au sein du groupe humain et à l’encontre des représentants de classes. Rien ne dit par contre qu’il n’y aura plus de chagrin n’amour ni de crimes passionnels. (1)

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(1) Karl Marx – Le Capital, Livre 1, chap. 23

(2) Avez-vous remarqué ? Il n’y a plus aujourd’hui de « crimes passionnels » mais seulement des « féminicides »

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