Bonjour-bonjour
A Nantes une femme voilée affichée sur un panneau de la ville a déclenché la polémique
Cette campagne, lancée à l'initiative de l'association « Bien être et solidaire », reprend une photo capturée pour le projet « Visages des Nantaises ». On suppose que cette affiche faisait partie d’une série d’images de visages de femmes évoquant toute sorte de personnages, d’occupations, d’âges. Que des femmes voilées, qu’on croise dans les rues tous les jours, paraissent dans cette série, quoi de plus normal. On est devant la banalisation d’un fait tout à fait banal : où est le drame ?
Seulement voilà : une chose est de montrer la réalité telle qu’elle est ; une autre de monter en épingle l’un de ses aspects, qui devient alors représentatif non de la normalité mais de l’anomalie. Du coup, voilà que cette gentille femme-voilée devient le porte-drapeau de ces atteintes aux valeurs républicaines. Que l’on en juge :
- « Promouvoir le voile est une faute politique, une atteinte à la laïcité. […] Pas un euro d'argent public ne doit servir le communautarisme » déclare Laurence Garnier la sénatrice de la Loire Atlantique (Lire ici).
- Il y a pire : « Choisir une femme voilée, symbole de soumission, pour « le mois de la femme », voilà où l'on en est à Nantes », déclare Foulques Chombart de Lauwe conseiller municipal.
Je ne dis pas que ces deux visions sont objectives : elles ne le sont d’ailleurs sûrement pas, mais finalement ça ne change rien. Car cette façon de percevoir le voile islamique persiste quoiqu’il en soit, empêchant sa banalisation et déclenchant une réaction de rejet : comment « être solidaire » comme le propose l’association nantaise avec de gens qui se replient sur leurs pratiques communautaires ? Pire encore : bien au-delà du communautarisme ce qu’on voit avec le port de ce voile c’est une pratique de domination des femmes : il ne s’agit plus seulement de les distinguer des hommes, il s’agit surtout de les soumettre à une société patriarcale, contre laquelle la France lutte de toutes ses forces.
On comprend alors l’intention des organisateurs qui ont voulu cette affiche : rappeler que dans la réalité rien ne distingue les femmes musulmanes de leurs consœurs non-musulmanes. Que le foulard ne les force pas à rester à l’écart de la société ordinaire – en particulier celle des hommes ; et que rien dans leur comportement ne les montre asservies.
Mais on ne voit jamais la réalité autrement qu’à travers des lunettes qu’on ne retire jamais et qui la colorent de façon indélébile. Les tentatives banalisation telles que celles-ci sont pédagogiquement inefficaces.
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