JUSTE A TEMPS. Un détenu espagnol donné pour mort après une
apparente tentative de suicide s'est réveillé à la morgue alors qu'on
s'apprêtait à l'autopsier, a-t-on appris mercredi auprès de l'administration
pénitentiaire.
«Il s'est aperçu qu'on
le sortait de la housse (mortuaire) pour le mettre sur la table et pratiquer
l'autopsie», a indiqué le père du détenu...
Autopsie
– Déguisement pour halloween
Un fait divers a toujours un côté sordide et un côté
passionnant. C’est qu’il s’agit généralement d’un fait très choquant, souvent
violent, mais qu’au-delà de son caractère particulier, individuel, on se sent
quand même concerné : « Et si
ça m’arrivait à moi ? »
Et justement, le fantasme d’être enterré vivant, ou, comme
ici découpé en rondelles tout vif alors qu’on est catalogué comme cadavre, est
très courant. On raconte parfois des histoires horribles de tombes ouvertes
pour quelque raison où l’on retrouve le cadavre les ongles plantés dans le
couvercle, cherchant manifestement à en sortir.
On attribue au croque-mort la fonction de mordre un doigt du
cadavre pour s’assurer qu’il est bien mort – mais on observe (cf. ici) que le
mot sarcophage signifie
étymologiquement la même chose, ce qui rend la fonction plus floue : « croquer
le mort » signifierait plutôt le faire disparaître.
Mais qu’importe : de toute façon ces interrogations
reflètent très évidemment ce fantasme de rester vivant tout en étant traité
comme un mort. Rappelons la devise des jésuites : Perinde ac cadaver (1) : symbole de la passivité absolue, le
cadavre est ce sur quoi le vivant a tous les pouvoirs. Et le sort qu’on lui
fait subir à l’autopsie en est bien la preuve.
Mais tout cela n’est rien à côté des représentations de
l’enfer inventées pour punir les vivants de leurs péchés durant leur mort. Et encore moins quand on a affaire au
fantasme du mort-vivant qui manifeste cet entre-deux mystérieux et angoissant
qui sépare la vie de la mort.
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(1): « Perinde ac
cadaver in omnibus ubi peccatum non cerneretur » ([il faut obéir]
comme un cadavre, sur tout ce qui n’est pas une erreur). Ignace de Loyola – Constitution
de l’ordre des jésuites
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