« L’amende pour stationnement non-payés est
rebaptisée : forfait de
post-stationnement. »
En lisant ça, vous avez dû hausser les épaules et
dire : « Encore un élément de langage ! Ce n’est pas une
révélation : déjà Rabelais écrivait si les signes vous fâchent, Oh combien vous fâcheront les choses
signifiées. »
- Mais nous, nous prenons ça très au sérieux : « Marre
des amendes ! Marre des taxes ! A bas les prunes ! Vive le
forfait post-stationnement ! »
- Eh bien pas de problème : changez le mot et vous
rendrez la chose acceptable.
Voyons ça.
- Déjà, le forfait
signifie que le stationnement non payé est dépénalisé, il ne s’agit plus de
verbalisation. L’idée est la suivant : vous avez le choix de payer le
tarif demandé pour stationner, ou bien vous préférez payer le forfait qui est
selon les cas jusqu’à dix fois plus cher. Après tout, c’est vous qui choisissez,
mais en tout cas, c’est votre choix, et donc arrêtez de crier à l’arnaque.
- Il y a quand même quelque chose qui chiffonne : il
ne s’agit pas de payer pour un stationnement,
mais pour un « post-stationnement » :
et ça change tout. Car votre voiture garée, là, au bord du trottoir ne
stationne pas du tout : elle « post »-stationne.
Vous avez payé pour une heure et le temps est dépassé ? Pas de problème,
on va vous considérer en post-stationnement et vous demander d’acquitter le
forfait correspondant.
Avant d’être un élément de langage, la formule est-elle
donc un simple euphémisme – voire une litote ? Ces périphrases sont
bien connues, comme lorsque nous parlons de « personne à mobilité réduite » ou « en situation de handicap », comme
des « malvoyants » ou des
« lieux de privation de liberté ».
Mais faisons bien attention : ces formules sont
parfois un peu ampoulées et gauches, mais il arrive qu’elles disent ce que les
mots cachent parfois. Comme la « solution
finale » en lieu et place de l’extermination
des juifs évoque le moyen qui est tout à fait secondaire pour les nazis, alors
que le but, lui, est pour eux essentiel : supprimer les juifs de toute la
surface de la planète.
Bon. – On perd de vue notre « forfait
post-stationnement » ? Pas du tout, car il s’agit là aussi du moyen
employé pour réduire la présence de la voiture en faisant qu’elle dégage des
rues où elle ne parvient plus à stationner. Mais méfions-nous : il viendra
le jour où la « solution finale » sera appliquée au problème des
automobiles.
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