lundi 12 juillet 2021

À Cannes : paillettes et porte-jarretelles sur tapi rouge – Chronique du 13 juillet 2021

 Bonjour-bonjour

 

Je lis ce matin le reportage de « New People » sur le tapi rouge du Festival de Cannes et je vois cette photo :

 

 


Léna Situations et Mélanie Thierry

 

Photo assortie de ce commentaire : « Mélanie Thierry a quant à elle brillé de mille feux grâce à une robe argentée, en forme de bustier qui a mis en avant le décolleté de l'actrice.

La youtubeuse Léna Situations (influenceuse) s'était mise sur son 31 ! Grâce à une robe solaire, très échancrée au niveau des jambes, la jeune femme a dévoilé sa magnifique silhouette. Grâce à son épaule dénudée, elle était hyper sexy ! »

Si je reproduis ce commentaire, ce n’est pas pour ricaner de sa platitude – après tout dire que l’une a un beau décolleté et l’autre une belle jambe, ce qu’on a déjà vu à moins d’être aveugle, ça permet aussi de développer le plaisir de voir nommées ces parties du corps féminin qui nous ravissent rien qu’à les regarder. 

Il s’agit plutôt pour moi d’interpeller les femmes, du moins celles d’entre elles qui s’enflamment de fureur dès qu’une image insiste trop complaisamment sur le corps féminin, semblant le livrer en pâture au désir des hommes : « Alors, parce que c’est le Festival de Cannes vous voilà sans réaction devant la marchandisation du corps des femmes, comme si la moindre des générosité était de montrer des échancrures abyssales, des décolletés sur le point de libérer leur précieux fardeau, des transparences qui ne semblent là que pour mieux montrer. Comment pouvez-vous fermer les yeux sur cet honteux étalage ? »

Faudrait-il donc admettre que ces exhibitions ne seraient évaluées que selon leur contexte ? Qu’il y a une « culture » cannoise qui permet aux femmes de stimuler la libido masculine sans se sentir humiliées ? Car alors ce n’est pas d’exhibition qu’il faudrait parler, comme nous l’avons dit imprudemment : il s’agirait plutôt d’une mise en scène où tout doit être pris ensemble : le tapis rouge, les robes soyeuses, les brillants qui scintillent dans les décolletés, et… les photographes ! Sans parler des couleurs, et des postures rappelant les magazines de luxe. 

--> Le luxe : c’est cela qui importe. La femme n’est considérée ici que comme un élément constitutif du luxe, avec sa silhouette qui jaillit de l’écrin de son fourreau : toute nue on aurait refusé de la montrer. Le corps des femmes n’est pas admis dans ce décor :  on se rappelle l’exhibition de Corine Masiero aux Césars : imaginez un peu ça sur le tapis rouge cannois ?!

 

L’érotisation du corps féminin ne fait pas scandale à Cannes parce qu’elle n’existe pas pour elle-même mais pour signaler le luxe dont elle constitue un élément ; avec la robe du soir, ajoutez la flute de champagne – et pour les messieurs, smoking, nœud papillon et Rolex au poignet. Reste qu’en devenant un pur objet, un artefact comme disent les savants, la femme renonce à son être véritable pour ne plus servir que de support à des rêves qu’on pourra en effet mettre sur le marché. 

Il semble que pour les féministes, être une icône de la grâce féminine, c’est mieux que de devenir un morceau de barbaque dans un film porno…

Dont acte.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire