mardi 13 juillet 2021

Qu’est-ce que je montre quand je fais crac-crac ? – Chronique du 14 juillet

Bonjour–bonjour

 

Je sais bien : nous sommes le 14 juillet et je devrais chroniquer la fête nationale – bien qu’elle se réduise aujourd’hui à glorifier la lutte pour la vaccination, ou plutôt : anti-antivax. Déprimant… Compliqué… Fatiguant…

 

Et puis, durant ma lecture paresseuse de l’actualité, je tombe sur cette déclaration faite à Cannes par Virginie Efira : "Très peu de réalisateurs savent filmer les scènes de sexe". Elle répond à un journaliste qui l’interroge sur une scène du film de Paul Verhoeven où elle interprète une nonne lesbienne, et elle ajoute : « les scènes de sexe n’ont pas d’intérêt quand il s’agir de coït illustratif ». Et là je sursaute : je n’y avais jamais songé, mais maintenant qu’on en parle, ça me parait évident : dans le coït doit bien se montrer parfois autre chose que le coït lui-même. Oui : ce que Virginie Efira nomme « le coït non-illustratif » montre bien quelque chose, mais c’est autre chose que la copulation pure et simple.

--> « Qu’est-ce que je montre quand je fais crac-crac ? ». La question est irritante, parce que jamais nous ne pouvons nous voir dans cette situation – et à supposer qu’on dispose d’une sex tape, l’essentiel n’y parait probablement pas, étant le vécu intime qui ne transparait probablement pas à l’extérieur.  Si on veut filmer ça, il faut fabriquer ces images de façon non pas à montrer comment les choses se passent réellement, mais telles qu’on devrait les voir si elles se révélaient dans leur vérité intime. J’en veux pour preuve les scènes charnelles du film de Leos Carax (vu hier, le hasard fait bien les choses) révélant de façon lyrique l’envol orgasmique, grâce à des postures incompatibles avec les colonnes vertébrales communes. (Il faudrait demander à Marion Cotillard ce qu’elle en pense.)

Le coït non-illustratif doit donc révéler autre chose, que Louis-Ferdinand Céline nous a révélé lorsqu’il écrivit : « L’amour c’est l’infini à la portée des caniches ». Durant le coït se révèle l’extase de la rencontre de l’éternel et l’infini, ou au contraire mon désespoir de ne pas y parvenir.

 

On dira que c’est un peu tordu de philosopher en matant des scènes de c*** au ciné. Mais que voulez-vous : comme disait Socrate, quand la philosophie vous tient elle ne vous lâche pas. D’ailleurs je le soupçonne d’avoir continué à dialoguer avec Alcibiade durant leurs parties de pattes en l’air.

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