vendredi 9 juillet 2021

L’homme : un être vertébro-machiné – Chronique du 10 juillet

 

Hubble n'est pas au top de sa forme – Suite à la défaillance de l’informatique embarquée, le célèbre instrument a dû basculer en “safe mode”, une sorte de coma artificiel prévu pour préserver le système

Le coupable envisagé, un module mémoire défaillant, restait sourd à toutes les sollicitations des ingénieurs.

Hubble pourrait souffrir de dégâts significatifs, au point de mettre le télescope KO. Et vu son âge canonique, ce scénario signerait probablement à la fin d’une aventure de plus de trente ans.

Nous saurons alors si Hubble pourra nous apporter quelques belles observations avant une retraite bien méritée…(Lire ici)

 

Bonjour-bonjour

 

Nous voilà informés : le télescope spatial est malade. Gravement malade puisqu’on l’annonce dans le coma. Sa mémoire serait défaillante – en tout cas elle est rebelle à toute sollicitation. Il est vrai que l’âge canonique de l’appareil nous avait mis en garde : une telle machine serait alors incapable d’observer le ciel et de sonder ses mystères… 

Je viens d’écrire « une telle machine » : mais il ne s’agit pas d’une machine ! Il s’agit d’un être vivant puisque doué de mémoire, de conscience, susceptible de vieillir au point de ne plus pouvoir observer le ciel. D’ailleurs, pourquoi nous en étonner ? Nous savons depuis longtemps que nos machines électroniques possèdent une intelligence artificielle, que leurs derniers avatars disposent de systèmes de neurones et qu’elles peuvent être affectées par des virus. Si Hubble est plongé dans le coma, c’est bien qu’il a une conscience et une intelligence.

 

Bref : nos machines c’est nous. Les transhumanistes nous l’avaient bien annoncé en décrétant qu’il n’y avait plus de frontière entre l’homme et la machine, allant bien au-delà de Descartes pour qui l’homme est certes une machine mais qu’il est en plus doué de conscience, ce qui change tout. On n’en est plus aujourd’hui à nous interroger pour savoir si les animaux peuvent être doué de sensibilité, de sociabilité, et de conscience ; mais bien si nos machines ne possèderaient pas tout cela s’instituant en doubles de l’être humain, à la fois identiques et supérieures à lui, puisque débarrassées des limites qui affectent son corps. Si l’homme peut se dépasser lui-même en s’adjoignant des prothèses mécaniques, c’est bien qu’il ne faut pas imaginer que la nature de l’homme diffère de celle de la machine.

Il y a bien des décennies le philosophe Jean Brun expliquant que la technique avait toujours fait partie du développement de l’espèce humaine écrivait « L’homme est un être vertébro-machiné » – il ne croyait pas si bien dire. (1)

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(1) Si Jean Brun dénonçait cette évolution, anticipant les critiques auxquelles sont soumises les transhumanistes, il n’en était pas moins un analyste pénétrant « des racines existentielles du transhumanisme contemporain » (lire ici)

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