mardi 19 mars 2024

Les pierres aussi ont un cœur – Chronique du 20 mars


Bonjour-bonjour

 

Vous tous, les esseulés, les abandonnés, les solitaires : le remède à votre triste situation est trouvé ! Le nouvelle est venue de Corée, d’où l’on apprend que les travailleurs éreintés par plus de 50 heures hebdomadaires de labeur trouvent réconfort auprès… de « pierres de compagnies ».  Il s’agit de cailloux « qui seront toujours là pour vous écouter, si vous avez envie de vous confier. Ils ne changeront jamais, ils ne vieilliront pas. Et, ils sont très propres. »

 On lira ici le descriptif des cas galets « aménagés » (les homme primitifs en avaient déjà découvert l’usage) et des soins qu’on peut juger excessifs dont ils sont l’objet. Pour nous l’essentiel est de comprendre ce que ces pratiques révèlent de nous. (1)

On est tenté de voir dans ces pierres un prolongement du « doudou » dont les petits font leur compagnon et leur réconfort. C’est ainsi en effet que le doudou a été identifié comme « objet transitionnel », théorisé par Winnicot, et qui permet à l’enfant de calmer l’angoisse de l’absence de sa maman grâce à cet objet de substitution. 

Toutefois, alors que la psychanalyse estime que cette identification est par la suite transférée à d’autres objets culturel plus apprécié par les adultes il se peut que ce transfert ne soit pas opéré de façon définitive et qu'une régression s’opère vers des objets « primaires » qui rappellent ceux adoptés par le nourrisson.

Reste aussi que ce choix du caillou n’est pas sans dépourvu de signification : son caractère inaltérable, sa disponibilité définitive montre bien de quelle angoisse soufrent ceux qui cherchent réconfort auprès de lui : un substitut de l’autre qui assure de sa présence et de son infinie patience.

 

 

Cailloux de compagnie proposés à l’achat en Corée


- Où l’on voit que les pierres aussi ont un cœur.

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(1) Outre ces « pierres de réconfort » coréennes on rappellera la « pierre de patience » qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle, dont l’écrivain Atiq Rahimi, d’origine afghane, a fait le sujet de son roman primé au Goncourt 2008.

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