jeudi 16 mai 2024

Le « congé malheur » - Chronique du 17 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

L’idée que le bonheur au travail est déterminant pour les performances dans l’entreprise est familière car réitérée de temps autre. Par contre, la prise en compte du malheur, ou du moins de ces matins où, même quand on aime son job, il est bien difficile de sortir du lit et de démarrer sa journée, est moins fréquemment prise en considération – je dirai même pas du tout. C’est pourtant de Chine que vient l’information qu’il est possible de rester chez soi les jours où ça ne va pas.

« Nul besoin d'avoir un fond dépressif pour connaître ce genre de sentiment, qui peut s'expliquer par un excès de fatigue ou une accumulation de mauvaises nouvelles – et qui peut aussi débarquer sans prévenir ni raison apparente. L'idée du « congé malheur » est d'autoriser les employés à s'absenter en cas de besoin sans avoir à entrer dans les détails lorsqu'ils en font la demande à leur supérieur » (Lire ici

Cette mesure nous vient de l'exemple de la chaîne de supermarchés Pang Dong Lai, situés dans la province chinoise du Henan. « The Independent explique que son patron, Yu Donglai, a mis en place un système permettant à ses employés de prendre jusqu'à dix jours de congés par an, destinés aux moments où ils ne se sentent pas heureux ». Yu Donglai, le chef de l'entreprise poursuit : « Nous connaissons tous des moments pendant lesquels nous ne sommes pas heureux et donc, si vous n'êtes pas heureux, ne venez pas au travail. » (Article cité)

o-o-o

Bien sûr il n’est pas sûr que 10 jours de mise en retrait par an suffisent à dissiper les nuages qui assombrissent la vie quotidienne. Mais cette mesure exceptionnelle éveille quelques remarques.

    - On observe d’abord que, si les entreprises s’impliquent dans le bonheur de leurs employés par des mesures de management, en revanche elles ne peuvent que s’effacer lorsqu’ils sont malheureux. Ce n’est pas que chasser la tristesse de la vie au bureau soit inimaginable, mais pour la surmonter on ne peut se contenter de petites taches de joie ici ou là.

    - D’autre part pour la première fois il est reconnu qu’on ne peut travailler correctement si l’on est malheureux.

    - Il en résulte que, du côté de l’entreprise, la mise en retrait est la seule mesure valable. On ne dit pas que ça va aller mieux grâce à ça, mais on prend acte que tristesse et emploi ne sont pas compatibles.

Cette seule observation devrait suffire à faire réfléchir les philosophes.

mercredi 15 mai 2024

Le peuple néo-calédonien existe-t-il ? – Chronique du 16 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Certains déplorent que le calme établi depuis 40 ans en Nouvelle-Calédonie soit rompu avec les émeutes de ces jours-ci. On peut certes se demander si ce calme était véritablement authentique, mais on peut aussi s’étonner qu’il ait été rompu à l’occasion d’une modification du code électoral néo-calédonien visant un « dégel » : « Le mois dernier, des milliers de personnes se revendiquant "loyalistes" avaient défilé pour étendre le droit de vote. Le gouvernement souhaite mettre fin au gel du corps électoral, adopté il y a 26 ans. Ce texte empêche toutes les personnes arrivées depuis 1998 de voter. Gérald Darmanin souhaite y mettre fin. Le ministre de l'Intérieur y voit "une obligation morale pour ceux qui croient en la démocratie" » nous explique la presse. (Lue ici)


Ceux qui s'opposent à cette modification et qui ont défilé lundi dernier estiment que ce dégel réduirait l'influence du peuple kanak : s'il passe, « il éteindra la lutte du peuple kanak », prévient une manifestante. Les députés ont pourtant entériné cette décision hier en vue d’un vote en congrès à Versailles à la fin du mois prochain.

Autrement dit, alors que le peuple autochtone, qui s’estime le seul légitime, voit ses effectifs stagner, le reste de la population se développe par l’immigration, soit métropolitaine soit océanienne, minorant du même coup la place qu’il peut prendre dans les décisions votées par l’Assemblée de Nouméa.

On peut y voir une lutte d’influence dans le combat démocratique, les Kanaks s’estimant à titre de « peuple autochtone » le seul légitime pour exercer le pouvoir sur ce qu’ils estiment être leur territoire. Mais on peut y déceler aussi la fracture qui empêche le peuple néo-calédonien d’exister comme une entité souveraine. Car même dans l’hypothèse où la Nouvelle-Calédonie serait une fédération, il faudrait quand même que chacune de ses composantes soit unanime pour reconnaitre l’existence d’un État souverain au sein du quel ces différentes entités viennent prendre place : en démocratie, un État suppose toujours une unanimité inaugurale sans laquelle aucune décision ne peut être reconnue légitime. Nous acceptons d’obéir aux lois prise à la majorité parce que nous acceptons cette légitimité. Si une région considère qu’elle ne peut plus faire partie du peuple souverain, alors elle doit faire sécession – ainsi de la Corse dont les indépendantiste cherchent à rompre les amarres avec la « métropole » : définition d’un territoire sur lequel les lois de la République n’auraient plus cours ; reconnaissance de la langue corse comme langue officielle ; attribution de droits spéciaux aux autochtones ; corpus de lois conformes aux coutumes. 


- Bref : le peuple Néo-calédonien existe-t-il vraiment, ou bien faut-il admettre qu’il est scindé en deux – voire en trois – parties constituant autant d’entités souveraines ? Ce problème doit être résolu à Nouméa et non à Paris, sauf à prétendre que la France se comporte toujours comme une puissance coloniale.

mardi 14 mai 2024

Un passé qui ne passe pas – Chronique du 15 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Festival de Cannes : neuf femmes accusent Alain Sarde, un important producteur de cinéma français, de les avoir violées ou agressées sexuellement. Les faits dénoncés remonteraient pour la plupart aux années 1980 et 90. Lire ici un compte-rendu.

Comment comprendre que, plus de 40 ans après les faits, ceux-ci soient encore chargés d’émotion et de souffrance, au point que les victimes en soient éprouvées comme si leur agression avait été commise il y a quelques mois ? 

o-o-o

Philosophiquement on distingue deux formes de passé : celui qui vient juste de s’écouler et qui reste confondu avec le présent – qui appartient donc encore à la durée présente. Et puis celui qui est connu comme appartenant au domaine du « déjà-plus », n’ayant pour existence que le fragile support de la mémoire. Le passé « qui est passé » n’est pas celui qui est en cause dans le cas des traumatismes de l’agression, sexuelle ou autre. Ce passé-là, c’est celui qui « ne passe pas ».

Or, voilà que le monde peut changer durant ces périodes longues, déplaçant la frontière entre le tolérable et l’intolérable. Car en même temps que la durée change, le monde des valeurs peut changer aussi, admettant parfois l’aliénation de soi-même en fonction d’avantages négociés ; ou au contraire le refusant par respect pour la personne humaine. 

 

Se superposent alors deux temporalité : celle du traumatisme, qui étend le présent sur la période qui va de l’agression à aujourd’hui ; et puis celle de ces valeurs qui, contrairement à ce qu’on imagine, peuvent être considérées parfois comme provisoires. C’est ainsi que les valeurs peuvent parfois avoir une durée d’existence fort courte, alors que pourtant elles sont ressenties comme impérissables.

Voilà une des raisons qui explique que la période #metoo que nous vivons actuellement soit si dérangeante : à l’époque des faits, leur gravité était toute relative : après tout c’est comme une coutume, quelque chose que l’on doit subir comme les rites initiatiques dans les populations premières. Que les femmes en soient les victimes, c’est peut-être regrettable : mais la coutume est de le supporter comme un mal qui ne doit pas tirer à conséquence. 

On peut aussi tolérer ces agressions à condition qu’elles soient liées à une sorte de contrat : on a même inventé pour cela une expression : la promotion canapé : canapé, hélas ! Mais promotion quand même.

- Oui, mais les valeurs de droits de l’homme, l’intégrité de la personne humaine, de sa liberté, vous n’allez pas dire que c’est négociable, et que pour le prix d’un rôle au cinéma on peut violer une femme, et qu’elle n’a plus qu’à fermer les yeux sur sa souffrance.

C’est que l’extension du présent sur le passé entraine la choc des valeurs : celui relatif, des intérêts qui mettent en présence des individus inégaux ; et puis celui, éternel, du sujet humain dont personne ne doit oublier la prééminence.

C’est cet oubli que le mouvement #metoo révèle au grand dam des oublieux.

lundi 13 mai 2024

Au Japon, les bébés qui pleurent grandissent le plus vite – Chronique du 14 mai

Bonjour-bonjour

 

Voyez cette photo montrant un sumotori amateur tenant un bébé lors du concours traditionnel de cris de bébé :

 


 

Un sumotori amateur lors de Nakizumo, en avril dernier. Issei Kato / REUTERS

 

Je le découvre en même temps que vous : au Japon ont lieu des affrontements qui ont pour objet de récompenser … les cris de bébés.

 

Il s’agit d’un festival japonais annuel au cours duquel des bébés sont tenus dans les bras de lutteurs de sumo dans un ring de sumo en plein air. Deux bébés s'affrontent dans un court match dans lequel le premier enfant à pleurer est proclamé vainqueur. Selon le folklore japonais, un bébé qui pleure a le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits, tandis qu'un cri fort indique que l'enfant grandira fort et en bonne santé. L’objectif principal du festival Nakizumō est, grâce à des prières rituelles, de favoriser la bonne santé de chaque bébé ; un proverbe japonais affirme même que les bébés qui pleurent grandissent le plus vite.

Les concurrents éligibles doivent être âgés de 6 mois à 18 mois au moment du festival. Environ 100 bébés concourent chaque année et les parents doivent parfois traverser le Japon en entier pour trouver un sanctuaire disponible. Façon de le dire : ce sont les parents eux-mêmes qui font effort pour faire participer leur bébé à cette cérémonie. (Sur tout cela, lire ici)

 

L’idée que j’en retiens est que les pleurs des enfants sont interprétés de façon très différentes selon les civilisations. On l’a dit, pour le Japon traditionnel les pleurs sont des indices positifs marquant la bonne santé de l’enfant et pouvant attirer la bienveillance des divinités. D’ailleurs, lors du festival Nakizumo des rituels très particuliers (voir l’article référencé) ont lieu montrant que rien de profane n’intervient lors de ces affrontements – mais ne peut-on pas dire que des traumatismes peuvent néanmoins affecter ces bébés ? Devant la cruauté potentielle de telles pratiques on se demande pourquoi ce pays si soucieux de préserver la santé de chacun tolère de telles manifestations, même si la tradition vient d’un lointain passé.

 

Oui – le problème est là : non pas de savoir si les larmes des enfants sont des indices de traumatismes, mais plutôt pourquoi des traditions si contradictoires avec les règles actuelles continuent d’être respectées et pratiquées. Mais peut-être ferions-nous bien de nous regarder nous-mêmes : voyez le sérieux avec le quel on continue de prescrire et de prendre de dilutions homéopathiques ; dilutions qui sont telles que pour comprendre leur action il faudrait commencer par rejeter un bon nombre de lois de l’univers.

Au fond, ça ne nous trouble pas plus que ça.

dimanche 12 mai 2024

Nemo : le troisième sexe – Chronique du 13 mai

Bonjour-bonjour

 

Le concours de l’Eurovision de la chanson (37 participants) a été remporté par le chanteur suisse Nemo, artiste non-binaire de 24 ans.

- Non-binaire ? Qu’est-ce donc ? 

En termes de logique classique il n’y a que deux possibilité : être vrai ou faux ; ou bien avoir telle caractéristique ou ne pas l’avoir. Par exemple être homme ou femme ; or voici que la non-binarité nous explique qu’il y a une troisième option, que les logiciens désignent comme « indécidable » quand on ne peut trancher entre les deux possibilités en présence. 

- Donc Nemo ne se reconnait ni homme, ni femme – qu’est-ce à dire ?

Selon " Question sexualité ", le portail gouvernemental d’information, « La non binarité, c'est tout simplement le fait de ne pas se reconnaître comme strictement femme ou strictement homme. Les personnes non-binaires peuvent ne se sentir ni homme ni femme, les deux, ou toute autre combinaison des deux. Le terme « non-binaire » désigne donc toutes les possibilités en dehors d'une identité strictement féminine ou masculine. »

Là-dessus les scientifiques se cabrent : la sexualité n’est qu’une façon pour la différence homme/femme de s’exprimer. Car elle résulte d’un facteur génétique : les femmes possèdent un chromosome XX et les hommes XY. Chaque cellule du corps de Nemo est porteuse du chromosome XY, et rien ne l’empêchera jamais.

Pourtant il se passe dans ces cas-là quelque chose qui n’est pas rien - occasion de rappeler la distinction sexe/genre : « l’identité de genre, c’est autre chose (que l’identité biologique). Il s’agit du sentiment profond de qui on est. Et ce sentiment ne correspond pas toujours au sexe biologique. » rappelle le portail cité. Donc, ce que nous appelons habituellement un homme ou une femme se trouve identifié par des caractéristiques socio-culturelles, qui dépendent de la société, de l’histoire, de choix personnels – et non uniquement de facteurs génétiques. 

--> Ce que nous appelons le « sexe » d’une personne est donc fait de deux éléments : un facteur génétique d’une part ; un facteur psychologique de l’autre. Et on est en grande difficulté quand il faut faire le partage entre les deux : où s’arrête le facteur génétique ? Où commence l’aspect psycho-culturel ?

Les homophobes sont des gens qui affirment que le facteur psychologique n’est pas constitutif de l’appartenance à la masculinité ou à la féminité : tout est biologique et les écarts sont des anomalies. Les gens qui sont favorables à la reconnaissance du facteur trans-genre estiment que nous devons les reconnaitre comme … non binaires, leur attribuer un pronom personnel caractéristique ("iel") et ne pas les stigmatiser selon leur apparence un peu excentrique.

samedi 11 mai 2024

À La Rochelle, « Clarisse » fait l’unanimité – Chronique du 12 mai 2024

 


 

Monument à Clarisse érigé à La Rochelle


Bonjour-bonjour

 

Cette statue montre Clarisse, une esclave haïtienne qui a réellement existé (1), donnant le sein à l’enfant de son maître au détriment du sien. Remarquez la gerbe déposée par le Premier Ministre lors de l’inauguration du monument à l’occasion de la Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition à La Rochelle.

Cette statue fait frissonner d’émotion et à juste titre : elle révèle en effet l’implacable vérité : l’esclavage consiste à utiliser les hommes et les femmes comme des objets dont « l’usure » importe peu pour autant qu’ils remplissent leur fonction qui est de permettre la vie confortable de leurs maitres. L’enfant de cette esclave va mourir de faim ? Qu’importe puisque celui du maître va vivre.

 

Si cette statue nous touche ainsi, c’est qu’elle montre la fonction « nourricière » des femmes que l’on ressent comme vitale et liée à une instinct de générosité ancestral, détournée de sa fonction et dénaturée. Cette femme qu’on pourrait croire émue de se livrer à cette fonction, est en réalité un simple animal justifiant son existence par sa lactation. On pourrait croire que, lorsqu’elle sera tarie, on la laissera mourir de faim.

L’esclavage c’est cela : l’homme et la femme considérés comme des bêtes qui n’existent qu’en fonction de leur usage - tout comme les vaches qui passent à l’abattoir quand elles ne peuvent plus fournir de lait.

Horrible ? Oui, au point qu'on est étonné que La Rochelle ose rappeler cette mémoire. Sauf que, comme le montre la note ci-dessous, cette histoire a eu un "happy-end", assurant à Clarisse une meilleure vie que celle de vache laitière qui lui était promise.

Ouf !...

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(1) Clarisse a bel et bien existé. Achetée à Léogâne, ville de Saint-Domingue à l’époque où les Rochelais possédaient d’innombrables intérêts en Haïti, cette esclave a ainsi officié comme nourrice au service de ses maîtres et de leurs enfants. En 1793, le conseil général de la commune finira par déclarer « au nom de la loi, que la citoyenne Clarisse est entièrement libre et peut user des mêmes droits que les citoyennes de la République française /.../ Comme beaucoup de nouvelles affranchies, le nom de Clarisse figurera après 1794 sur les listes des bénéficiaires de secours et subsistances » (Lire ici)

vendredi 10 mai 2024

Arrêtez de chouiner – Chronique du 11 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Comment vous sentez-vous ce matin, chers amis ? Un peu morose ? Un peu angoissé ?

- Attention ! Vous êtes peut-être en train de faire un épisode dépressif ; ou alors un trouble anxieux ? Vous n’auriez pas vécu récemment un traumatisme ?

 

- Tel est du moins le diagnostic porté par l’opinion publique habituée à présent à considérer tout phénomène psychologique comme un trouble. « On se convainc alors qu’on ne peut pas le résoudre soi-même, et que seul un expert pourra nous aider » précise le médecin et thérapeute Flip Jan van Oenen dans les colonnes du magazine belge De Standaard Weekblad. (Lu ici)

 

Où passe donc la limite entre le normal et le pathologique ? Selon la psychologue Lucy Foulkes (université d’Oxford), « il n’y a pas de limite nette entre une anxiété « normale » et une anxiété « clinique », c’est un spectre composé de milliers de nuances de gris ».

On dira peut-être que ce flou, qui autorise à considérer comme symptôme pathologique ce qui fait simplement partie des phénomènes adaptatifs du quotidien, n’est pas nouveau et que du temps du docteur Knock ça permettait de dire que « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore »

Sauf que du temps du bon docteur, c’était au praticien de persuader le patient qu’il était malade ; mais aujourd’hui, la maladie est souvent une revendication des candidats à une prise en charge thérapeutique.

Alors, tous hypocondriaques ? Attention ! « Ce langage thérapeutique nous permet de parler de nos problèmes psychiques sans devoir réellement en parler » et « de s’en remettre à la thérapie en espérant y trouver le salut peut avoir pour effet d’abandonner nos propres stratégies d’adaptation. » Car alors « On cesse alors de chercher des solutions et le problème s’aggrave »

Allez hop ! Arrêtez de chouiner.






jeudi 9 mai 2024

La flamme olympique : et si on la portait en Palestine ou en Ukraine ? – Chronique du 10 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Cette histoire de flamme olympique, ça commence à me crisper. Alors que dans le monde les horreurs se perpétuent, que des femmes, des enfants, des malades et des vieillards meurent sous les coups de bourreaux déguisés en soldats - et que ceux qui restent, transformés en otages par les politiques, périssent affamés méthodiquement, voilà que toute affaire cessante il faut se réjouir de voir la flamme Olympique passer sur sous nos fenêtres.


--> Alors je vais en parler de cette f*** flamme pour qu’en suite on en ait terminé une bonne fois.

Ça a commencé en Grèce : 

 


Où l’on voit ces femmes déguisées en cariatides (?) imiter le moment où la Grande Prêtresse implorant l’aide d’Apollon, allume sa torche grâce aux rayons du soleil recueillis dans un miroir parabolique.

A partir de là commence le relai olympique où des coureurs porteurs de la flamme se succèdent d’Olympie jusqu’à Paris. À l’instar des messagers olympiques qui proclamaient la Trêve sacrée, les coureurs qui relaient la Flamme apportent un message de paix sur leur passage.


Avant la cérémonie d’ouverture, la flamme olympique va parcourir 12.000 km sur le territoire français. Elle passera par le Mont-Saint-Michel, les Antilles ou encore le château de Versailles, avant d’arriver à Paris le 26 juillet. D’après mon calcul (1) on devrait avoir 60000 porteurs de torche sur le territoire. 

On l’a dit : ces 60000 messagers de la paix vont tous courir sur notre territoire : ils n’auront pas grand mérite à porter un message de paix.

Ils feraient mieux d’aller montrer leur torche en Palestine ou en Ukraine.

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(1) En moyenne, chaque personne portera la torche sur une distance de 200 mètres, 

Pour 1km = 5 porteurs

Pour 12000km x 5 porteurs = 60000 porteurs

La France comportant 68000000 d’habitants, c'est moins de 1% de la population qui portera la torche olympique. Ça fait peu quand même…

mercredi 8 mai 2024

À Flamanville : toujours plus ! – Chronique du 9 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Depuis mardi Christine fonctionne à Flamanville ! Après 12 années de retard, on n’en était plus tout à fait certain : pourrait-elle voir le jour ?



EPR de troisième génération à la centrale de Flamanville. France, le 25 avril 2024


Il faut dire que Christine est le nom donné à la turbine EPR de 3ème génération qui va produire à elle toute seule autant d’électricité qu’une centrale toute entière, avec moins de consommation et moins de déchets. Christine attend 57 petites sœurs, dont la naissance doit s’échelonner jusqu’en 2050 – ou plus qui sait ? Voilà une famille bien nombreuse…

 

Après ce moment de satisfaction vient le temps de la réflexion : fallait-il ouvrir une nouvelle usine capable de produire toujours plus d’énergie ? Ne fallait-il pas profiter de l’obsolescence du parc nucléaire pour ralentir puis stopper la production d’électricité ? En bref : n’était-ce pas le moment d’infléchir ce mouvement initié au néolithique qui consiste à faire reposer la vie de l’humanité sur la production et la consommation d’énergie ? Toujours plus d’énergie ?

 

Tentons de penser une telle inflexion.

- Déjà, que signifie cette notion de « vie de l’humanité » que nous venons d’oser ? Ne vaudrait-il pas mieux parler de « survie » puisqu’arrêter la production d’énergie supplémentaire suppose que l’humanité cesse de progresser quantitativement ? Comme n’importe quelle espèce animale, l’humanité dépend des ressources de son milieu pour sa croissance. Que ces ressources stagnent signifie qu’elle ne peut plus s’accroitre. Mais pourquoi le déplorer ? Ne croyez-vous pas que nous sommes assez nombreux comme ça ?

- La Bible dit  : « Dieu /.../ bénit /Adam et Eve/ et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Genèse 1 :28). Bien. Mais n’avons-nous pas fini de remplir la terre de nos rejetons, et n’en sommes-nous pas, après avoir « assujetti » les poissons et les oiseaux et tout ce qui bouge, en train de détruire tout cela ? Dieu nous en a confié la garde.

Nous avons le droit d’exploiter la nature, mais aussi le devoir de la protéger.

mardi 7 mai 2024

La joie mauvaise contre les juifs – Chronique du 8 mai

Bonjour-bonjour

 

Dans Philo-Magazine, Martin Legros signe cet article essentiel pour analyser, par-delà le cas Guillaume Meurice, le mouvement de rejet des israéliens – mouvement qui dénonce un génocide commis à l’encontre les palestiniens.

Si l’humoriste de France-Inter est évoqué, c’est qu’il permet d’entrer dans l’explication de ce que nous vivons actuellement par le biais de « la joie mauvaise » analysée par Aristote, Nietzsche, Freud ou Schopenhauer. Car, que fait Guillaume Meurice ? On ne lui reproche pas d’accuser l’armée israélienne d’écraser sous ses bombes les gazaouis. C’est de se réjouir de voir combien les juifs sont indignes du respect que leurs malheurs leur valait. « Il (= G. Meurice) réactive ce que les Grecs appelaient épichairekakia et les Allemands Schadenfreude, la joie mauvaise qui trouve du plaisir dans le malheur des autres ». Et voici l’essentiel : « Avec cette finesse inédite dans l’attaque /sachant que l’opinion dominante est que les Juifs méritent des égards spécifiques/ qu’il s’agit de retourner contre eux toutes les blessures avec lesquels ils avaient eu l’indécence, jusqu’ici, de se présenter à nous. » (Article référencé)

 

- On lira les développements de cette analyse (1) qui nous éclaire sur le malaise qui nous saisit de voir ainsi les victimes devenir à leur tour des bourreaux, et les crimes horribles dont ils ont été les victimes (et ceux du 7 octobre revendiqués comme leur résurgence) être commis par eux-mêmes. Essayez un peu pour voir de parler de la « solution finale » déclenchée contre les Palestiniens.

Il faut dire que, dans cette affaire, l’humoriste de France-Inter n’est qu’un exemple de ce malaise qui nous saisit devant cette joie (comprenez : le rire de la blague). En réalité, lorsque de partout montent les cris d’indignation il ne s’agit pas spécialement de savoir si on va rire ou s’indigner ; il s’agit plutôt de comprendre, comme nous l’explique Martin Legros, que « la question est de savoir si ceux … que cette joie mauvaise trouble ou désole, et ne fait pas rire, ont les ressources morales pour s’y opposer. »

Quant à moi, je dirai que mon effroi n’est pas seulement de voir le rire mauvais me secouer ; il est de voir combien le rôle de victime et celui de bourreau sont interchangeables. Car s’il faut mobiliser des ressources morales, c’est bien devant la menace de ce retournement.

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(1) En particulier cet extrait de la Rhétorique d’Aristote « Celui qu’afflige la réussite de gens qui n’en sont pas dignes se réjouira ou, du moins, ne sera pas péniblement affecté de l’échec des gens placés dans une situation contraire. Par exemple, à la vue de parricides ou d’assassins quelconques subissant leur châtiment, personne, parmi les gens de bien, ne pourrait éprouver de peine ; car on doit plutôt se réjouir d’un tel dénouement. »

lundi 6 mai 2024

Gandhi ? Connais pas – Chronique du 7 mai

Bonjour-bonjour

 

1) Où sont les pacifistes ? Pas à Science-Po, pas dans les défilés, qu’ils soient « pro- » ou « anti- » palestiniens, pas non plus dans les débats télévisés, qui réclament la fin du massacre au prix d’une paix inéquitable pour les palestiniens – ou symétriquement l’éradication pure et simple de l’État d’Israël.

2) Hier, durant la cérémonie des Molière, Sophia Aram (Molière de l’humour) a lancé un appel non pas à la paix, toujours diplomatique donc incertaine, mais à la commune déploration des victimes. « Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? » (Lu ici)

Ce discours n’a de sens que dans la perspective d’un pacifisme authentique, un pacifisme de colère : tous les auteurs de violences sont égaux dans le crime. Et tous ceux qui les déplorent ont un droit égal à réclamer la paix.

3) Ce matin, je tombe sur cette info concernant la restauration du monument aux morts de Gentioux, dans la Creuse, où un petit orphelin est montré tendant le poing aux responsables de la tueries de la guerre 14-18 :

 

 


« Après restauration, le jeune garçon de la Creuse reviendra dans son village natal à la mi-juin. Pour retrouver sa place. Dignement. À côté de ses aînés. Les 58 tués de Gentioux morts durant la Grande Guerre. La boucherie de 14/18. » rappelle l’article consulté.

On a donc un monument aux victimes de la guerre : elles ont le droit de mettre la crosse en l’air et de demander que soient chassés les commandants, les chefs, les Présidents.

4) Mais tout cela reste inaudible pour les passions de notre temps. Le matin du 11 novembre 2023 les habitants de Gentioux ont vu ceci :

 

 

Au drapeau palestinien s’ajoute l'inscription "Palestine libre" sur l'un des versants du monument et une autre inscription en arabe sur un autre côté.

5) Tout ceci pose la question : comment être pacifiste ? Non pas aujourd’hui mais de tout temps, alors même que la force est unilatérale et la faiblesse également ? Qui donc songe à rouvrir les livres de Gandhi ? Qui donc se rappelle même qu’il a existé ?

dimanche 5 mai 2024

Ponts de mai : le bonheur pour tous – Chronique du 6 mai

Bonjour-Bonjour

 

Les ponts de mai signent le retour de Jean Viard, qui, après avoir expliqué que les vacances avec les enfants ça devrait être quand les parents le décident (voir notre post ici), revient pour se réjouir de ces ponts de mai qui assurent une société unanimement en vacances.

 


Certains se désolent de cette profusion qui désorganise le travail productif et renvoie les enfants en vacances alors même qu’ils reviennent tout juste en classe après les vacances de printemps.

En vacances ? Par tout à fait. Écoutons Jean Viard : « N’oublions pas quand même que la première activité de ce pont, ça va être le jardinage. Les 67% des gens qui ont un jardin, ont sorti leur tondeuse, leur sécateur, leur binette, et ils sont en train de planter des fleurs ou des tomates. » Faire pousser des tomates dans son jardin, c’est aussi travailler, et si ce n’est pas dans le cadre d’une entreprise, qu’importe ?

Et pour le tiers restant qui n’a pas de jardin ?  « Pour eux comme aussi pour les autres, c’est le moment d’aller dans les parcs, dans la nature. C'est la fête de la nature, je le dirais comme ça. Et cette fête de la nature, le maximum de gens ont envie de la partager. Certains pourront aller se promener dans un parc, dans un jardin public ou passer une journée en dehors de la ville. Mais c'est un moment très, très fort de la vie de la société. » 

Cette période de loisir n’est pas inoccupée : elle est un moment de concélébration dans lequel la société vit un fait social global essentiel à son bon fonctionnement et qui est aussi important que la production des moyens de subsistance.

C’est aussi à cela que servent les vacances, à condition qu’elles soient un moment que tous vivent simultanément. Tous en vacances en même temps, c’est pour cela les ponts de mai sont très appréciés. Après, qu’on soit obligé de moduler en fonction des capacités d’hébergement ou de la fluidité du réseau routier, soit ; mais on sait que la normale est « tous en même temps ». Voilà les propos du sociologue : les loisirs non pas pour faire joli, mais parce que la vie normale d’une société doit assurer le même bonheur à tous.

samedi 4 mai 2024

120 consultations gratis : pauvres médecins… - Chronique du 5 mai

Bonjour-bonjour

 

Jadis les médecins étaient des notables, respectés pour leur science et pour leur position sociale. Aujourd’hui ils sont mis en concurrence avec des sites Internet qui les contestent avec des informations plus ou moins scientifiques, ainsi que l'a montré la polémique sur les vaccins anti-covid. Et puis, ne l’oublions pas : les revenus de nos médecins de ville sont parfois un peu juste – en tout cas loin des salaires de certains ingénieurs, malgré un temps d’étude qui fait le double.

Dans cet article, un médecin de ville le dit : « Il ne nous reste que 8 euros dans la poche après le paiement des charges. Pour ma part, je travaille 50 semaines par an pour arriver à équilibrer les comptes du cabinet. » Ce médecin conclue : « Je ne sais pas si beaucoup de professions en France accepteraient cette situation et cette maltraitance institutionnelle. »

Excessif ? Pas complètement si j’en crois mon propre médecin qui me confiait récemment que les charges de son cabinet médical étaient de 3000 € mensuel, soit 120 consultations à 25 €.

- Oui, chaque mois mon médecin doit soigner 120 personnes uniquement pour payer ses charges – et on ne parle pas des impôts.

 

Alors, c’est vrai nos médecins ne sont pas les plus malheureux. Mais dans un monde où le salaire est l’indice d’un mérite et où chacun est en compétition pour avoir la meilleure place, les médecins qui arrivent caparaçonnés de leurs 10 années d’études se trouvent mal appréciés.

vendredi 3 mai 2024

Sacrés cochons… - Chronique du 4 mai

Bonjour-bonjour

 

Dans plusieurs grandes villes allemandes des statues de femmes en bronze présentent une étrange décoloration au niveau de la poitrine :

 


La statue "La jeunesse" de Brême, "Juliette Capulet" à Munich et "la femme du Rhin" à Berlin (de gauche à droite).

 

BFM commente ainsi ces images :  « Sur les poitrines de ces femmes de bronze, on peut nettement voir des traces de décoloration. Elles sont dues aux nombreuses mains qui s'amusent à toucher les seins des statues ». (Lire ici)

Les mouvements féministes ont placé derrière ces statues de femmes dont les seins sont décolorés à force d'avoir été touchés de grandes pancartes mentionnant : « Le harcèlement sexuel laisse des traces. »

 

On reste incrédule devant de tels faits : un comportement aussi puéril peut-il exister de la part d’individus masculins : se peut-il qu’à l’âge adulte la libido masculine soit excitée par un sein de bronze ? On se rappelle que Brassens chantait « Corne d’aurochs », un personnage un peu attardé qui « sur les femmes nues des musées/ ô gué-ô gué/ faisait l’brouillon de ses baisers/ ô gué-ô gué. » Oui, mais ce n’est qu’une chanson.

Plusieurs réactions : l’une amusée dira que les hommes qui pelotent les statues laissent au moins les femmes en paix. Les autres, comme nos féministes allemandes, y verront la preuve que le harcèlement sexuel est si répandu chez les hommes qu’ils ne laissent même pas les statues tranquilles.

Sacrés cochons… Mais, dites-moi, vous n’avez pas entendu parler du gisant de Victor Noir au cimetière du Père Lachaise ?

Regardez-le bien :

 

 

On le voit : les dames aussi seraient pulsionnelles au point d’aller se frotter le frifri sur la protubérance généreuse du défunt. (1) - Il est vrai que la tradition racontait alors qu’en faisant cela elles accomplissaient un rite de fécondité.

Hummmm….

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(1) D’ailleurs, est-il si mort que cela ? On se rappelle que les carabins chantaient Saint Eloi, qui selon eux n’était pas mort « Puisqu’il bande encore »

Mais ça, c’est une autre affaire

jeudi 2 mai 2024

C’est de la propagande ? Et alors ? – Chronique du 3 mai

Bonjour-bonjour

 

En Géorgie, une loi « russe » pour lutter contre… l’influence étrangère : il y a des vannes qui révèlent des vérités bien étranges. Ainsi du projet de loi géorgien contre « l’influence de l’étranger » qui met les foules dans les rues pour protester contre ce que certains voient comme un décalque de la loi qui, en Russie, permet au pouvoir de chasser du pays les ONG. « L'opposition et les manifestants dénoncent l'inspiration russe de cette loi. En Russie, en 2012, les parlementaires de la Douma avaient en effet adopté une loi comparable qui avait instauré un statut "d'agent de l'étranger"… Ce texte est "un décalque de la loi Poutine", assure sur France 24 la présidente pro-européenne de la Géorgie, Salomé Zourabichvili » (Lu ici)

 

L’idée qui se dégage de tout cela, c’est qu’en Géorgie il y a différentes façons de définir l’étranger. L’une rigoureuse, par la position extérieure à la frontière ; l’autre plus « politique » qui tient compte de l’influence déjà présente à l’intérieur du pays, comme par exemple celle d’un oligarque pro-russe qui dirige le principal parti d’opposition. Mais surtout on ne manquera pas de noter la ressemblance entre la Géorgie et l’Ukraine eu égard à l’attrait pour l’Europe (la Géorgie a obtenu récemment l’autorisation de demander l’adhésion à l’UE).

Les forces politique pro-russe ont beau utiliser une rhétorique nationaliste, la vérité est trop grosse pour rester cachée derrière ce cache-sexe riquiqui.

 

C’est de la propagande ? Oui, mais voilà : ça n’empêche pas le parti pro-russe d’être majoritaire et de disposer des voix nécessaires pour faire passer son projet. Et pourquoi est-il majoritaire ? Sans doute parce que nombre de Géorgiens ne sont pas du tout tentés par l’adhésion à l’Europe, tout comme en Ukraine le Donbass était avant même l’annexion par la Russie peuplé de gens qui souhaitaient rester sous l’influence russe.

Ne pas oublier que nous aussi nous fabriquons notre propre propagande, je veux dire celle qui répond à nos aspirations. La vérité politique, nous devons la dévoiler derrière nos propres préjugés.

mercredi 1 mai 2024

une panne d’imagination - Chronique du 2 mai

Suite à une panne d’imagination, je dois me contenter aujourd’hui de reproduire un billet publiée en 2014 sur un autre blog (ici)

 

« La discipline, c’est l’impossible conquis par la répétition obstinée du possible.

Frédéric Gros – Marcher, une philosophie (p. 216) »

 

« Ceux qui lisent ces billets de temps à autre doivent savoir que je me proclame anarchiste, et donc ils doivent sursauter en lisant cette citation de Frédéric Gros : Quoi donc ? s’interrogent-ils – Quoi donc ? Peut-on être hostile à l’autorité et faire l’éloge de la discipline ?

- Oui, bien sûr, s’il s’agit d’autodiscipline. Mais passons : l’essentiel pour aujourd’hui est ailleurs.

Si la discipline nous allège, c’est bien de l’acte de la délibération : ce que j’ai décidé de faire – c’est une fois pour toutes. Chaque jour, je ferai ce que j’ai décidé auparavant sans avoir à en délibérer : « la volonté comme destin », dit un peu plus loin Frédéric Gros.

Par là on comprend qu’il s’agit d’un peu plus que d’une habitude : l’habitude c’est ce qu’on fait sans y penser, presque sans effort, parce qu’inconsciemment on a « pré-dosé » les efforts de la journée en fonction de cela. En revanche, la discipline c’est l’effort sans cesse subi et sans cesse consenti, même lorsqu’il suppose une mobilisation totale de notre être.

D’ailleurs pour comprendre ce qu’est cette idée il n’est que de prendre comme exemple ce dont parle ce livre : je veux dire la marche.

En randonnée, je peux me lever le matin encore douloureux des efforts de la veille ; je peux maudire l’obligation de repartir pour une étape longue, avec des dénivelés importants – bref, une étape qui promet d’être une épreuve. Oui, mais voilà : une fois parti, il faut arriver. J’en ai pris la décision au départ – sinon je serai parti en 4x4. La randonnée, ça ne pardonne pas : je n’ai pas le pouvoir de rester en chemin. Simplement, la discipline, ça a été de dire au départ : Allons ! Engagement sans le quel rien ne serait arrivé.

Sœur Emmanuelle était célèbre pour son injonction : Yalla ! Elle devait être une grande marcheuse – mais elle avait sûrement autre chose à faire… »

(Publié le 6 mars 2014)