lundi 31 mars 2025

Du provisoire définitif – Chronique du 1er avril

Bonjour-bonjour

 

L’application à Marine Le Pen à titre provisoire de la peine d’inéligibilité pour 5 ans soulève des contestations politiques, mais aussi juridiques. Comment est-il possible de prétendre que cette peine soit « provisoire » alors même qu’elle est d’ores et déjà mise en œuvre ?  Si après l’avoir appliquée on juge que madame Le Pen est innocente des faits pour lesquels elle a été déclarée inéligible, elle a pourtant bien été définitivement empêchée de se présenter à la Présidence de la République. On devrait dire alors que cet empêchement est illégal – et donc ne devrait pas être appliqué.

 

Les juristes sont des gens méthodiques et rigoureux. Ils ne prennent aucune décision qui n’ait été argumentée et justifiée. Écoutons donc ce qu’ils nous disent :

- D’abord cette « exécution provisoire » se justifie par un principe de précaution. Marine Le Pen ayant au cours de son procès refusé de reconnaitre les faits qui l’incriminaient – même les plus évidents et pour lesquels elle n’avait aucune justification à produire – le risque de récidive était avéré.

- Un justiciable mis dans cette situation en raison de son comportement dans l’exercice de ses fonctions (par exemple un enseignant mis en cause pour comportement inapproprié vis-à-vis de ses élèves) est suspendu par mesure conservatoire jusqu’à ce que l’exactitude des faits qui le mettent en cause ayant été réfutée il soit réintégré dans ses responsabilités. Le même raisonnement est appliqué à madame Le Pen jugée par le Tribunal comme étant susceptible de reproduire le délit de détournement de fonds publics.

- Cette mise à l’écart provisoire étant laissée à la discrétion des juges, on estime que leur décision aurait pu parfaitement être autre et on affirme alors que cette sanction est de nature politique et non juridique. La liberté laissée aux juges les dispense de prendre en compte cette objection ; toutefois, la Juge a cru bon de répondre : le fait que madame Le Pen ait l’intention de briguer la présidence de la République rend d’autant plus nécessaire qu’elle soit blanchie de tout soupçon.

 

Alors, oui : malgré la rigueur du raisonnement des juges, la liberté qui leur est laissée ouvre la porte à la critique de décision politique. Résultant de l’obligation de l’individualisation des peines, on ne peut en effet laisser de côté le fait que la justiciable, étant une personnalité politique, le sort qui lui est réservé ait aussi un effet politique. 

Regrettable, mais inévitable.

dimanche 30 mars 2025

¡Viva la muerte ! – Chronique du 31 mars

Bonjour-bonjour

 

La guerre, cet étrange moment où la vie sociale se présente comme une menace de mort, où la survie implique le risque de tuer et d’être tué, où l’on ne peut survivre qu’à la condition de tuer d’autres hommes – des hommes qui, comme moi, vont chercher à me tuer – le guerre dis-je, m’appelle et me repousse en même temps. Alors que je tremble de mourir, on m’appelle au carnage. Comment répondre à cet appel ? Partir la fleur au fusil ? Ou au contraire mettre la crosse en l’air et se déclarer objecteur de conscience ?

Peut-être avant de faire cela faudrait-il s’interroger : comment donc cette menace de mort imminente est-elle présentée par la propagande guerrière ? Alors que l’homicide est partout condamné sévèrement, que fait-on pour nous persuader que maintenant il est bon de tuer ?

 

- Le symbole le plus durable de la guerre est le canon. Rappelez-vous des marchands de canons conçus comme les manipulateurs qui, à eux seuls, pouvaient conduire un peuple à l’affrontement. 

C’est du passé dira-t-on ? Mais alors comment comprendre la fierté française quand le canon CAESAR (acronyme de « Canon Équipé d’un Système d’ARtillerie) a montré sa supériorité sur les champs de bataille surtout en Ukraine ? Fierté qui faisait écho à l’extraordinaire orgueil de la France lorsque en 1914 le canon de 75 a fait face aux allemands. On a édité alors cette carte postale :

 


« Je sème la mort, Je sème la gloire / Je ne m’arrêterai qu’à la victoire »

 

Oui, la guerre est ce moment où la mort est glorieuse : pas seulement celle du soldat patriote qui meurt en héros, mais celle de l’ennemi, écrabouillé anonymement sous les obus, parce qu’elle est synonyme de victoire. 

La guerre se définit alors comme le moment où tuer est non seulement permis, mais devient encore un moment joyeux où le citoyens fait montre de son mérite. Les sioux rapportaient de leurs combats les scalps de leurs ennemis pour prouver leur bravoure. On aimerait pouvoir en faire autant avec nos beaux et valeureux canons. Mais faute de pouvoir le faire on se contentera de chiffrer les pertes de l’ennemi.

A méditer: si la guerre est un moment de joie, ce n'est pas seulement parce qu'elle soulève l'enthousiasme quand elle s'arrête; c'est aussi qu'elle est bonheur de tuer.

samedi 29 mars 2025

« Ouin-Ouin » ou « Waf-waf » ? – Chronique du 30 mars

Bonjour-bonjour

 

Certains couples qui n’ont pas d’enfants adoptent un chien, soit pour compenser cette absence, soit simplement pour occuper leurs temps de loisir – allant jusqu’à accepter le chien sur le canapé devant la télé ou même dans leur lit. Cet animal occupe la quasi-totalité de leur temps : comment trouver celui à consacrer à un bébé ? 

- A moins que ce ne soit justement pour évacuer la question de cette naissance ?

 


Lisons ceci : « Certaines études suggèrent que les propriétaires de chiens ont effectivement une vision plus négative de la parentalité et que les mères qui possèdent des chiens trouvent l'éducation plus pénible, ce qui pourrait réduire leur volonté d'avoir d'autres enfants »

Sans doute pour nous réconforter, l’article conclut : « Certains couples voient leur animal comme un “enfant d'entraînement”, une étape préparatoire à la fondation d'une famille ».

- Un peu simpliste, ne croyez-vous pas ? L’ennui ou la solitude suffiraient donc à expliquer la présence de nos compagnons « à quatre-pattes » ? Le même article fait alors appel à un comportement génétiquement ancré dans notre hérédité, impliquant un besoin ancestral de trouver une protection et un soutien social. De nos jours, en raison de relations humaines dégradées, ce besoin se serait déplacé vers les animaux de compagnie.

Toutefois, s’il est vrai que Médor peut servir à compenser la perte de la parentalité, il peut aussi connecter des gens lors de sa sortie.

vendredi 28 mars 2025

Le Canada convoque des élections existentielles – Chronique du 29 mars

Bonjour-bonjour

 

Des élections qualifiées d'existentielles par l’actuel 1er ministre du Canada vont avoir lieu dans un mois dans ce pays. « Élections existentielles » ? Qu’est-ce que c’est que ça ? On est habitué à entendre parler d’élections présidentielles, législatives, municipales, etc. mais rien d’existentiel.

- Et puis, lorsqu’il entend le mot « existentiel », le philosophe dresse l’oreille. Car dans son jargon, le mot « existentiel » (qui a donné le substantif « existentialisme ») a un sens bien défini qui consiste dans le primat donné à l’existence humaine par opposition à toute métaphysique fondée sur une analyse abstraite de l’âme ou de l’essence humaine. 

Mais aujourd'hui, dans le français contemporain, tout ce qui est qualifié d’existentiel renvoie simplement à l’existence concrète, celle qui s’oppose à la mort ; s’agissant de l’État du Canada on comprend qu’il faut par de telles élections rendre manifeste que la souveraineté populaire est toute entière réunie dans ses représentants qui auront à affronter des forces mortifères pour le pays. Et aussi que le pays affronte une crise qui marque un pic par rapport à toute la durée de son existence.

 

Si le Canada s’apprête à donner à des élections fédérales (en réalité législatives) un tour du genre « la patrie en danger » c’est que la menace est à la hauteur. Lisez plutôt : « Le président américain a multiplié les provocations, en répétant à l'envi son intention de faire de son voisin et allié historique « le 51e État des Etats-Unis » et qualifiant régulièrement le chef du gouvernement canadien de « gouverneur ». »

L’histoire humaine est marquée à la fois par une cohérence durable par laquelle on s’habitue à considérer les frontières et la souveraineté qu’elle protège comme déterminée pour la longue durée. Mais l’histoire nous enseigne également qu’il arrive que ce temps long soit sujet à des ruptures qui détruisent pour des durées également très longues ces structures stables. La chute du mur de Berlin fait partie de ces expériences qui nous ont sur le moment laissés sidérés, mais qui une fois assimilées, doivent servir de modèle pour anticiper l’évolution de crises futures. L’État souverain du Canada a été créé en 1867. Mais aujourd’hui, en 2025, il n’est pas invraisemblable qu’il disparaisse. Comme la RDA a disparu en 1990.

Ni plus – ni moins.

jeudi 27 mars 2025

Pourquoi tant de haine ? – Chronique du 28 mars

Bonjour-bonjour

 

Les propagandistes du Kremlin le chantent sur tous les tons : la réconciliation avec les américains se fait sur le dos des européens. Certains d’entre eux vont même jusqu’à dire qu’il n’est pas invraisemblable qu’un jour ils s’entendent tous les deux pour faire « quelque chose » contre les européens.

Fiction pour affoler les ennemis de la Russie ? Peut-être, mais quand même – il y a quelque chose de vrai là-dedans : russes et les américains sont d’accord pour nous en vouloir. Notre chance c’est que les deux nous détestent pour des raisons différentes : les américains nous détestent pour avoir profité de la protection du « parapluie » nucléaire et de l’OTAN sans en payer la juste contrepartie ; tandis que pour les Russes nous sommes depuis Napoléon des ennemis historiques qui de surcroit donnent l’exemple de la décadence à leur jeunesse.

 

- Et nous, les européens ? Ne sommes-nous pas en train de réaliser que le monde entier nous déteste et qu’à défaut de nous envahir pour nous détruire, une hostilité générale contre nos belles valeurs est en train de se développer : Ah… Les droits de l’Homme ! Ah … La démocratie ! Ah … Les droits des femmes ! Ah … Etc… Soyons-en sûrs : si nos ennemis nous vainquent ils ne feront pas comme les romains qui ont adopté le panthéon des grecs quand ils leur ont ravi la domination du monde. Les européens comprennent que pour le reste du monde, leur civilisation n’est absolument pas le terme de l’histoire – tout juste est-elle une parenthèse qui va bientôt se refermer.

--> Une parenthèse qu’hors de nos frontières on considère non pas comme un enchantement mais comme le cauchemar de la décadence.

Et ce n’est pas parce que ça ne nous plait pas que ce n’est pas ce qui est en train de se passer.

mercredi 26 mars 2025

A chacun selon son mérite – et tant pis pour les autres – Chronique du 27 mars

Bonjour-bonjour

 

Aux Etats-Unis, la charité a disparu et avec elle le don ; la voici remplacée par le « deal », qui prend ici la forme d'un échange. Je te « donne », mais en retour je veux recevoir « quelque chose ». Tel est l’exemple donné ces jours-ci par la Maison-Blanche : le moyen de te défendre contre les envahisseurs, en échange je veux tes terres rares.

Et quand il n’y a rien à obtenir, suspension de l’aide.

 

- Si cela parait révolutionner le pays, c’est que la religion avait mis en place une perspective rassurante. Oui, on veut que chacun assume ses besoins par ses propres moyens. Les pauvres sont ceux qui ont le moins de capacités à acquérir de quoi vivre : c’est dans l’ordre des choses. Les riches en revanche peuvent posséder au-delà de leurs besoins, parce qu’ils sont reconnus supérieurs aux autres : c’est encore normal. Seulement, la charité est une vertu « théologale » qui se traduit par une pléthore de dons, qui devient dans un pays religieux comme le sont les Etats-Unis, un devoir civique. D’où les fondations caritatives, auxquelles les milliardaires américains comme Bill Gates se plaisent à attacher leur nom (voir cet article). Autrement dit il y a une compensation qui s’effectue et qui redistribue les sommes qui ont été captées par les plus riches, et qui vont en retour en direction des plus pauvres.

 Mais voilà – à présent la loi a changé : non plus « je te donne », mais « je t’échange ». Non seulement l’équilibre économique entre les populations risque d’être déstabilisé ; mais la tradition de la générosité, si forte dans la culture américaine va peut-être disparaitre si cette orientation s’avère durable.

Loin de moi l’idée de faire de Donald Trump l’origine de ce mouvement : il ne peut provenir que des profondeurs du pays. Mais en revanche la politique du « deal » est pour le moins un symptôme dont il convient de tenir compte.

mardi 25 mars 2025

Toi y-en-a compris ? Chronique du 26 mars

Bonjour-bonjour

 

Lundi dernier, lors d’un conseil municipal de la ville de Pau, François Bayrou, maire et président de la séance est accusé par certains conseillers d’être indigne de rester le maire de la ville pour avoir utilisé l’expression de « submersion migratoire » à propos de l’immigration en France. François Bayrou rétorque alors qu’il n’a jamais utilisé ces mots.

Indignation des opposants qui tous ont vu et entendu son interview diffusée sur LCI le 27 janvier où il déclarait : « Je pense que les apports étrangers sont positifs pour un peuple, à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion /…/ Mais dès l'instant que vous avez le sentiment d'une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, les modes de vie ou la culture, dès cet instant-là vous avez rejet ».

C’est sans appel. Le Premier Ministre serait-il dans le déni, comme Donald Trump niant avoir dit que Zelensky était un dictateur ? Pas tout à fait. Car ce que monsieur Bayrou voulait dire c’était qu’il faisait état d’un sentiment et non d’une réalité. Ce n’est pas parce que vous avez l’impression d’être submergé que la submersion existe effectivement. Autrement dit ce serait un malentendu tout simplement.

Alors, faut-il tout dire pour être entendu ? Distinguer explicitement les niveaux sémantiques, différentier le niveau du sentiment de celui de la réalité ? Être lourdement pédagogique et faire comme si son interlocuteur était un benêt ou un attardé mental ? « Toi y-en-a compris ? »

 

Je dirai que là est sans doute la solution si l’on veut parer les attaques de l’opposition. Mais quelle lourdeur ! Rousseau disait : « Je n’écris pas pour ceux à qui il faut tout dire ». Quand on sait à quelles calomnies il a été exposé, on se dit que mal lui en a pris.

lundi 24 mars 2025

On n’a plus que l’IA à mettre devant les élèves – Chronique du 25 mars

Bonjour-bonjour

 

Les chiffres de l’Éducation nationale sont sans appel : « en un peu plus de vingt-cinq ans, le nombre de candidats au métier d’enseignant dans le secondaire a chuté de près des trois quarts » - et encore, on ne parle pas des démissions. A ce rythme-là, d’ici 10 ans on n’aura plus que des machines à mettre dans les classes en face des élèves.

- Les métiers de l’éducation n’attirent plus. Patrick Rayou (sociologue, professeur émérite en sciences de l’éducation, membre du CICUR) a, au cours d’un forum consacré à la question, listé ici les raisons d’une telle désaffection.

1) « La satisfaction professionnelle des personnels des établissements des premier et second degrés est de 6,0 sur 10, contre 7,2 pour l’ensemble des Français en emploi ».

2) « L’école enregistre les inégalités sociales, mais elle en rajoute aussi » Cela vient en partie de la façon dont « les savoirs scolaires sont socialement construits, puis distribués et évalués ».

3) Les directives du ministère, ses injonctions conjuguées à une réduction des moyens affectent la qualité du travail des enseignant.es : le métier de professeur devient plus difficile à mesure qu’il est réduit à une fonction d’exécutant.

4) Si la France compte plus d’heures de cours de fondamentaux que beaucoup d’autres pays, les résultats des évaluations ne la classent pas pour autant en tête du palmarès. La question n’est donc pas quantitative mais qualitative, pour les professeur.es comme pour les élèves.

5) Patrick Bayou n’évoque pas – mais il aurait pu – le salaire des profs qui stagne depuis 20 ans et qui met les enseignants français en queue de peloton des revenus européens dans cette catégorie.

 

Certains parents d’élèves malveillants considèrent les professeurs comme des privilégiés qui travaillent peu et qui bénéficient d’une statut de titulaire à vie. Image entretenue par l’odieux ministre que fut Claude Allègre : quand la semaine de travail fut réduite à 35 heures, des syndicats enseignants exigèrent que la mesure soit adaptée aux enseignants : le ministre rétorqua « il faudrait déjà qu’ils travaillent 35 heures ». Bien sûr les faits actuels démentent sans appel cette évaluation : sans parler de la désertion des concours, comment comprendre que certains néo-certifiés qui viennent de réussir un concours parmi les plus difficiles de la fonction publique décident de démissionner dès qu’ils ont constaté la réalité du métier ?

J’ai personnellement expérimenté le métier de professeur. En qualité de prof de philo j’étais privilégié : tous mes élèves passaient le bac à la fin de l’année et ils savaient qu’ils seraient évalués dans ma discipline. De surcroit les questions abordées par le programme permettaient de mobiliser l’intérêt de jeunes gens en quête d’un sens lié à leur recherche d’une place dans la société. Mais j’étais (et je suis encore) un prof d’un genre un peu spécial plus motivé par les élèves en difficultés que par les meilleurs : franchissant brillamment les moments les plus difficiles du programme, ils réussiraient de toute façon : j’étais là pour le luxe. Par contre les élèves qui bataillaient pour progresser et qui avaient absolument besoin de réussir, ceux-là avaient toute mon attention et je ressentais leur échec comme mon échec.

Et je comprends qu’aujourd’hui on ne peut rien faire pour ces élèves-là, sauf à répéter passivement les démarches concoctées dans le Ministère et qui ont fait durablement la preuve de leur inefficacité.

On n’ira de toute façon plus très loin avec de telles carences.

dimanche 23 mars 2025

Allô ? Y a personne ? – Chronique du 24 mars

Bonjour-bonjour

 

Marcel Mauss avait inventé le « fait social total » ( = Le fait social total est un fait social qui meut toute une société, c'est-à-dire qu'il a une portée totale.)

La guerre bien sûr est un fait social total – mais aujourd’hui elle l’est encore plus que jamais. Car, après la guerre sur terre, la guerre dans les airs, voici la guerre au fond des mers : à présent c’est la terre entière qui devient le terrain de combat.

Lisons ceci : « Selon le quotidien anglophone de Hong Kong, les ingénieurs du Centre chinois de recherche navale (CSSRC) ont conçu un robot capable de mettre hors service les câbles qui, installés au fond des mers, transmettent l’essentiel des données échangées d’un continent à l’autre. “C’est la première fois qu’un pays révèle officiellement qu’il dispose d’un tel outil capable de porter atteinte aux réseaux sous-marins critiques » Et cet outil est connu : « L’engin est doté d’une meule diamantée de 15 centimètres capable de fonctionner dans des environnements “zéro visibilité” et de venir à bout de câbles protégés par une gaine d’acier en tournant à 1 600 tours minutes. »

Et de fait, « Depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs câbles sous-marins ont été sabotés en mer Baltique. » Bigre ! Ils ne rigolent pas, les chinois !

C’est que cette guerre a mis en évidence « l’enjeu essentiel représenté par la protection des infrastructures qui permettent le transit des données. » Les câbles sous-marins en font partie, mais aussi l’espace avec les myriades de satellites d’Elon Musk.

 

- Rêvons un peu. La prochaine guerre (celle qui a peut-être déjà commencé) sera la guerre contre les communications (rappelons-nous des téléphones et talkies-walkies du Hezbollah sabotés par Israël, qui a fait des morts mais surtout paralysé les forces de la milice chiite) . Inutile de tuer des gens pour vaincre une Nation et s’emparer de son territoire ou de ses richesses. A moins d’avoir une idéologie mortifère comme les nazis qui voulaient principalement tuer tous les juifs, aujourd’hui les américains qui ne rêvent que de s’emparer des richesses des autres pays, ou les Russes qui rêvent de vassaliser plein de pays n’ont pour cela besoin d’aucune effusion de sang. Il suffit de saboter les communications.

On ne nous dérangera pas pour si peu : à l’heure de l’apéro, à moins de devoir troquer notre whisky pour de la vodka, rien ne changera.

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(N.B. On pourra y ajouter le baiju chinois - voir ici)

samedi 22 mars 2025

Notre-Dame de Bétharram, nid de bourgeois – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Ce qui gêne un peu, avec cette affaire de Notre-Dame de Bétharram, c’est que les bourgeois du lieu, qu’ils portent des noms à particule (Cf. art. cité) ou qu’ils soient des notables (cf. François Bayrou) – tous ont scolarisé leur progéniture dans cet établissement dont la réputation était pourtant déjà sulfureuse – violences, maltraitance voire même agressions sexuelles, tout cela faisait déjà la rumeur. 

 

La rumeur, oui – mais pas la réputation. Lisons cet extrait du Monde : « /Jusqu’à aujourd’hui/ l’établissement des Pyrénées-Atlantiques était une institution intouchable, avec une réputation établie, autant pour son taux de réussite au baccalauréat que pour sa rigueur et sa capacité à « redresser » les enfants jugés trop turbulents. Beaucoup venaient de très bonnes familles. De Pau à Bordeaux, en passant par le Pays basque, des notables de toute la région y ont envoyé leurs enfants, autant pour construire leurs réseaux que pour les confronter à une éducation à la dure. »

Bref lieu de redressement pour les enfants mal élevés, de réussite pour d’autres, et pour tous l’affiliation à l’association des « Anciens de Bétharram », lieu de reproduction sociale : l’Institution cochait toutes les cases de la parfaite boite privée. D’ailleurs on n’en parle pas, mais je suppose que les petits Bayrou et tous ceux de leur calibres n’étaient pas personnellement exposés aux sévices des pions.

Ce qu’on ne mesure pas c’est l’attractivité de ces établissements, qui surmonte tous les griefs qu’on peut leur faire. Quand on ne peut inscrire ses enfants dans ce genre d’Institution qu’à condition d’avoir été soi-même élève du lieu, on comprend que, si on entend certains reproches, du genre sélection des élèves qui ne tient pas compte de leur valeur, cela n’a pas beaucoup d’écho.

vendredi 21 mars 2025

René Descartes contre les influenceurs – Chronique du 22 mars

Bonjour-bonjour

 

L’édition 2025 du baromètre de l’esprit critique vient de sortir (voir ici) à point nommé pour contrebalancer l’effet désastreux de plusieurs études sur les jeunes générations montrant que leur capacité de concentration, de raisonnement, de résolution des problèmes et de traitement de l’information – ces critères qui composent notre définition de « l’intelligence » – se dégrade au fil des générations. 

Comme on le voit cette étude va au-delà de l’esprit critique, mais celui-ci reste au centre de l’étude dont voici le résumé : « l’esprit critique est davantage associé par nos répondants (18-24 ans comparés aux 18-65 ans) aux humanités qu’aux sciences exactes ». Surprenant, n’est-ce pas ? Poursuivons la lecture : « Trois quarts des jeunes interrogés considèrent faire preuve d’esprit critique et quand on leur demande de nommer les disciplines qui ont contribué à forger cet esprit durant leur scolarité, ils citent prioritairement le français, l’histoire-géographie, la philosophie et seulement ensuite arrivent les sciences de la vie et de la terre, les mathématiques, la physique ou la chimie ». 

Bien – le philosophe bombe le torse : l’enseignement de la philosophie tel qu’on le pratique en France laisse des traces positives dirait-on ? On peut en conclure qu’en France au moins les jeunes générations restent relativement imperméables aux campagnes de dénigrement des acquis scientifiques, comme il arrive aux USA avec les antivax et le déchainement de l’épidémie de rougeole au Texas.

 

Sauf que… Ces réponses situent la connaissance du projet de notre enseignement des sciences humaines et non les acquis réels qui en résultent. Quand on rapproche ces sondages des précédents concernant la concentration, le raisonnement, et le traitement de l’information, on se dit que nos jeunes ont capté le projet mais qu’ils ne sont probablement pas en état de le mettre en œuvre.

jeudi 20 mars 2025

T’as pas 500 balles ? – Chronique du 21 mars

Bonjour-bonjour

 

Enfin ! Vous allez pouvoir financer l’effort de guerre de la France en cassant votre tire-lire pour donner à la Patrie de quoi acheter un canon Caesar de plus ! Après tout ça ne fait que 4 millions d’euros, grand maximum.

 


Vous ne savez pas comment faire ? Écoutez le ministre de l’Économie, Éric Lombard : « la France va créer un fonds d’investissement ouvert aux particuliers, destiné au financement de l’industrie de la défense ». Porté par Bpifrance, cet instrument permettra aux Français d’investir un minimum de 500 euros, pour une durée de cinq ans minimum. 

Le ministre a ajouté : « Les entreprises du secteur de la défense ont besoin de se développer. Elles auront besoin à peu près de 5 milliards de capitaux privés » Autant dire qu’il y a de la place pour accueillir le contenu de votre tire-lire. (Lu ici)

Présenté sous forme d’un livret patriotique, cet instrument d’investissement cherche à contourner le refus habituel des français de voir leur épargne-écureuil utilisée pour financer l’armement plutôt que les HLM. De plus il y a des grincheux pour remarquer qu’aucun rendement n’a été garanti alors que les capitaux seront bloqués pour cinq ans.

 

Mais enfin ! Alors que vous avez la possibilité de soutenir la Patrie dans sa lutte pour la Civilisation, de faire que nos usines d’armement tournent à plein régime pour la Paix et la Liberté, vous en seriez à compter vos sous-sous, comme un smicard ou comme un radin ?

C’est pas beau, ça monsieur !

mercredi 19 mars 2025

Un ministre chargé de fermer son ministère – Chronique du 20 mars

Bonjour-bonjour

 

Selon Le Figaro, Linda Mc Mahon, ministre de l’Éducation américaine, doit « prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter » la fermeture de son ministère. L’article cité le précise : « Ex-patronne de la principale entreprise de catch aux États-Unis, Linda McMahon avait été nommée par Donald Trump avec pour mission, selon ses propres mots, de «se mettre elle-même au chômage ».

Contrairement à ce que vous imaginez peut-être, ce n’est pas seulement une lubie de Donald Trump : il ne fait qu’accomplir ce que les conservateurs américains veulent faire depuis très longtemps. L’information citée précise que d’ailleurs que les Etats-Unis n’ont pas toujours possédé ce ministère et que celui-ci a un rôle très limité, consistant principalement à subventionner les écoles situées dans des zones défavorisées.

Nous avons-là un cas de réalignement de l’État fédéral sur le principe libéral américain : c’est à l’individu de se prendre en charge, l’État ne venant jouer un rôle que pour mettre en sécurité les citoyens. Il en va de l’éducation comme de la santé, son coût est à la charge des usagers, et on connait l’importance des prêts contractés pour financer leurs études par les jeunes américains – prêts qu’ils doivent rembourser durant leur vie professionnelle. A l’époque de la crise des sub-primes on a d’ailleurs craint aussi un crash boursier dû à l’insolvabilité de ces emprunteurs.

On reconnait au passage le sens profond de notre devise « Liberté-Egalite-Fraternité » où l’égalité doit être garantie aussi par les chances identiques d’être éduqué. C’est peut-être l’une des réformes la plus importante aux yeux des révolutionnaires de 89, importance dont les américains nous montrent ce qui se passe quand cette mesure n’est pas prise

mardi 18 mars 2025

Rions un peu – Chronique du 19 mars

Bonjour-bonjour

 

Pour stimuler le bonne humeur j’aurais pu énumérer les situations où Donald Trump a pris un râteau, par exemple avec le désaveu infligé par Poutine qui ridiculise sa prétention à conclure le conflit ukrainien en deux coups de cuillère à pot. Ou bien le camouflet que lui inflige la Cour suprême, pourtant à sa botte, en refusant de limoger sur commande un juge fédéral. A moins de préférer les sondages qui montrent qu’une écrasante majorité d’américains, y compris les conservateurs, réprouvent le rapprochement de leur pays avec la Russie ?

- Mais il y a mieux avec les déboires de la Tesla, la voiture électrique d’Elon Musk : voilà qui déclenche l’hilarité.

Lisons ceci : « Un test récent, inspiré des pièges absurdes du Vil Coyote, l’a prouvé : une Tesla en Autopilot (moyens de pilotage automatique embarqué) s’est précipitée contre un faux mur peint sur la route, incapable de percevoir l’illusion. » Bip-Bip…

 


Oui, cher.e.s ami.e.s, les ingénieurs sont de grands enfants : biberonnés aux cartoons, ils en tirent des idées que nous n’aurions pas eues avec des gens plus sérieux – comme de faire un leurre pour voir comment les caméras de la voiture sont capables de flairer le piège. 

Oui, ça fait rire, mais pas tant que ça quand même : car n’oublions pas qu’un des premiers morts dans un accident avec une Tesla en Autopilotage été dû au fait que la caméra de la voiture n’a pas perçu un camion blanc confondu avec le décor un jour de brume. 

lundi 17 mars 2025

Une bonne fessée, ça leur fait du bien – Chronique du 18 mars (2)

Bonjour-bonjour

 

On peut relire aujourd’hui l’enquête publiée en novembre dernier réalisée par Ixchel Delaporte et Rémi Bénichou sur un « village pour enfants », devenu centre d’accueil puis établissement scolaire, tenu par des catholiques ultras. C’était à Riaumont, près de Liévin où les enfants étaient exploités, maltraités, violés. Le scandale a duré plus de soixante ans, mais ce n’est qu’aujourd’hui, après la dénonciation des maltraitances de Notre-Dame de Bétharram, qu'on y prête attention.

Le scandale est donc double : d’une part qu’il y ait eu des adultes responsables d’enfants qui les aient utilisés pour assouvir leurs penchants sadiques – et aussi leur libido déréglée. Mais également que tant de gens « normaux » l’aient su et se soient tus.

On parle d’«omerta », on spécule sur des menaces subies et sur des incrédulités liées à la puissance et à la respectabilité des instituts en question. Mais on oublie un peu facilement que, jusqu'à une époque très récente, les violences sur les enfants étaient considérées avec bienveillance, et parfois même comme un procédé éducatif indispensable.

Alors certes, la célèbre comtesse de Ségur dénonce les fessées infligées à la petite Sophie

 


Madame Fichini bat Sophie sans pitié

Mais, baste ! C’était juste un peu excessif : une bonne fessée au moment voulu, on pensait "voilà ce qui a toujours aidé les jeunes à comprendre où était le droit chemin". Les lieux d’éducation étaient associés à des claques et des fessées, et tout le monde l’acceptait parce que tout le monde en faisait autant. Demandez à la génération des boomers comment ils ont élevé leurs enfants. 

On en fait un drame aujourd’hui, au point de menacer François Bayrou de démission pour avoir négligé les informations venues de Bétharram. Mais on a complètement oublié le moment où lui-même met une claque à un enfant qui est entrain de lui faire les poches (c’était en 2002, voir ici)

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N.B. Je ne suis pas en train de dire que battre les enfants soit un bon procédé éducatif. Mais simplement qu'on l'a cru jusqu'à une époque très récente et qu'on doit comprendre les évènement passés à la lumière de ces habitudes.

Le brav’général Bugeaud – Chronique du 18 mars (1)

Bonjour-bonjour

Le « journaliste » Jean-Michel Aphatie, qui agit à la télévision plus comme chroniqueur que comme journaliste, m’indispose par ses considérations politiques qui tiennent plus par un phrasé qui lui est propre que par son argumentation. Pourtant je voudrais le soutenir aujourd’hui dans la polémique qui l’oppose à l’extrême-droite – mais pas seulement. 

 

« On signale aujourd’hui le concert de voix outrées … contre le journaliste Jean-Michel Aphatie qui vient de déclarer que la France a fait, pendant la colonisation, « des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie ». (Lire ici) Car il ne fait que reprendre ce qui est documenté et largement connu, à savoir que durant la conquête de l’Algérie, l’armée française sous le commandement du général Bugeaud et de ses subordonnés a commis des massacres, les plus cruels consistant à asphyxier par des fumées les villageois – hommes, femmes et enfants – réfugiés dans des grottes. Pour ma part, je l’avais découvert dans le livre de François Maspero consacré au « pacificateur » de l’Algérie durant les années 1840, intitulé « L’Honneur de Saint-Arnaud » (1993). Mais on peut aussi lire l’article de Wikipédia intitulé « Les enfumades d’Algérie ». On verra que les SS d’Oradour n’ont rien inventé.

L’histoire (celle des historiens) ne fait qu’enregistrer les évènements du passé : à quoi bon s’en soucier, sauf si on veut parvenir à l’érudition ? Mais il y a du passé qui ne passe pas : c’est celui des origines qui déterminent ce qui arrive au présent. Comment faire que la France, qui s’est imposée par de tels procédés, soit considérée autrement que comme un ennemi féroce ? D’autant que d’autres violences commises régulièrement au cours du temps ont pu servir de « piqûres de rappel »

Nier les enfumades d’Algérie relève du révisionnisme.

dimanche 16 mars 2025

Rendez-nous la statue de la Liberté ! – Chronique du 17 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous avez entendu l’appel de Raphaël Glucksmann ? Non ? Le voici : « Nous allons dire aux Américains qui ont choisi de basculer du côté des tyrans, aux Américains qui virent les chercheurs pour avoir fait preuve de liberté scientifique, "rendez-nous la Statue de la liberté. On vous en a fait cadeau, mais apparemment vous la méprisez. Alors elle sera très bien ici chez nous" » (Lu ici)

 

 

Propos polémiques sans plus ? Sûrement pas. Car il ne s’agit pas seulement de faire de l’effet avec une boutade. Il y a aussi au fond de cela la réelle angoisse : jusqu’où le gouvernement américain ira-t-il dans la suppression des libertés publiques ? On sait que non seulement il est en train de supprimer les subventions aux médias et aux associations destinés à diffuser les idées hostiles aux mouvements ultra-conservateurs, mais cela va à présent jusqu’à enrégimenter le vocabulaire autorisé dans les rapports officiels. On ne s’en prend au langage que quand tout le reste a déjà été pris.


C’est alors qu’on est pris de vertige : quel moyens l’Amérique a-t-elle de freiner cette descente au pays du totalitarisme ? Quelle différence y a-t-il entre l’Amérique de Trump et la Russie de Poutine ? Cette liberté qui jusqu’à maintenant éclairait le vieux monde, n’est-on pas en train d’éteindre son flambeau ?

 

- Il y a pire : quand J.D. Vance est venu faire à Munich son discours aux peuples européens, il a prétendu nous donner des leçons de liberté d’expression – permettant aux fachistes de tout poil de se répandre dans les médias.

Aujourd’hui, il faut ressortir Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté »

samedi 15 mars 2025

Affiche antisémite : c’est la faute à Elon – Chronique du 16 mars

Bonjour-bonjour

 

L’hideuse affiche figurant Cyril Hanouna sous des traits grossièrement déformés pour ressembler aux portraits antisémites du 3ème Reich est au centre d’une polémique ; pour qu’on évalue la chose voici les deux versions de l’affiche : à gauche l’affiche incriminée ; à droite sa version « rectifiée » après sa dénonciation.

 


  

- La question de la responsabilité de la production de ce « visuel » est intéressante : « /au cours de l’émission C à vous/ le député de la France insoumise Paul Vannier a reconnu une « erreur », à la suite de la publication d’une affiche ciblant Cyril Hanouna ... Il a rejeté la responsabilité sur la plateforme Grok d’Elon Musk, utilisée pour concevoir le visuel. » (Lire ici)

- Voilà : ce qui devait arriver est arrivé, à savoir que l’Intelligence Artificielle est désignée « responsable » d’un contenu délictueux. En bref, le visage de Cyril Hanouna a été retouché pour modifier l’aspect de son nez et de ses oreilles, reproduisant ainsi les traits du juif selon les nazis. Pour que le programme d’IA soit jugé « responsable », il a fallu que l’algorithme qui effectue la sélection des traits du visage en fonction d’une demande « neutre » ait été préprogrammé pour donner la priorité aux caricatures en générale et à celle-là en particulier.

- Sinon, il faudrait supposer que c’est la demande qui cible spécifiquement ce genre (« Fais la caricature de Cyril Hanouna sous les traits du juif allemand de 1930 »). Mais alors ce n’est plus le programme d’Elon Musk qui serait en cause, mais bien les concepteurs du projet.


Maintenant, voici deux remarques :

- Admettons que les designers de LFI ne soient effectivement pour rien dans cette production. Il reste que ce n’est pas l’IA qui donne le « bon à tirer » de l’affiche. Si ce dernier existe alors ce sont les gens qui le décrètent qui sont responsables.

- Ensuite, ce cas n’est pas le premier cas du genre. Il y a quelque temps, Microsoft avait testé une IA, une des premières créée. Les testeurs ont pour l’expérimentation « nourri » de textes violemment racistes la base de données. La suite, c’est que l’IA en question a « spontanément » généré des textes racistes, au point que les concepteurs ont dû retirer leur projet.

Une simple enquête de police devrait suffire pour désigner les véritables responsables qui de toute façon sont les humains.

vendredi 14 mars 2025

La pénurie d’œuf est à nos portes – Chronique du 15 mars

Bonjour-bonjour

 

On peut être la première puissance du monde et peiner à trouver l’œuf du petit déjeuner (formule anglo-saxonne). Cet article nous le révèle : aux Etats-Unis le manque d’œuf (résultant de l’abattage massif de poules pondeuses en raison de la grippe aviaire) impacte le marché au point que le prix d’une douzaine d’œufs avoisine les 6 dollars (5,50€). (Lire ici

- Bon tout ça c’est pour les américains : rien à en faire. Pourtant le même article nous révèle que les américains – malgré leur protectionnisme – font appel au Danemark et à l’Europe entière pour importer leur excédent afin de combler leur déficit. Et là : patatras ! On apprend que l’Europe est également en déficit, et cela à l’approche de Pâques saison réputée pour ses œufs, justement.

 


Là, je rigole, mais ce n’est pas drôle. Car si cette pénurie nous préoccupe, elle n’est que l’une des prémices de pénurie futures qui nous attendent. La raison de cette réflexion alarmante tient dans la remarque faite dans l’article cité : les américains ont lancé leur appel à l’importation au Danemark, à l’heure même où la Maison Blanche humilie ouvertement la souveraineté cet État. 

- Mais alors, si le protectionnisme se répand partout et sur tout, que deviendra le commerce international s’il se bloque en raison de la règle de l’intérêt prioritaire des États pour se privilégier quelque soient les besoins des partenaires ? Et comment ferons-nous pour faire vivre les populations qui manqueront de l’essentiel ? On voit déjà chez nous ce que cela donne en matière pharmaceutique, et puis rappelons-nous la pénurie de masques dans les premiers temps du covid.

En face de l’égoïsme assumé des États, la règle de la coopération doit être maintenue. Car si on en croit les anthropologues, au cours de la préhistoire, c’est elle qui a permis la survie des groupes humains.

jeudi 13 mars 2025

« Vous êtes trop nulle, madame B*** » - Chronique du 14 mars

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui, je m’arrêterai sur la prétention de certains professeurs à juger leurs élèves non seulement pour l’année qu’ils viennent de passer avec eux, mais pour leur projet engageant leur vie entière.

Je prends pour témoin l’interview de Pierre Niney (lu ici) à qui on demandait s’il partageait la volonté d’Edmond Dantès de prendre sa revanche sur certaines personnes.

« Il a alors partagé une anecdote au sujet de son ancienne prof de français, /Madame B***/ et d'une phrase particulièrement cassante sur laquelle il avait longtemps voulu prendre sa revanche : « Je pense assez souvent à des profs, notamment une prof de français. Quand je lui avais dit que je voulais être acteur mais que j'aimais les grands textes, que j'aimais la littérature et que je voulais faire quelque chose de tout ça, elle m'avait dit : « Non, avec des résultats comme les vôtres, il ne faut pas commencer à trop vous projeter sur ce genre de choses, pas trop rêver, vous êtes quand même assez médiocre. » Il poursuit : « Pendant longtemps, j'ai eu envie de prendre ma revanche, juste de lui montrer d'une manière ou d'une autre qu'elle avait tort. » (art. cité)

On dira qu’effectivement nul ne peut se prononcer ainsi parce que les résultats scolaires d’un élève s’ils sont signe de ses performances de l’année ne révèlent en revanche aucune nature profonde. Qui donc était madame B*** pour pronostiquer l’incapacité de Pierre Niney à devenir comédien ?

Mais n’instruisons pas trop hâtivement le procès de madame B***, car d’une manière générale c'est le péché capital de beaucoup de professeurs de considérer qu’en jugeant le travail scolaire d’un élève, c’est l’élève lui-même, l’enfant ou l’adolescent pris dans sa totalité, qu’ils jugent. Comment deviner la personne qui se cache derrière ces exercices scolaires  ?

Et d’ailleurs, à supposer que ce soit possible, avons-nous à le faire?


mercredi 12 mars 2025

La Bombe, ça sert à faire la guerre – Chronique du 13 mars

Bonjour-bonjour

 

Le « réarmement », on ne parle que de ça. C’est qu’on prépare la guerre sous sa forme première, avec soldats rampants dans la boue, explosions et flaque de sang – tout le monde sait ça. 

- Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Les boomers, les vrais, ceux qui vont atteindre les 80 ans ces jours-ci vous le diront : en 1962, lors de la crise des fusées de Cuba, on a cru vraiment que la 3ème guerre mondiale était pour demain. Mais alors rien de ce que je viens d’énumérer ne peuplait nos cauchemars : la Bombe, la vraie, qu’elle s’appelle « A » ou « H », ne nous laisserait pas le temps d’enfiler un treillis et de décrocher le fusil mitrailleur. 

 


Le temps d’un battement de cil et voilà notre pauvre monde en cendre. La 3ème guerre mondiale ne durerait pas le temps de déployer des soldats sur le terrain ; d’ailleurs on ne pensait même pas à faire la distinction entre les civils et les militaires, ils allaient y passer ensemble et rien ne subsisterait après la déflagration. 

- Quand la guerre d’Ukraine a débuté, Poutine a bien tenté de réactiver le spectre de cette guerre vitrifiante, mais ça n’a pas pris : on ne pensait qu’aux pauvres gens qu’on voyait à la télé, pataugeant dans la boue pour fuir les obus. Et puis voilà qu’aujourd’hui, la préoccupation c’est le réarmement avec des armes conventionnelles – d’ailleurs dans les pays Baltes, on creuse des tranchées.

Mais alors, le stock d’armes nucléaires, ça sert à quoi ? Et le fameux parapluie américain que la France, bombant le torse veut à son tour prêter aux pays européens : rigolade ?

Pas du tout : la Bombe c’est le moyen de sécuriser les forces armées : grâce à elle personne ne viendra les détruire par une attaque nucléaire. La Bombe ce n’est plus la garantie de la paix mais celle d’avoir le temps d’être écrasés à coup de canons.

Vous ne suivez plus ? Vous avez vraiment besoin d’une mise à jour. 

mardi 11 mars 2025

Bravo, les Américains ! – Chronique du 12 mars.

Bonjour-bonjour

 

À Djedda l’Amérique obtient ce qu’elle demandait à l’Ukraine de façon insistante au moyen des coupes dans l’aide militaire, soit : un cessez-le-feu de 30 jours et des promesses sur l’exploitation minière. Bravo !

Mais alors, qu’est-ce qu’on avait à crier à la trahison ? Le Président Trump a juste fait comme n’importe qui en faisant œuvre de pragmatisme faisant expérimenter à Volodymyr Zelenski une guerre sans le soutien américain. C’est ainsi que l’Inquisition obtint la rétractation de Galilée : en lui montrant les instruments de torture qui allaient lui être appliqués en cas de refus.

On l’a dit : tout ça c’est du pragmatisme – ni plus ni moins.

Cette attitude pragmatique est définie par nos dictionnaires ainsi : attitude d'une personne qui ne se soucie que d'efficacité. On ajoutera, et l’Inquisition l’estimera vérifié par le cas Galilée : c’est une doctrine selon laquelle n'est vrai que ce qui fonctionne réellement.

Bref :

- l’efficacité est la preuve de la justesse des moyens utilisés.

- La force brutale est très efficace.

- Donc la force brutale est justifiée comme étant bonne et juste.

Seul Jésus disait tendre le joue droite après avoir été giflé sur la joue gauche – mais à part ce cas ce syllogisme fonctionne toujours, et n’en doutez pas, dans quelques circonstances que ce soit. Il explique donc la guerre soit pratiquée même par les pacifistes les plus endurcis. 

On m’objectera que le droit international interdit par un traité à des pays signataires l’usage des substances chimiques, des armes à sous-munitions, et même des frappes ciblant exclusivement des civils. Mais que voit-on ? Dès lors qu’on peut gagner une bataille grâce à ces procédés interdits, les belligérants y recourent.

Alors que faire ? Interdire la guerre comme lieu de non-droit ? On l’a dit ce pacifisme-là, comme tous les autres est condamné par l’obligation de l’efficacité – et peu importent les raisons qu’on allègue alors.

On bien jouer le jeu du pragmatisme en se rendant terriblement menaçant pour les éventuels agresseurs – et en espérant que le fait de préparer la guerre ne la favorise pas.

Ça, ce n’est pas gagné – mais qu’avons-nous de mieux à proposer ?