jeudi 10 février 2022

Une cloison étanche entre vie publique et vie privée – Chronique du 11 février

Bonjour-bonjour

 

Les humoristes contemporains s’en désolent : on ne peut plus rien dire ! C’est ainsi que des messages échangés entre policiers britanniques et mis sur le compte de la plaisanterie par leurs auteurs sont l’objets d’instructions disciplinaires. Il faut dire qu’ils comportaient des allusions directes à des viols, des termes homophobes ou racistes ou des références au camp d'extermination nazi d'Auschwitz (lire ici).

Cressida Dick, la cheffe des policiers londoniens incriminés ici a remis sa démission au maire de la ville, tandis que Boris Johnson la remerciait en ces termes : « Dame Cressida a servi son pays avec beaucoup de dévouement et de distinction pendant de nombreuses décennies ».

 

En lisant  ces lignes on peut sursauter : si les collègues de « Dame Cressida » ont eu, dans leurs messages privés, des propos déplacés, était-ce à la cheffe de la police de juger des comportements hors service de ses collègues ? 

Allons jusqu’au bout du raisonnement : si ces messages étaient fautifs, ils n’avaient pour autant pas de rapport direct avec le fonctionnement des services de police, jugé irréprochable au plus haut niveau. Dès lors, qu’ils soient jugés par les tribunaux, qu’ils soient critiqués par l’opinion publique : tant qu’on voudra. Mais s’ils n’impactent pas leur service, on peut de ce point de vue les ignorer.


Hum-hum... Ne suis-je pas en train de bénir des salopards indignes d’être des policiers ? De tels propos ne disqualifient-ils pas ces personnes pour remplir une telle mission ?

... On se doute qu’en rédigeant ces lignes j’ai autre chose en tête. Il s’agit bien sûr du comportement de Kurt Zouma, ce joueur de football tristement célèbre pour avoir maltraité ses chats (on le voit shootant dans l’un d’entre eux : footballeur jusqu’à la maison). Comportement scandaleux et choquant surtout que le monsieur a cru amusant de filmer ça et de le diffuser sur ses réseaux – trop fun pour ne pas être partagé.

- Si on peut penser, comme on l’a suggéré plus haut, qu’être homophobe ou misogyne n’empêche pas d’être un bon flic, pourquoi le fait d’avoir maltraité son chat serait-il incompatible avec le fait de marquer des buts en championnat ? (D’autant que d’autres joueurs qui ont tabassé leur femme continuent quant à eux de jouer chaque dimanche). 

Notre époque a détruit la cloison étanche qui séparait la vie publique de la vie privée : c’est un signe des temps soumis à la domination des « réseaux sociaux ».

--> Qu’est-ce qui le justifie ? Voilà la bonne question.

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