jeudi 30 mai 2019

LE PROCÈS POUR «DIFFAMATION» DE SANDRA MULLER S'EST MUÉ EN PROCÈS DE #BALANCETONPORC

Voici le tweet incriminé dans le quel Eric Brion s’adresse à Sandra Muller : " Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit" C’est par ce message que Sandra Muller a appelé à dénoncer les auteurs de tels propos sous le hashtag #balancetonporc. Elle appelle les femmes à raconter « en donnant le nom et les détails un harcèlement sexuel (…) connu dans [leur] boulot ».
Selon l'avocat d'Eric Brion, en le dénonçant  Sandra Muller l’aurait tué socialement mais en même temps elle aurait « égratigné le mouvement légitime des femmes. » (Lu ici)

- Qu’est-ce donc que le harcèlement sexuel ?
Le droit français caractérise le harcèlement sexuel par le fait « d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste » et assimile au harcèlement sexuel « toute forme de pression grave (même non répétée) dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte sexuel, au profit de l’auteur des faits ou d’un tiers ».
- En quoi cette dénonciation a-t-elle été calomnieuse et désastreuse envers l'auteur de ces propos ?
Selon Francis Szpiner, l’avocat de Sandra Muller. « Si ce hashtag a eu du succès c’est parce que des milliers de femmes se sont reconnues et en ont assez d’être considérées comme des objets de plaisir ! » Eric Brion quant à lui reconnaît juste avoir commis une « drague un peu lourde » mais rien de plus.

De fait, il faudrait peut-être dissocier ce tweet de ses conséquences. Sandra Muller a juste donné publicité à des propos effectivement tenus par la personne en question. Certes, dire a une femme « tu as de gros seins » n’est pas en soi une incitation à la débauche, mais ajouter « je te ferai jouir toute la nuit » en est une à coup sûr. Cette promesse doit-elle constituer un délit ? Oui, sous réserve que cela constitue « une pression grave dans un but sexuel ». On est donc amené à envisager cette riposte en terme d’évaluation de la gravité – oui, mais la quelle ? La gravité seulement « ressentie » ou bien aussi la gravité « objective » ? Sans doute le procès nous le dira.

Mais je voudrais accentuer un autre point. Le #balancetonporc constitue par lui-même, comme le montre l’affaire Eric Brion, une sanction à l’encontre des abusifs et non pas une simple désignation en vue de sanction. Car comme on l’a dit plus haut, monsieur Brion a été victime d’un véritable lynchage social. L’a-t-il mérité ? Peut-être mais on en le saura pas, parce que la punition n’a pas eu lieu suite à un procès, qu’on a eu affaire à un mécanisme automatique, comme si  toute dénonciation avait valeur de preuve et d’évaluation du dommage. On connaît bien la situation pour avoir été nous mêmes (= public justicier) emportés dedans avec l’affaire de pédophilie d’Outreau
Pour un peu, on s’imaginerait être revenu à l’époque des combats de gladiateurs avec l’empereur, pouce baissé, qui condamne à mort le vaincu.



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