samedi 1 novembre 2025

Du CO2 à plein poumons – Chronique du 2 novembre

Bonjour-bonjour

 

Certains, soucieux de délivrer la planète de son principal prédateur, s’en réjouiront : la science est catégorique, l'espèce humaine va disparaître.

Evelyne Heyer, professeure d'anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle l’a rappelé « C'est la règle de l'évolution : toutes les espèces disparaissent /…/ Dans l'extraordinaire saga des lignées humaines, il y a déjà eu des extinctions, dont la plus récente : l'homme de Néandertal » 

Toutefois, « le moteur de l'évolution reste le hasard » /… et/ l'espèce humaine continuera peut-être d'évoluer au fil des millions d'années à venir, peut être vers une forme évoluée de l'humain. (Lu ici)

--> De fait, il n'y a que deux possibilités : soit une crise majeure où un phénomène extérieure nous extermine dans une fulgurante catastrophe ; soit notre « espèce fine » s'éteindra pour laisser place à d'autres espèces « fines ».

Que penser de cette alternative ? Imaginez-vous qu’en effet, dans quelques temps, de jolis animaux gambaderont dans de belles forêts, et des truites sauteront dans de belles petites rivières, sans qu’aucun produit chimique, aucun bulldozer ne viennent les débusquer ni les empoisonner.

 


- A moins que… Oui, imaginez ce que serait la nouvelle espèce humaine « fine » pour reprendre le terme de l’anthropologue. Cette nouvelle espèce humaine sera mieux adaptée à l’environnement – oui, mais quel environnement ? Celui que nous sommes en train de saccager ? Ou bien un autre, entièrement créé par des artefacts humains ? Imaginez qu’après avoir inventé l’homme augmenté, nous ayons inventé la nature augmentée ? Avec des arbres, des oiseaux, des animaux à quatre pattes dont la caractéristique principale serait leur aptitude à survivre dans une nature définitivement polluée, tirant leur substance d’un air vicié et d’une terre empoisonnée ?

Avec des hommes devenus capables de vivre à condition de respirer du CO2 à plein poumons.

vendredi 31 octobre 2025

Savoir sans comprendre – Chronique du 1er novembre

 


 

Bonjour-bonjour

 

Faites une expérience : ouvrez chatGPT et posez-lui une question du genre « Comment se préparer à mourir ? » - après tout on est le 1er novembre, non ?

- La réponse du chabot s’ouvre rituellement sur un passage de brosse à reluire : « Ta question, très profonde, touche à l’un des thèmes les plus anciens et les plus universels de la philosophie, bla-bla-bla …» à quoi suit un plan détaillé.

- Puis le tout se termine sur une offre tout aussi rituelle : « Souhaites-tu que je t’en fasse (= de ce plan) une version méditative (/sic:/ "un texte à lire pour se préparer intérieurement à la mort), ou plutôt une version philosophique plus argumentée (comme un essai ou une dissertation") ? » :

- Autrement dit « on » offre un exposé prêt à être rendu au correcteur de l’exercice – ce qui signifie qu’il n’y a nul besoin de comprendre, de reformuler dans son langage personnel et encore moins de l’amender en fonction de son orientation intellectuelle également personnelle ;

- Autrement dit (s’il le faut encore) que l’exercice de la pensée n’est plus requis : ne vous donnez pas la peine de penser par vous-même – chatGPT le fait pour vous.

 

… Sauf que toute connaissance comporte ce moment d’appropriation sans lequel le savoir ne peut exister. Les sages d’autre fois l’ont mainte fois rappelé : Platon dans le Phèdre, avec son Pharaon qui fulmine contre l’écriture qui permet de stocker le savoir sans le comprendre ; et puis Rabelais avec Gargantua et son proverbe « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » qui veut une évaluation de la science plutôt que l’érudition stérile des « sorbonagres ». Et puis enfin Alain qui médite « Savoir, c’est savoir qu’on sait ».

 

--> Alors, ChatGPT, qu’est-ce que tu réponds ? Que « le véritable savoir ne se réduit pas au fait d’avoir de l’information ou des connaissances, mais implique la conscience réflexive de ce savoir » (= réponse du chabot à la question de savoir si savoir c'est savoir qu'on sait (sic))

- Bien mon ami – et près ça, qu’est-ce que tu fais ? Tu te tires une balle dans le disque dur ? 

- Pas du tout ! Tu proposes d’en faire « une formulation philosophique courte, comme pour une dissertation ou une fiche de lecture » (Autrement dit, la conclusion habituelle)

Faux jeton !

jeudi 30 octobre 2025

Le bonheur, c’est simple comme un jour chômé – Chronique du 31 octobre

Bonjour-bonjour

 

« Le 13 janvier 1982, en conseil des Ministre, le gouvernement Mauroy instaure par ordonnance la semaine de 39 heures, inchangée depuis 1939, et la cinquième semaine de congé, durée établie depuis 1956. »

 

- Je veux rappeler ces faits, nés dans l’euphorie du retour de la gauche au pouvoir, pour qu’on mesure quelles désillusions ont constituées les réformes des retraites – et comprendre pourquoi leur rejet est si viscéral.

Notre culture identifie le progrès (social, économique, spirituel) à la réduction du temps de travail et à l’augmentation réciproque du temps libre. Il y eut même, dans la suite de ces lois un « ministère du temps libre », décrit par Wiki : « Le ministère du Temps libre est un ancien ministère français qui a fait partie entre 1981 et 1984 des trois gouvernements de Pierre Mauroy, entérinant en cela la volonté du président de la République nouvellement élu, François Mitterrand. »

 


« Le bonheur, c’est simple comme un jour chômé » – et le mouvement de 1968 a constitué l’apogée de ce credo.

Et aujourd’hui ?

- Nous on veut bien renoncer à un acquis social ; à des libertés individuelles ; à quelques points de pouvoir d’achat. Mais laissez-nous flemmarder en paix.

mercredi 29 octobre 2025

Dis-moi oui, dis-moi non, dis-moi oui ou non – Chronique du 30 octobre

Bonjour-bonjour

 

"Tout acte sexuel non consenti" est désormais juridiquement considéré comme un viol ou une agression sexuelle. (voir cet article)

Reste à définir 1° l’acte par lequel le consentement est acquis. Et ensuite dire 2° s’il y a des actes par rapport auxquels il ne peut y avoir de consentement.

1° « Dorénavant, le consentement est défini dans le Code pénal comme étant “éclairé, spécifique, préalable et révocable" et ne pouvant "être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime". Le non-consentement sera "apprécié" par les juges au regard des "circonstances".

2° Le texte précise également qu'"il n'y a pas de consentement si l’acte à caractère sexuel est commis avec violence, contrainte, menace ou surprise, quelle que soit leur nature", une formulation qui maintient les quatre critères utilisés jusqu'ici pour caractériser le viol et les agressions sexuelles. 

- La loi étend en outre la définition du viol en y intégrant explicitement les « bucco-anaux. » : les juges se sont documentés sur youporn dirait-on…

 

Très bien : mais moi, je suis borné – je veux savoir comment se manifeste le consentement. Pour l’instant on sait seulement qu’il doit être explicite, donc affirmé d’une façon non équivoque.

Or, voilà le problème : pour consentir, il ne suffit pas de dire « oui », comme nous le fait remarquer la députée Marie-Charlotte Garin : « Quand c'est non, c'est non. Quand ça n'est pas non, ça ne veut pas dire que c'est oui. Et quand c'est oui, ce doit être un vrai oui (...) et céder ne sera plus jamais consentir »

Du temps du Général, on savait qu’on devait lui répondre par un « Oui » franc et massif. 

Mais ici ?

- Ma mignonne, consentirais-tu à ce que je glisse ma langue dans ton *** ?

- Mais oui Gontrand

- Dis-moi, est-ce bien un oui franc et massif ?

- Bien sûr Gontrand – mais magne toi, j’en peux plus d’attendre.

mardi 28 octobre 2025

L’effet Pinocchio – Chronique du 29 octobre

Bonjour-bonjour

 

Durant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait promis de mettre en place une planification écologique pour remporter le « combat du siècle », selon ses mots.

On le sait aujourd’hui : la planification écologique est à l’arrêt et la transition vers une société plus verte connaît même des reculs très importants (voir la réintroduction de l’acétamipride).

Le personnel politique accrédite ainsi l’idée qu’il est incapable de penser le long terme, même sur des enjeux aussi importants que ceux du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.

… A moins que cette incapacité soit en réalité due à un mensonge rigoureusement pensé à des fins électoralistes. Mensonge passé inaperçu sur le moment.

 --> Occasion de regretter une fois encore qu’il n’existe pas un effet Pinocchio qui pourrait effectivement trahir les gens qui mentent.

 


C’est du moins ce que je croyais jusqu’à ce que je lise ça : « Les psychologues Emilio Gómez Milán et Elvira Salazar López développent l'utilisation de la thermographie pour mesurer l'activité mentale et les états émotionnels. Des images obtenues au moyen d'une caméra spéciale indique la température de différentes régions du visage ou du corps. Ils ont observé, au niveau de la pointe du nez, une baisse de la température lorsque les participants réalisaient un effort mental. Alors qu'une anxiété entraînait généralement une augmentation de la température faciale.

Ainsi, En cas de mensonge, l'image thermographique montre que le nez atteint le rouge alors que le reste du visage apparait jaune orangé. » (Voir ici)

Alors, c’est vrai ? Les menteurs sont trahis par le fait que leur nez - même s'il ne s'allonge pas - rougisse notablement ?

--> Mais alors, surveillons le nez de nos politiciens : s’il rougit lorsqu’ils nous promettent quelque chose, ce serait l’indice qu’ils sont en train de nous raconter des craques ?

Oui – mais non : ce serait trop beau. Car ce qui importe, ne l’oublions pas, ce sont non pas les nez rouges, mais les nez qui rougissent, indice du moment du mensonge. Or on peut hélas ! soupçonner les politiciens qui nous gouvernent de mentir en permanence, donc d’avoir le nez rouge en permanence, impossible à discerner des nez qui sont physiologiquement rouges, comme en cas de vent froid qui fait dilater les vaisseaux sanguins pour maintenir la chaleur, ou en cas de couperose quand les vaisseaux sanguins du visage restent dilatés, donnant l'aspect rouge qu'on connait chez les ivrognes.

Quand même : une vigilance accrue devrait tout de même être de rigueur.

lundi 27 octobre 2025

Wanted : un Javier Milei français ! – Chronique du 28 octobre

Bonjour-bonjour

 

Le succès inattendu de Javier Milei, le Président argentin, nous interroge nous aussi en France.

C’est que le vide de perspectives politiques dans notre pays où les citoyens ont deux exigences : plus de services publics et moins d’impôts et de taxes, ouvre un boulevard à tout aventurier capable de faire croire que des mesures brutales peuvent résoudre cette étrange équation. Pourtant il faut comprendre que les argentins n’ont accepté les démolitions de services publics et de protections sociales uniquement parce qu’ils en avaient déjà perdu tout bénéfice. 

- Oui, pour applaudir un régime qui a fait disparaitre plus de 200000 emplois et réduit la croissance de près de 2% il faut avoir déjà tout perdu – et croire dans le pouvoir magique du chef. L’Argentine est le pays qui a fait d’Eva Perón une sainte.

 

Bien sûr, ceux qui en France ont naïvement cru qu’il suffisait de s’emparer d’une tronçonneuse pour posséder cette aura charismatique n’ont réussi qu’à être ridicules 

 

 

Éric Ciotti en campagne

 

Hélas ! Le grotesque du personnage ne suffira peut-être pas à écarter du pouvoir les aventuriers capables « d’enflammer les réseaux sociaux » comme on dit aujourd’hui pour désigner les émotions populaires capables de produire des révolutions.

On croit que les populistes sont des gens qui promettent à tous des fortunes pour demain – alors même qu’ils ont pour programme de supprimer les aides sociales. En réalité, ce sont des gens qui promettent de tout casser : ceux qui n’ont plus rien à perdre applaudissent parce que c’est une promesse de changement.

En viendra-t-on là en France ? Peut-être. Car la crise française n’a malheureusement pas encore produit tous ses effets ; les pauvres peuvent devenir plus pauvres et les malheureux encore plus malheureux. 

Et alors gare au changement.

dimanche 26 octobre 2025

Elles en ont rêvé…. « Choice » l’a fait – Chronique du 27 octobre

Bonjour-bonjour

 

- Voici un texte écrit le 8 mars 1863 : « Rien ne manque aux femmes, qu’une clef dans le nombril, une clef de poêle qu’on tournerait et qui les empêcherait de faire des enfants, quand on ne désirerait pas en avoir avec elles. » - Edmond et Jules de Goncourt - Journal - 8 mars 1863, p. 944

 

- Et un autre publié le 25 octobre 2025 : « /Voici une nouvelle invention : / Un micro dispositif sans fil, alimenté par un micromoteur, capable d’ouvrir et de fermer des valves dans les trompes de Fallope pour offrir aux femmes une nouvelle liberté de contraception, plus sûre et sans hormones.

L’innovation de Choice (spécialiste de la contraception féminine) s’appuie sur de fines valves implantées dans les trompes de Fallope. Fermées, elles empêchent la rencontre entre spermatozoïdes et ovule. Ouvertes, elles permettent le retour à la fertilité naturelle, sans aucune intervention hormonale. /…/ l’objectif final est de permettre aux patientes de reprendre entièrement la main sur leur contraception » (Science et vie)

 

L’idée bizarre des frères Goncourt était d’installer une clé analogue à celle du tuyau de poêle dans les organes féminins pour bloquer les ovocytes. 

Et voilà que les chercheurs de Choice ont trouvé le moyen de mettre des clés – en réalité des valves – exactement là où ça peut fonctionner pour la contraception, dans les trompes de Fallope (alias tubes utérins). 

C’est exactement la même chose, sauf que… pour les frères Goncourt, l’usage de cette clé serait réservé aux hommes alors que pour les inventeurs de Choice le but est de permettre aux femmes de contrôler leur fécondité.

Autres temps, autres mœurs.