mardi 1 juillet 2025

La clim’ ce n’est pas une horreur – Chronique du 2 juillet

Bonjour-bonjour

 

Depuis hier la lutte contre la canicule s’impose avec un sujet principal : la défense « passive » contre la chaleur. Pointée comme insuffisant, l’équipement en volets extérieurs est souvent mis en cause à Paris.

Selon l’Agence parisienne du climat, « Une baie vitrée de 2 mètres carrés exposée au soleil direct produira environ autant de chaleur qu’un radiateur allumé. Il convient donc de bloquer le rayonnement solaire avant que celui-ci ne pénètre dans le bâtiment. » (lu ici)

Voilà : qu’on n’ait pas encore découvert cette lacune surprend. C’est que nous sommes coutumiers du fait, et cela depuis la construction du château de Versailles.

Celui-ci en effet ne possède pas de contrevents (nom donné autrefois aux volets extérieurs doublant les volets intérieurs dont le château est largement équipé).

 

 

 

Le rôle climatique de ces volets n’était pourtant pas ignoré : on dit que madame de Maintenon en avait pourtant réclamé pour se protéger du froid qui à Versailles pénétrait par les fenêtres mal jointes et non protégées par des volets extérieurs.

Malgré cela, Louis XIV refuse à sa maîtresse la pose de volets aux fenêtres de son appartement : ceux-ci auraient brisé l'harmonie de la façade ordonnancée par Le Vau puis Hardouin-Mansart... C’est alors que la maitresse du roi s’exclama : « Il faut périr en symétrie »

Hé bien nous sommes comme le Maitre de Versailles, soumis à des règles architecturales (doublées il est vrai d’une signification esthétique – voir ici). En réalité nous n’avons pas perdu l’esprit des années 70 où les constructions ne tenaient pas comptes du bilan thermiques ; il est vrai qu’on cherchait à consommer le plus d’électricité possible pour justifier l’énorme parc nucléaire par les consommations pour le chauffage.

On dira : « les années 70 sont bien oubliées. Nous vivons à l’époque des économies d’énergies »

Croyez-vous ? Pas plus tard qu’hier, Jean-Marc Jancovici déclarait « La climatisation ce n’est pas l’horreur. Nous avons une surproduction d’électricité solaire à midi alors que la consommation est trop basse pour l’absorber. La clim à cette heure-là serait possible » (vu ici)

Hé-hé… On dirait que la société de consommation n’est pas tout à fait morte…

lundi 30 juin 2025

Souriez : demain sera pire… – Chronique du 1er juillet

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, au lever du jour, le thermomètre affiche plus de 20°. Les records étant faits pour être battus, demain sera pire. 

Ce pessimisme tranquille souvent baptisé « Loi de Murphy » nous invite à ne plus luter contre la dégradation de la situation. Et en particulier, concernant le climat, à admettre comme étant acquis l’accélération de la tendance à l’échauffement des températures.

- Mais pourquoi devrions-nous admettre cette fameuse « Loi de Murphy » ?

Les stoïciens pensaient que tout ce qui advient dans la nature est naturel, donc absolument bon ; contre eux nous disons aujourd’hui que la nature est elle-même victime de ce qui se passe en ce moment. S’il existe une Nature (avec un « N » majuscule) qui reste maitresse du jeu, c’est que les espèces condamnées par l’évolution du climat seront remplacées par d’autres espèces plus résistantes : voilà la preuve qu’il y a une « Sur-nature » sur laquelle nous n’avons pas prise, à la différence de ce qui nous environne actuellement.

Seulement en quoi cette « Sur-nature » serait-elle supérieure à cette nature que nous finissons d’empoisonner en ce moment ?

La Nature jusqu’à notre époque a fonctionné avec le principe de la prédation universelle : tout ce qui existe a dû résister à la sélection naturelle. Malheureusement ce principe touche ses limites lorsque l’un de ces prédateurs a éliminé tous les autres. La sélection naturelle ne peut alors se poursuivre que par autodestruction du vainqueur : nous nous détruisons en détruisant notre milieu de vie. Car, comment pourrais-je éliminer les chinois, les amazoniens et les américains du Texas ? La seule façon de procéder est d’empoisonner l’air qu’ils respirent - et que nous allons respirer - l’eau qu’ils boivent et que nous boirons à notre tour - et la terre sur laquelle nous vivons tous.

Par qui serons-nous remplacés ? Nous n’en savons rien – sauf que dans une sur-nature qui aura abandonné le principe de la sélection naturelle, les espèces les mieux placées pour se développer ne seront plus des espèces prédatrices.

- De quoi sera fait le « Sur-homme » de cette « Sur-humanité ? »

De quelque chose comme le rêve de la chanson québécoise « Quand les hommes vivront d’amour » ?




dimanche 29 juin 2025

Toi, mon Roudoudou d’amour – Chronique du 30 juin

Bonjour-bonjour

 

« Consonnes mâchées, moue à la Calimero, voix un peu fébrile qui semble ne pas encore avoir mué, surnoms à base de “mamour” et de “roudoudou”… » Ces mots que le dictionnaire qualifie d’« hypocoristiques » sont bien ancrés dans l’usage courant des amoureux mais ils ont aussi une signification spécifique. « Ce langage désarticulé et tout fondant, qui suscite la gêne de ceux qui en sont spectateurs, n’est pas un signe d’immaturité. Au contraire, c’est un instrument de complicité. “C’est en fait très courant et la plupart des couples y ont recours lorsqu’ils veulent montrer leur vulnérabilité ou se rapprocher d’une manière très intime » précise Kathryn Smerling, thérapeute familiale pour NBC News. (Cité ici)

L’analyse ci-dessus souligne l’ambiguïté de ces mots d’amour infantiles totalement régressifs et qui pourtant sont soutenus par l’évocation des liens d’amour maternels.

Et c’est cela qui va intéresser : ce qui nous fragilise est en même temps ce qui nous protège. Calimero est dans la compétition quotidienne victime de sa jeunesse : « C’est parce que je suis trop petit : c’est trop injuste ! » - mais en cherchant par son langage de bac-à-sable à retrouver le giron d’une maman, le voici protégé par ce qui le rend si fragile.

 


Reste juste à dire pourquoi l’amour qui use de ce « baby-talk » parait plus romantique que niais.

- Et si l’amour cessant d’être cette vibration de l’âme dont les poètes font leur miel révélait le désir d’immaturité qui permet à chacun de retrouver la fusion avec le corps de la maman – ou du papa ?

Ne parle-t-on pas alors d’un amour « fusionnel » ?

samedi 28 juin 2025

Le régime de l’été : le Paléo – Chronique du 29 juin

Bonjour-bonjour

 

Comme chaque année l’arrivée de l’été sonne l’heure des régimes alimentaires chargés de rectifier votre silhouette sur les plages.

Cette année, découverte du « régime paléo ». Selon les tenants de ce régime, il s’agit de revenir à une alimentation ancestrale – remontant au paléolithique – susceptible d’apporter de nombreux bienfaits, notamment une perte de poids, une réduction des inflammations et une augmentation de l’énergie. (Lu ici) Après tout notre corps pourrait bien être resté le même qu’à l’époque lointaine où, pratiquant le nomadisme, les hommes vivaient de la chasse et de la cueillette. 

Encore faut-il dire que tout ce qu’on trouvait à l’époque des chasseurs cueilleurs risque bien de ne pas se retrouver sur l’étal des boucheries de Carrefour :

 


Scène de chasse paléolithique reconstituée

 

Mais il reste que l’idée principale est de retrouver notre nature originelle, supposée garantir une parfaite adéquation entre notre organisme (originel mais supposé être resté le même) et les aliments disponibles actuellement.

- Cette image de l’homme qui remonte au moins à Jean-Jacques Rousseau revient à identifier l’origine temporelle de l’homme (apparition sur terre) et l’origine écologique (équilibre entre les besoins et les ressources)

Occasion de rappeler que l’aspect régressif de l’écologie, avec son souci de réactiver les modes d’existences abandonnés au cours de l’évolution historique découle de cette identification du passé avec la pureté des origines.

Et ça, ça ne date pas d’hier.

vendredi 27 juin 2025

Un fantasme jugé honteux – Chronique du 28 juin

Bonjour-bonjour

 

La chaleur… les vacances… Le mois de juillet… tout ça ouvre largement la porte aux rêveries fantasmées, et bien sûr la presse s’en empare avec des titres énigmatiques quoiqu’alléchants, destinés à faire lire le plus possible de publicités sur des sites Internet tel que celui-ci.

 

Pourtant cette lecture ne manque pas de piquant. Voyez plutôt :

- Déjà repérer le site qui publie cet article sur un « fantasme jugé honteux… » : il s’agit de « Modes et travaux ». Même pour les moins de 20 ans ce titre devrait faire mouche dans un magazine « couture et pot-au-feu ». L’effet comique est garanti.

- Toutefois on dira que ça fait longtemps que les ménagères ont fait entendre qu’elles aussi appréciaient l’orgasme du lundi matin (= solitaire quand le mari et les enfants ont quitté la maison). OK. Mais voyons un peu plus loin.

- Voici donc le fantasme qui porte les rêveries érotiques des femmes mais aussi des hommes : celui de soumission/domination.


 

Ainsi donc, fantasmer de se faire attacher comme un objet soumis au désir du partenaire : courant.

- Un peu moins courant est l’interprétation du processus qui se développe alors dans le couple selon « Modes et travaux ». Lisons plutôt : « contrairement à ce que l’on croit, le fantasme n’est pas un projet, c’est un moteur du désir. » C’est vrai, à quoi bon fantasmer si c’est pour produire encore plus d’angoisse et de souffrance psychique ? Oui, mais : se faire bâillonner, ligoter, fouetter, voilà qui ne parait pas raccord avec « le-pied-du-samedi-soir »

- D’où la nuance apportée par l’article cité : « La domination/soumission active des leviers psychologiques puissants : contrôle, confiance, inversion des rôles, transgression encadrée… » Nous, on veut bien, mais c’est en pleine contradiction avec le jeu de rôle mis en œuvre : si « tout cela a lieu dans un espace sécurisé où chacun reste libre de dire stop », alors on n’y croit plus. D’ailleurs ces gentilles menottes en peluche rose (ci-dessus) ce n’est pas sérieux, on n’y croit pas non plus.

Mais à quoi devrait-on croire ?

Vient lors la définition du fantasme : « Le fantasme fonctionne parce qu’il bouscule les cadres habituels, tout en permettant de tester des émotions fortes à distance de la réalité. » Bref, le fantasme, ça fait bouger les lignes, mais au fond, ça ne change rien à la réalité.

- Mais alors, en quoi consiste donc le fantasme ? Madame Modes-et-Travaux cède la parole au sexothérapeute Sylvain Mimoun dans un entretien au Figaro Santé : « Ce n’est pas parce qu’on a un fantasme qu’on veut le réaliser. L’essentiel, c’est de pouvoir en parler librement, sans pression ni honte /…/. Il faut le voir comme un langage du désir, pas comme un plan d’action. »

Bref : il s’agit d’un jeu pratiqué par nos enfants depuis qu’ils ont des copains-copines : « On dirait qu’on serait dans une salle de torture. Tu serais le bandit et moi le bourreau qui dois te faire avouer »…

jeudi 26 juin 2025

Quand les cahiers de doléances ressortent des archives – Chronique du 27 juin

Bonjour-bonjour

 

Cet article résume les moyens mis en œuvre pour exhumer les cahiers de doléance de l’année 2019 à l’époque de la contestation des « Gilets-Jaunes ». Je vous laisserai lire cette documentation et l’élargir si vous en avez envie : les moyens ne manquent pas.

Il faut noter que depuis leur origine sous l’ancien régime le sujet principal de cette consultation étaient les impôts – et d’ailleurs les États-généraux associés portaient effectivement sur le financement de l’État – ce qui n’a pas manqué de se reproduire en 2019.

Quant à moi, je m’intéresserai plus particulièrement à ce qui n’apparait pas : je veux dire qu’est-ce que les citoyens ne réclament pas à l’État ? Et le cas massif qui me saute aux yeux, c’est celui de la culture. Cas intéressant car le financement de la culture est depuis longtemps une attribution majeure de l’État et une fonction de la démocratie. Ainsi, comment expliquer que, dans la région Champagne-Ardenne, on ne trouve pas d’orchestre symphonique régional ? Après tout il doit y avoir autant de musiciens ici qu’ailleurs ; alors pourquoi ne peut-on financer leur emploi dans un tel orchestre ? Est-il normal que la Champagne-Ardenne soit une tache blanche sur la carte de France des orchestres régionaux ? Mais qu’importe ? Personne ne s’en soucie, et seul le montant du SMIC parait soucier les citoyens

J’en conclurai que les préoccupations financières sont les seules déterminantes dans le rapport du citoyen avec l’État, et que les thèses idéologiques qui soutiennent les candidats lors des élections sont des cache-misère, pour faire ignorer qu’au bout du compte chacun fera le compte de ce qu’il a à gagner à voter pour tel ou tel. 

* La jeunesse délinquante ? Bla-bla-bla

* Les immigrés envahissants ? Bla-bla-bla

* La justice laxiste ? Bla-bla-bla

* Le montant des retraites ? Dites-moi combien

mercredi 25 juin 2025

Le mot du jour : Flagornerie – Chronique du 26 juin

Bonjour-bonjour

 

Ça s’est passé hier au sommet de l’OTAN à la Haye. 

- D. Trump fait une comparaison entre le conflit Iran-Israël et deux enfants qui se battent : « Ils se sont battus, comme deux enfants dans la cour de récréation /…/ Vous savez, ils se battent comme des fous, vous ne pouvez pas les arrêter. Laissez-les se battre pendant deux ou trois minutes, après c'est plus simple d'y mettre fin ». 

- Sur quoi Mark Rutte enchaîne : « Papa doit parfois hausser le ton. »

Et voilà un exemple de flagornerie utilisé par le secrétaire général de l’OTAN pour amadouer le Président des Etats-Unis – il y en a eu d’autres.

« Flagornerie » ? Quésaco ?

FLAGORNERIE, subst. fém.

A.− Gén. au sing. Caractère d'une pers. qui flatte bassement, avec insistance et de façon généralement intéressée. 

B. – P. méton., au sing. ou au plur. Action, attitude qui manifeste de la flatterie basse et intéressée (CNRTL)

Oui, il s’agit bien d’une flatterie basse, insistante et intéressée. Mais pour que ça marche, il faut que le « bénéficiaire » de cette hypocrisie ne la reçoive pas pour ce qu’elle est – à savoir une très vulgaire manipulation. Flagorner c’est mépriser celui au quel on s’adresse et la seule réaction aurait dû être la colère. Mais pas avec Donald Trump, habitué à la flatterie de courtisans habiles à caresser le Président dans le sens du poil.

 

- Mais attendez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Cette scène ne s’est pas passée dans l’espace clos d’un bureau bien fermé mais dans la réunion spontanée à l’issue du sommet de l’Alliance.

 


Il y a donc, eu plein de gens pour entendre ça et pour s’en réjouir : l’ambiance était bonne, Youpi !