mercredi 18 juin 2025

Météo : à quoi s’attendre cette semaine ? – chronique du 19 juin

Bonjour-bonjour

 

Voici le bulletin bien connu qui annonce le climat de la semaine à venir : « À la faveur de conditions anticycloniques bien installées, la chaleur va progresser au fil des jours et se renforcer. Les fortes chaleurs déjà présentes en ce début de semaine sur le sud vont ainsi gagner vers le nord, d’abord sur la façade Atlantique, puis les autres régions samedi. Le pic de chaleur sera probablement atteint samedi sur la moitié ouest, dimanche sur la moitié est. » (Lu ici)

 

 

La carte météo de la semaine à venir sur la France

 

Nous avons l’habitude de considérer que ces prévisions sont exactes lorsque les calculateurs sont assez puissants pour étudier les interactions des masses atmosphériques : le temps qu’il fera dans un avenir plus ou moins proche est connaissable – sinon connu – selon la puissance de nos ordinateurs.

Toutefois on peut aussi estimer que l’évolution des masses d’air n’est que probable, selon les forces auxquelles elles sont soumises et qui sont elles-mêmes très incertaines. L’avenir n’est alors plus écrit à l’avance, il ne deviendra prévisible que lorsqu’il sera l’effet nécessaire d’une évolution également définitivement établie.

Le philosophe aime à s'interroger : et si cette indétermination n'était pas l'effet de notre ignorance mais celui d'une "manière d'être" des choses ?

- Nous avons l’habitude de considérer que l’avenir est tout tracé, que ce soit par la conséquences de phénomènes naturels ou par le décret d’un destin supérieur. Est-ce bien sûr ? Nous croyons que toute la question est de savoir lire ce qui est écrit dans le grand livre de la Nature. Mieux encore : les découvertes scientifiques ne se font la plupart du temps qu’en considérant les phénomènes à découvrir comme prédéterminés par ceux que nous connaissons déjà. C’est ce que Claude Bernard avait fixé come règle il u a plus d’un siècle et demi : « Chez les êtres vivants comme chez les corps bruts, les conditions d'existence de tout phénomène sont déterminées de façon absolue. » 

Est-ce bien vrai ? Dans certains domaines, cet avenir n’est pas écrit à l’avance, il ne peut donc être pronostiqué que de façon probabiliste. Par exemple dans le domaine du climat on sait que les prévisions à plusieurs mois de distance ne sont absolument pas définitives.


mardi 17 juin 2025

5 Bugatti = 1 Rafale – Chronique du 18 juin

Bonjour-bonjour

 

Les chroniques du salon du Bourget étant ces jours-ci alimentées par des informations militaires venues du Moyen-Orient, l’annonce du développement d’un nouveau moteur pour le Rafale retient l’attention.

On trouve des indications fort techniques avec des kilotonnes de poussées et des développements de la « post-combustion », je m’en tiendrai à des équivalents approximatifs (qu’on veuille bien me le pardonner) :

Dans sa version actuelle, le Rafale « est propulsé par un biréacteur Snecma M88-2 qui délivre 58 550 newtons de poussée, soit un équivalent en puissance de plus de 5700 chevaux (à 260 km/h NDLR). » (Art. Wiki.)

« Safran lance une évolution de son moteur M88 baptisée M88 T-REX. Compatible avec les futurs standards du Rafale de Dassault Aviation, ce moteur capitalisera sur la fiabilité et les performances du M88 tout en repoussant ses limites avec une poussée augmentée à 9 tonnes avec post-combustion. » (Lu ici)

Voici la photographie de ce moteur :

 

 

Moteur M88 T-Rex du futur Rafale

(Notons la présence de personnages (à la droite de l’image) qui donnent l’échelle.)

 

- Impressionnant, non ?

Toutefois, et pour relativiser, notons que le moteur de la Bugatti Chiron développe 1 500 chevaux et propulse l'engin à 420 km/h – soit 4 moteurs Bugatti pour propulser un Rafale. 

- 4 Bugatti ? Seulement ? Disons 5 pour la nouvelle version, et basta ! Ça change quoi ? Quelle idée avons-nous de la puissance développée par ces moteurs ? A quelle expérience familière comparer ces performances ?

Par exemple, si je dis qu’il faudrait 12 C4 Citroën comme la mienne pour animer une seule Bugatti et donc 60 pour faire décoller un Rafale – aurais-je progressé dans l’imagination ? Imaginer un attelage de 60 voitures tractant un seul petit (tout-petit) avion, est-ce que ça parle encore ?

Je crois qu’il faut avoir l’esprit d’un jeune, très jeune enfant pour se faire une pareille image.

lundi 16 juin 2025

Un pénis de Titan – Chronique du 17 juin

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez cette fleur ?

 



Non ? Alors courrez vite au Jardin botanique du Grand Nancy pour assister à une nouvelle floraison d’un pénis de Titan.

Car, il y a urgence : cette fleur ne s’épanouit que deux à trois fois par décennie – et encore, si les conditions sont favorables ; de plus elle fane en 72 heures ! Seulement voilà : son inflorescence qui atteint la hauteur de 2 mètres est une des plus hautes du monde, raison suffisante pour ne pas la rater.

Alors bien sûr on se dit que, par ailleurs, le nom de cette fleur est à lui seul un sujet d’attention. Pensez ! Un « pénis » qui atteint deux mètres ! Dans tout homme adulte survit le gamin qui prétendait avoir la plus grande de l’école ; on se doute que la taille de l’objet soit un sujet d’émerveillement. 

- Et pourtant, la Nature ne s’en satisfait pas. Car, outre sa forme et ses dimensions exceptionnelle, cette fleur possède une autre caractéristique pour attirer les insectes pollinisateurs : « L’inflorescence du « phallus de titan » est également connue pour son odeur extrêmement forte de cadavre, destinée à attirer son pollinisateur, un gros coléoptère. » (Lu ici)

 

… Ah ! Mes amis ! Je me sens en faute d’avoir donné cette précision, car involontairement nous (= nous autres les hommes) allons imaginer que notre organe reproductif va lui aussi devenir attractif en fonction … de son odeur. Et vous allez virer de votre douche le gel-douche « Super-mâle » au parfum de vétiver, de bouleau ou de cèdre, pour mettre à la place… 

... Quoi donc ? Car je ne connais pas de parfum pour homme dégageant une odeur de … pénis ?


Mais le doute est né, il s’instille dans notre conscience désirante. Et si, tout au fond de nous, sommeillait le souvenir de stimulis venus du fond des âges et qui permettaient à Monsieur Cro-Magnon de signaler sa présence à des kilomètres à une femelle bien disposée ?

dimanche 15 juin 2025

Groenland : Macron est arrivé-éé / Sans s’presser-éé. – Chronique du 16 juin

Bonjour-bonjour

 

On aura lu dans la presse du jour le récit du passage du Président Macron au Groenland, invité par « les autorités danoises et groenlandaises ».

Une telle visite est très politique : entendez qu’elle répond à plusieurs objectifs à la fois.

- D’une part faire entendre le soutien d’un pays européen tel la France en faveur de l’intégrité du territoire groenlandais (versus appétit américain).

- D’autre part permettre au Président français d’exister alors qu’il a perdu l’essentiel de son pouvoir depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale.

De tels objectifs sont très recherchés car ils permettent de satisfaire les parties prenantes tout en confortant la stature internationale du Président. Mais n’y aurait-il pas mieux à faire ?

Certes il serait difficile de faire des critiques à Emmanuel Macron quand à son activité internationale. Sa présidence de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à peine achevée, le voilà qui bondit au Groenland, juste avant d’aller au G7 à Kananaskis, en Alberta (Canada).

… Mais certains voudraient que le président de la république française consacre son temps intégralement aux affaires française – et Dieu sait s’il y a de quoi occuper un Président jeune et actif. Après tout c’est cela le mandat que lui a donné le peuple français.

Certains remarqueront que le monde actuel étant interconnecté, se préoccuper de politique internationale c’est aussi se soucier des effets en retour sur la France. Mais d’autres, plus critiques, diront que c’est surtout le souci de briller devant les photographes et de se présenter, comme le Zorro de la chanson, comme un justicier à deux balles.

 

 

Justicier à deux balles ? Soit. Mais justicier quand même.

samedi 14 juin 2025

Attention : peinture fraiche ! – Chronique du 15 juin

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez sans doute ces musées créés durant les récentes décennies et qui, ne possédant pas de fonds propre, doivent emprunter les œuvres d’un musée préteur tel le Louvre (pour Lens) ou le centre Pompidou (pour Metz)

Au Centre Pompidou de Metz, on a franchi le pas : les œuvres exposées seront des copies de tableaux célèbres, effectuées par des artistes plus ou moins connus à la demande des conservateurs pour une exposition d’un genre un peu spéciale, puisqu’il s’agira d’exposer uniquement … des copies. Voyez :



(Portrait de Louise Vernet, « interprété » par l’artiste franco-américaine Nina Childresss, exposé au Pompidou de Metz)


Les organisateurs tiennent néanmoins à nous rassurer : « Le visiteur ne tombera pas sur une Joconde plus vraie que nature. « Ce n’est pas une exposition de copies, mais de copistes, souligne Donatien Grau. Ce sont les artistes, dans leur individualité, qui sont au cœur de l’exposition. » … L’œuvre initialement rabaissée, la copie, devient une œuvre d’art à part entière. Elle prolonge ou questionne l’œuvre initiale, prisonnière de son écrin d’œuvre appartenant au patrimoine. » ( Lu ici)

Ces artistes-copieurs ont été missionnés par le Centre Pompidou pour réaliser des « interprétations » d’œuvres du musée du Louvre (pourquoi est-ce Metz qui demande et non Lens ? Mystère). L’idée est de conserver le postulat de départ, à avoir qu’une œuvre d’art n’est pas reproductible, tout en cherchant l’image suscitée par cette œuvre dans l’imagination de l’artiste – image qui va, à son tour, devenir une nouvelle œuvre d’art non-productible.

Sachant que l’artiste-copieur n’est pas forcément quelqu’un qu’on admire et recherche, quel est donc l’avantage du procédé (à part, bien sûr, de fournir un tableau à accrocher aux cimaises du musée) ?

- La copie nous a-t-on dit « prolonge ou questionne l’œuvre initiale, prisonnière de son écrin d’œuvre appartenant au patrimoine. » - Voilà le point : l’œuvre originale figée dans son statut d’œuvre éternelle se trouve libérée par la réinterprétation qui devient permise. Imaginez que  la Joconde pose, rien que pour vous. La sublime image créée par Leonard  va devenir votre œuvre, réalisée sur votre toile.

 



"Oeuvre" de Marcel Duchamp


À vous de jouer.

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vendredi 13 juin 2025

Israël pratique la guerre « Ad hominem » - Chronique du 14 juin

Bonjour-bonjour

 

La guerre ad hominem, vous connaissez ? Il s’agit de cette guerre pratiquée « contre /tel ou tel/ homme ». Plus simplement, voyez combien de personnes ont été ciblées et tuées lors du déclenchement des hostilités contre l’Iran hier.

Voyez (ici) ce communiqué de Tsahal reprenant celui de la Direction du renseignement : la haute chaîne de commandement de la Force aérienne du Corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) s’était réunie dans un centre de commandement souterrain afin de préparer une attaque contre l’État d’Israël.

Des avions de chasse de l’armée de l’air israélienne ont alors frappé ce centre de commandement où se trouvait le commandant de la Force aérienne de l’IRGC, Amir Ali Hajizadeh, accompagné d’autres hauts responsables.

 

Bref : pour faire la guerre il faut certes détruire le potentiel militaire de l’ennemi, mais aussi mettre hors de combat les hommes capables de le mettre en œuvre. 

==> Je vois dans cette particularité la preuve que nous ne sommes pas encore à l’heure de la robotisation des combats.



La sagesse consiste non pas à chercher à éliminer la guerre, ce que personne n’a réussi à faire depuis que l’homme est l’homme, mais à trouver le moyen de la faire en courant le moins de risque. Et dans ce cas, l’envoi de robots autonomes, qui sont capables de tirer selon l’analyse de leurs propres algorithmes, semble judicieux.

Bien sûr la question éthique reste posée : ne risque-t-on pas de voir des actes barbares et inhumains perpétrés par ces robots non-humains ? Cette revue de robotique militaire ne le pense pas. Bien au contraire : « /Ces robots/ seraient incapables d’éprouver des émotions et donc d’être influencés par le stress, l’adrénaline, facteurs souvent déterminants qui poussent les soldats à commettre des crimes de guerre.  Leur utilisation permettrait donc de réduire ces crimes de guerre, d’autant plus que leur présence sur le champ de bataille et sur les théâtres d’opération sera dissuasive pour leurs collègues humains puisque chacun de leurs faits et gestes seront enregistrés et donc rapportés au commandement. »

 

L’avenir s’annonce radieux, ne pensez-vous pas ?

jeudi 12 juin 2025

Inutile d’aller vivre à Pékin – Chronique du 13 juin

Bonjour-bonjour

 

Taisez-vous, méfiez-vous, des oreilles ennemies vous écoutent…

Regardez votre gentil smartphone : n’est-il pas mignon-mignon avec ses petits yeux ronds ?

 

 

 

… sans oublier ses grandes oreilles bien cachées dans sa coque.

Pourtant sachez-le : un dispositif existe qui permet à une personne étrangère d’activer secrètement la caméra de votre appareil pour vous filmer à votre insu, ainsi que l’enregistrement automatique de vos conversation. 

- Tout cela doit être interdit, et nous devons être à l’abri de ces dispositifs lorsqu’ils sont activés par les représentants de la Loi ?

- Détrompez-vous ! Voici comment le Conseil constitutionnel a jugé l’usage de cet espionnage à des fins d’enquête dans le narcotrafic.

Lisez plutôt : « Sur l’activation à distance d’un appareil électronique pour procéder à des écoutes, /le Conseil constitutionnel/ a jugé que les dispositions de l’article poursuivaient « les objectifs de valeur constitutionnelle de recherche des auteurs d’infractions et de prévention des atteintes à l’ordre public » et étaient « entourées de garanties suffisantes pour ne pas porter d’atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée ». (Lire ici)

- Pour ceux qui n’ont pas pu supporter la lecture de ce texte juridique, je précise qu’il porte la mention que ces écoutes étaient admissibles dans le cas de « prévention des atteintes de l’ordre public ». 

- Et alors, vous qui ne vous privez pas de dire tout le mal que vous pensez du gouvernement, ne croyez-vous pas que vous portez atteinte à l’ordre public ?

Et si vous croyez qu’il faut des opérations complexes et délicates pour pirater vos conversations téléphoniques, détrompez-vous : l’activation d’une appli suffira pour entendre tout ce que vous dites – et tout ce qu’on vous répond.

Et pour ça, pas besoin d’être à Pékin.

mercredi 11 juin 2025

… Tous contre un ! – Chronique du 12 juin

Bonjour-bonjour

 

 

E pluribus unum est la devise latine qui apparaît sur le Grand sceau des États-Unis, littéralement « Un seul à partir de plusieurs » en corrélation avec la devise « L'union fait la force » ou, dans une traduction plus directe, « De plusieurs, un ». (Lu ici)

 

 

Cette devise se retrouve également dans 

Les Confessions de Saint Augustin (de 397 à 398) Livre IV, décrivant l'amitié.

 

Les Etats-Unis dont on célèbre habituellement la faculté d’intégration des migrants dans un « Melting pot », sont une fédération dont l’union n’a pas toujours été sans conflit, comme en atteste le souvenir de la Guerre de Sécession. Et aujourd’hui encore, certains se demandent si le « trumpisme », avec sa brutalité et son autoritarisme ne serait pas une résurrection de la confédération sudiste hostile à la démocratie venue du nord.

- Manière d’expliquer ce qui, vu d’Europe, parait si énigmatique, à savoir pourquoi il n’y a pas une foule unanime pour chasser le dictateur qui sévit à la Maison Blanche ? Certes on savait bien (au moins depuis Bob Dylan) qu’entre l’étudiant de Berkeley et le fermier du Middle-west l’amitié n’était pas au beau fixe. Mais, voilà : aujourd’hui même les intellos de New-York, même les latinos de Californie ont soutenu Trump – et continuent de le faire.

--> C’est qu’il s’agit de chasser les migrants illégaux venus s’installer massivement depuis le règne de Biden (dit-on) : il n’y a que Trump pour faire le travail.

Est-ce à dire que l’unité du pays est mise en cause ? Pas forcément, sous réserve que la devise du pays soit retournée en : TOUS CONTRE UN !

mardi 10 juin 2025

C’est reparti, comme en 68 ! - Chronique du 11 juin

Bonjour-bonjour

 

Il y a eu hier deux attitudes devant l’assassinat de l’assistante d’éducation de Nogent : restaurer l’autorité, refonder les valeurs ; ou bien châtier plus durement.

Et c’est Bruno Retailleau, celui qu’on attendait sur le versant châtiment, qui a fait défaut, en déclarant : « la réponse ne peut pas être seulement sécuritaire. » On devine que l’autorité républicaine ne suffisait pas, et qu’elle devait donc être soutenue par une éducation religieuse, mieux armée pour incliner les volontés juvéniles devant les interdits. Le curé, puis le père et enfin l’instituteur. 

 


 

- Vous le devinez sans peine : moi, vieillard rempli encore des souvenirs de sa jeunesse, je me crois revenu en 1968, au milieu de la contestation de l’autorité et de la « loi-du-père », du refus des idéologies dominatrices, de la religion « opium-du-peuple » etc. Et je suis soutenu dans cette réminiscence par tous ces gens qui, comme Bruno Retailleau, déplorent la faillite de l’autorité.  

« L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie », a-t-on fait dire à Marx. Je dirais plus radicalement que si l’histoire ne se répète pas, ça ne signifie pas qu’il n’y a pas de répétition au cours du temps. Ça veut dire que ce qui se répète manifeste son appartenance à la nature humaine et non au courant évolutif de notre espèce. Et c’est là que ça devient intéressant. Car on comprend que l’obéissance à l’autorité n’a rien de spontané, et qu’il faut pour l’obtenir ou bien briser par la violence la résistance des individus, ou bien subjuguer leur volonté en substituant l’imaginaire de l’idéologie au réel.

Et ça, on nous dit qu’on ne sait plus faire ????

lundi 9 juin 2025

Adieu veaux, vaches, cochons etc… – Chronique du 10 juin

Bonjour-bonjour

 

Réduire de moitié le nombre d'animaux tués … permettrait de diminuer … la souffrance animale… » affirme L214 dans un rapport publié mardi. (Lu ici)

 

Je n’ai quant à moi rien à objecter au projet de réduire le nombre d’animaux d’élevages tués dans nos abattoirs avec pour objectif, entre autres, de diminuer la souffrance animale. Après tout, la diététique le montre : un régime beaucoup moins carné aurait sans doute des effets bénéfiques sur le long terme. 

- Le philosophe aurait quand même un petit grain de sel à mettre là-dedans. C’est qu’en réduisant le nombre d’animaux abattus, on ne peut sérieusement réduire du même coup la souffrance animale – car on réduirait en même temps le nombre d’animaux existants. Les millions de cochons à qui on épargnerait l’abattoir ne bénéficieront pas de cette mansuétude parce qu’ils n’existeront tout simplement pas. Où sont donc aujourd’hui les milliers de chevaux fourbus à qui on a évité de tirer le fiacre – en le replaçant par la voiture à pétrole ?

 

Ce qui soulève un problème philosophique bien connu de l’antiquité grecque, tel que rapporté par Sophocle : « Mieux vaut cent fois n'être pas né ; mais s'il nous faut voir le jour, le moindre mal est de s'en retourner là d'où l'on vient. » Connaissant les malheurs inévitables que ma future existence me promet, devrai-je renoncer à être, ou bien à la façon des héros tragiques préférer l’existence avec l’affrontement perdu d’avance des forces du mal ?

- En toute modestie je ne prétends pas reprendre à mon compte le débat là-dessus, mais simplement poser la question du transfert d’une problématique philosophique des hommes vers les animaux. Là où l’homme peut être imaginé scrutant les malheurs que son avenir lui réserve et maudissant le destin qui l’a fait naitre, admettrons-nous que le goret ou le poulet en fasse de même à la vue de l’abattoir qui les attends ?

Qu'en pense donc L214 ?

dimanche 8 juin 2025

Jeu, set et match ! – Chronique du 9 juin

Bonjour-bonjour

 

Hier il y a des gens qui ont sacrifié 6 heures de leur loisir dominical pour regarder le matche de tennis de la finale du tournoi de Roland Garros. 6 heures ! Presque une demi-journée pour voir deux hommes taper dans un petite balle jaune. Et pourquoi ? Il ne s’agit pas comme avec le football de s’identifier à une équipe (sauf en Coupe Davis, celle-ci n’existe pas), ni d’un combat dont le corps à corps pourrait soutenir un fantasme.

- Par contre, le match de tennis matérialise assez bien les aléas de la vie – et cela, la finale d’hier l’a très bien montré. Non pas que le jeu des forces qui s’exercent entre les deux joueurs soit ce qu’il y a de plus passionnant : voir une compétition qui permet progressivement à une domination de s’installer et voir l’un écraser l’autre, c’est quand même quelque chose de bien banal. Mais le tragique d’un tel affrontement est plutôt dans l’espérance qui est présente durant la totalité du matche. Hier le vainqueur a eu contre lui 3 balles de matche ; il s’est battu pour l’emporter et il l’a fait. Il pouvait aussi s’avouer vaincu avant la fin de la partie et laisser la défaite advenir très logiquement.

Ce que cela signifie ? C’est que cette fin n’existe pas sous une forme progressive, par altération graduelle : elle est d’un bloc, tout aussi massive selon qu’elle advienne au 3ème set avec zéro jeu gagné ou au tie-break du 5ème. Le match de tennis est une métaphore des entreprises de notre vie, pour autant que nous considérons les circonstances comme non déterminantes.

- C’est là que la vie quotidienne nous attend. Supposons que nous soyons à passer le concours de la 1ère année de médecine : on pourra nous dire que la réussite ou non du concours est déjà écrite, avant même d’avoir passé les épreuves selon nos résultats de l’année écoulée. Un peu de cette issue fatale s’est infiltrée dans « la vie d’avant » - d’où un certain déterminisme.

Mais il y a aussi ceux qui croient que cette diffusion progressive n’existe pas, et qui veulent croire en leur chances, même au tie-break du 5ème set.

samedi 7 juin 2025

La guerre, combien ça coûte ? – Chronique du 8 juin

Bonjour-bonjour

 

« L’Ukraine a détruit des bombardiers nucléaires russes avec des drones à 500 € - Le pays veut maintenant se défendre avec des appareils encore moins chers. » apprend-on ici.

Le général Vincent Breton, directeur du Centre interarmées de concepts, de doctrines et d'expérimentations, a même déclaré : « L'Ukraine est toujours à la pointe de l'innovation. Le rapport coût-efficacité est absolument remarquable. »

 


- Et en effet : une fois qu’on a admis que la guerre devait tuer et détruire, il reste à savoir à quel coût elle le fait – coût matériel : combien ça coute ; et coût politique : dépendance à l’égard des pays fournisseurs. Et la guerre d’Ukraine a été la révélation : c’est avec du matériel distribué pour presque rien chez Brico-Dépôt et installés dans leur garage que des citoyens un peu astucieux ont pu construire ces appareils qui ont détruits des bombardiers stratégiques à plusieurs millions de dollars.

Voilà une révélation renversante. Mais ce n’est pas la seule. Car les attaques aériennes ne parlent pas de l’aviation. On a certes entendu l’Ukraine réclamer tant et plus de l’aviation, des avions de combat F-16 en particulier. Mais en attendant, on voit bien que des deux côtés les attaques font l’impasse sur les aéronefs : on se pilonne avec des drones (déjà cités) et des missiles – point final, même s’il faut parfois utiliser des bombardiers pour lancer des missiles.

Sachant que la formation des pilotes, si couteuse pour les combats aériens classiques n’existe plus avec les drones, et que ces appareils pourront être fournis bas coût par millions, on voit bien que la guerre de demain(-matin) sera à la portée de tout le monde. On va pouvoir massacrer et ravager le pays de nos ennemis pour presque rien.

vendredi 6 juin 2025

Êtes-vous pauvre ? – Chronique du 7 juin

Bonjour-bonjour

 

L'Insee a le souci de nous donner des normes de consommation un peu plus affutées que celles qui définissent un seuil de pauvreté. Ainsi des « normes de consommation ou de confort » qui affectent 13% de la population française dans l’impossibilité de suivre au moins 5 items d’une liste de privation. (Lire ici)

A notre tour nous reproduisons la liste des 13 privations en raison de manque de moyens financiers sur lesquelles les sondés sont interrogés par l’Insee :

- ne pas avoir de voiture personnelle ;

- ne pas pouvoir maintenir son logement à bonne température ;

- ne pas pouvoir remplacer des meubles hors d’usage ;

- avoir des impayés de mensualités d’emprunts, de loyers ou de factures d’électricité, d’eau ou de gaz ;

- ne pas pouvoir dépenser une petite somme d’argent pour soi sans avoir à consulter quiconque ;

- ne pas pouvoir faire face à des dépenses inattendues ;

- ne pas avoir accès à Internet ;

- ne pas pouvoir retrouver des amis ou de la famille au moins une fois par mois pour boire un verre ou pour un repas ;

- ne pas avoir une activité de loisirs régulière ;

- ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances hors de son domicile ;

- ne pas avoir deux paires de bonnes chaussures ;

- ne pas pouvoir avoir un repas contenant des protéines au moins tous les deux jours ;

- ne pas pouvoir acheter des vêtements neufs.

 

Considérez bien cette liste : si vous pouvez répondre « non » à chacun de ces items, alors vous êtes une personne heureuse. Non que vous soyez pressé d’aller au restaurant chaque mois ou en vacances chaque fois que vous en avez envie, mais parce que vous n’avez pas le souci d’en être privé. La pauvreté commence avec le souci de compter le montant des courses que l’on peut faire, et risquer d’abandonner en caisse des articles faisant déborder la facture.

Les sages de l’antiquité n’avaient pas ce souci : faute d’en ressentir le besoin, pour eux toutes ces dépenses étaient superflues. On racontait l’anecdote de Socrate traversant le marché d’Athènes et disant à ses compagnons : « Que de choses dont je n’ai pas besoin »  

On concluait alors par cet adage :

« Être pauvre, c’est avoir des besoins qui excèdent les ressources. »

jeudi 5 juin 2025

Sale pollueur de riche ! – Chronique du 6 juin

Bonjour-bonjour

 

Quelques chiffres entendus à la radio ce matin : 

* 10% des plus riches sont responsables des 2/3 des émissions à effet de serre.

* 1/3 des salariés français fait partie de ces 10% 

* Une taxe sur ces richesse dont le produit serait redistribué aux plus pauvres ne ferait qu’alimenter le dérèglement climatique.

* Tant qu’on voudra continuer à développer l’économie mondiale sur la base de la consommation des carburants fossiles on sera pris dans ce piège.

* Les effets du dérèglement climatique sont plus sensibles loin de l’endroit où cette pollution a été produite.

 

Ce matin, en vous regardant dans la glace de la salle de bains, demandez-vous si ce n’est pas le visage d’un destructeur de planète qui vous apparait. Oui, nous sommes tous (ou à peu près) également responsables, inutile de regarder avec suspicion le barbecue du voisin. Votre climatiseur est tout autant responsable.

Seulement voilà : à nous dire tous responsables, c’est la responsabilité qui disparait. Car, être responsable, c’est se voir imputé personnellement la cause de l’effet dangereux. Si mon acte est dilué dans une myriade d’actes semblables, alors je ne m’en sens plus responsable. Le nombre fait le droit.

 

Pour sauver la planète, il faut revenir au paléolithique. Il est plus que temps de s’y mettre ;

D’abord, vivre en nomade dans des huttes. Ensuite la nourriture : chasse, pêche, charognage. Limiter la population européenne à 200000 habitants. Vivre durant les 100000 dernières années aux confins des glaciers.

 


 

Voilà le programme : à vous de jouer.

 

mercredi 4 juin 2025

Salvatrice froideur – Chronique du 5 juin

Bonjour-bonjour

 

La compétition sportive porte des émotions dont on se repait avec avidité. Pourtant il faudrait garder encore un peu de lucidité pour évaluer la situation. Car la victoire de Loïs Boisson hier à Roland Garros est riche d’enseignement.

En effet, voici une jeune femme qui, remontant du tréfond du classement du tennis mondial et pour la première fois de sa jeune carrière, se permet d’entrer dans le dernier carré du tournoi féminin après avoir battu successivement les 6ème et 3ème joueuses mondiales.

Étonnant, non ? Pourtant, ce qui interpelle la critique des observateurs, ce ne sont pas ses prouesses techniques mais son « mental » à toute épreuve, qui d’ailleurs emporte l’enthousiasme des spectateurs du Court central. De fait, il se pourrait que les leçons de son succès puissent également nous être utiles.

1)  Loïs Boisson ne manifeste nul enthousiasme – pas d’étoiles dans les yeux. « Ses conférences de presse sont presque ternes au regard de l'énormité de la situation et de ses victoires. Mais il serait absurde de lui adresser ce reproche. C'est, au contraire, une salvatrice froideur. » (Lu ici) Comprenons que de façon naturelle et sans faire un effort de contrôle particulier, ses émotions ne sont pas refoulées ; elles ne sont tout simplement pas suscitées.

Bien sûr, il se peut que j’idéalise Loïs Boisson et qu’elle soit comme nous pétrie d’émotions, et qu’elle ait dû faire un effort d’ascèse particulier pour les dominer. Il n’en reste pas moins que c’est là très certainement l’une des clefs de son succès. Rappelons-nous en pour faire face à nos propres épreuves.

Mais ce n’est pas tout.

2) Elle ne se demande pas : « Qu'est-ce que je fous là ? »

Loïs Boisson ne souffre pas du syndrome de l’usurpatrice. Elle se sent à sa place sur le cours central, envoyant ainsi un message à la concurrence : « 361èmeou pas, je suis des vôtres. Je suis à ma place autant que vous. » (Art. cité)

Et si cette audace venait tout simplement du fait de l’émancipation féminine ? Que les jeunes femmes d’aujourd’hui comprennent que la loi des mâles dominants qui leur impose de s’incliner lorsqu’on leur dit : « Tu n’es qu’une femme. Tu dois rester à ta place. Partout ailleurs, tu es illégitime. » est périmée. 

Une tranquille indifférence qui en dit long sur notre histoire.

mardi 3 juin 2025

Qu’on les pende ! – Chronique du 4 juin

Bonjour-bonjour

 

Les choses sont claires. La classe politique est quasiment unanime sur les mesures à prendre suite aux exactions des casseurs opérant en marge des manifestations de liesse à Paris après la victoire du PSG. Dans ce cas, comme dans tous les autres du même genre, lorsque le délit est avéré il faut :

            - rétablir des peines planchers

            - supprimer le sursis.

Donc entre le délit et l’application de la peine on devrait supprimer le passage par les tribunaux, la cour d’appel, les juges d’applications des peines, etc. On en reviendrait ainsi au principe du lynchage qui consiste à juger sans tribunaux dans la volonté de rapprocher autant que faire se peut la punition de la faute.

Par ailleurs on propose de rendre ces mesures plus efficaces en construisant des lieux d’enfermement spécialement dédiés à ces courtes peines, qui viendraient sans doute s’ajouter aux centre de rétention pour migrants, aux prisons de haute sécurité pour narcotrafiquants, etc.

 


Cette formulation montre ce qui se passe lorsqu’on cherche dans un raisonnement purement logique la solution à un problème d’ordre éthique.

Ainsi on dit :

            - La justice réparatrice veut que le responsable d’une faute la répare sur le champ, comme le veut la loi du Talion.

            - L’institution des tribunaux augmente indûment la distance qui sépare le délit de sa punition, il faut donc les supprimer.

            - Outre une meilleure réparation on aurait également un effet d’exemplarité plus grand.

 

Réciproquement, en considérant que l’acte porte avec lui la sanction qui doit lui être appliquée, on efface la part individuelle de la responsabilité puisque la justice consisterait alors à appliquer une sanction générique à des délinquants considérés seulement pour leur acte et non pour leur volonté de commettre un délit. Les drogués et les fous mériteraient la même sanction que le criminel calculateur ; il faudrait peut-être aussi, comme au moyen-âge, châtier les animaux pour le mal qu’ils ont commis.

lundi 2 juin 2025

Le cours d’anatomie féminine par Sandrine Rousseau en direct à la télé – Chronique du 3 juin (2)


 Bonjour-bonjour


C’était à la télé dans l’émission de Karine Lemarchand intitulée « Une ambition intime » où elle interview des personnalités politique sur leur expérience vécue du pouvoir. A l’occasion de l’interview de Sandrine Rousseau elle est revenue sur l’engagement féministe de la députée en sortant une peluche commercialisés sous le noms de « Vulvette » qui présente sous forme de jouet enfantin l’organe sexuel de la femme.

 

« Vulvette », modèle en peluche, prix 129€

Comme on le voit, on n’en est plus au miroir qui anatomise trop brutalement le sexe. Il s’agit de l’identifier comme un petit objet, certes réaliste, mais aussi mignon que la peluche enfantine. L’idée apparait alors que l’enfant peut ainsi apprendre à jouer avec son sexe comme il joue avec son doudou. D’ailleurs au cours de l’émission, Sandrine Rousseau ne s’est pas privée d’y aller de son cours d’éducation sexuelle.

Je passe sur le déchainement de colère de la part des ligues de vertus animées depuis l’extrême-droite. Et je m’interroge : qui donc va se servir de cet objet ? Des parents qui se veulent éducateurs grâce à la peluche ? Ou des jeunes femmes, encouragées à s’auto-examiner par des copines en retard d’affection ? Car ce Doudou va permettre à l’enfant de trouver une réalité extérieure bienveillante dans cette représentation d’elle-même. Ici il s’agit de montrer aux fillettes que leur intimité est aussi adorable que leur teddy-bear.

Ceci induit d’ailleurs une distinction de genre avec les garçons qui ont, pour le même office, le canon de leur colt :


Salle de la reddition à Reims : la mémoire des traces – Chronique du 3 juin (1)

Bonjour-bonjour

 

On annonce aujourd’hui la mort à 93 ans de Pierre Nora qui était surtout connu pour être le maître d’œuvre des Lieux de mémoire, ces lieux qui, par la force de la volonté humaine ou le travail du temps, sont devenus un élément symbolique du patrimoine commémoratif de la communauté française. Considérés aujourd’hui comme liés principalement à la déportation et aux faits de la guerre 39-45, on peut aussi y ajouter ces champ de bataille encore visibles aujourd’hui, où encore ces lieux où se retrouve le souvenir d’anciennes pratiques, tels que les places de Marché ou le tracé de fortifications – sans oublier (pourquoi pas ?) les héros dont on conserve la tombe.

Souvenir, lieux mémoriels, autant de façon de dire que la mémoire des traces, celle qui est liée aux évènements eux-mêmes est dotée d’un fort potentiel émotionnel. C’est ainsi que le livre récent de Sylvain Tesson, intitulé Les piliers de la mer évoque l’escalade entreprise tout autour du monde de ces « Stack », terme qui désigne en anglais les piliers de la mer, détachés de la côte. « Autour du monde, ces sentinelles de roche se dressent par milliers devant les falaises côtières. »

 


L’un des stack le plus connu en France, celui de l’aiguille d’Étretat, illustre parfaitement ces lieux qui portent la trace de l’état passé de la côte.

 

- On a beaucoup discuté l’entreprise de Pierre Nora qui a débouché sur le « devoir de mémoire » instituant une obligation de conserver cette « mémoire des traces » - sans doute en espérant que cette mémoire permettait d’activer l’autre, celle des récits et du « narratif » pour parler comme aujourd’hui. 

Mais quelle différence ? Si les lieux de mémoire de Pierre Nora sont des lieux authentiques, on ne compte plus aujourd’hui les « Mémorials » entièrement neufs dont la seule réalité est de faire écho à des évènements dont on veut réactiver le souvenir.

D’ailleurs, la distinction entre le « lieu » et le « narratif » est un peu artificielle. Les lieux n’ont de réalité que pour autant qu’ils sont imprégnés de l’histoire qu’ils portent. Par exemple, la « salle de la reddition » à Reims où a été signée la capitulation allemande le 7 mai 1945 (demain 80 ans) n’est un lieu porteur d’émotion que pour autant qu’on possède déjà le récit de l’évènement qui y eut lieu.

Or, à part l’émotion, je ne vois pas sur quoi porterait le devoir de mémoire.