Bonjour-bonjour
« J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. » a écrit Nizan dans Aden Arabie. Il faudrait reprendre la formule et écrire aujourd’hui : « J’ai eu 30 ans et je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ! » Du moins s’agissant des femmes pour les quelles 30 ans, c’est l’âge des « panic years » - (1)
Un article récent s’interroge sur les années-charnière dans la vie des femmes : la trentaine. C’est l’âge auquel tombe sur elles l’injonction de « s’accomplir dans la vie » - cette vie qui leur glisse entre les doigts. Bientôt on dira qu’elles sont « passées à côté de leur vie »
- Ainsi Amandine : « Depuis qu'elle a 30 ans, elle ressent un mal-être diffus et constant à l'égard du temps qui passe : « C’est comme si j'étais en retard sur ma vie et que le temps m'était compté. J'ai aussi le sentiment que chaque pas que je fais, ou ne fais pas, peut mettre toute ma vie en péril. » lit-on ici.
L’article énumère ensuite les incertitudes auxquelles les femmes de 30 ans sont soumises : succès dans la compétition professionnelle, crise climatique, violences conjugales… Elles travaillent dur sans savoir de quoi demain sera fait. Mais là n’est peut-être pas l’essentiel ; car les hommes eux-mêmes sont soumis aux mêmes incertitudes et pourtant ils n’ont pas le sentiment d’urgence que ressentent les femmes : « Dans l'imaginaire collectif, un homme qui réussit sa carrière sur le tard, qui se met en couple et qui fait des enfants après 40 ans, ou n'en fait pas, n'est pas passé à côté de sa vie » (Toutes ces citations sont de l'article cité)
- L’insouciance des hommes révèle par contre coup l’origine de l’inquiétude des femmes : « /Les hommes/ considèrent qu'ils ont tout leur temps, n'ont aucune inquiétude concernant une baisse éventuelle de leur degré de désirabilité avec les années, sont confiants sur le fait qu'ils trouveront une partenaire lorsqu'ils auront envie d'être en couple et de faire des enfants. Au fond, ce que ça nous dit, c'est qu'à ce moment-là, ils cibleront des femmes plus jeunes pour qui l'horloge biologique n'est pas un sujet. »
La différence vient de l’existence d’une « horloge biologique » présente dans le corps des femmes et qui annonce la transformation de la ménopause.
Dès 30 ans ce qui se révèle donc c’est que pour les femmes le temps est compté. Le temps de la séduction, celui de la possibilité de former un couple, et finalement, celui de la maternité. On sait que là est le principal souci : certaines entreprises offrent à leur cadres féminins la prise en charge du coût de la cryogénisation de leurs ovules afin de les féconder in vitro et de les réimplanter quand leur carrière sera établie, la quarantaine venue.
Alors que les hommes mettent 60 ans à « passer à côté de leur vie », c’est dès 40 ans que les femmes risquent de le faire.
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(1) « Le terme «panic years» est apparu en premier dans l'ouvrage du même nom (The Panic Years – Dates, doubts and the mother of all decisions), publié en février 2021 par la journaliste britannique Nell Frizzell. Il désigne les années durant lesquelles les femmes font face à des injonctions liées au couple, à la maternité, au travail et à leur place dans la société, durant une période globalement comprise entre le milieu de leur vingtaine jusqu'à la fin de leur trentaine (ou le début de la décennie suivante). » (art. cité)
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