Bonjour-bonjour
Un médecin interrogé sur l’état moral de ses patients répondait « Ils sont tous déprimés, anxieux, méfiants à l’égard du futur » Et quand on lui a demandé comment les soigner, il a répondu : « Il est inutile de leur faire prendre des médicaments pour corriger leur humeur morose. La fuite de l’actualité est une stratégie cognitive qui est pour eux le meilleur remède. »
C’est cette situation que relaye cet article : « À la radio, le lendemain de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, un reportage cueille des Français au sortir d'une séance de cinéma et enregistre leur incrédulité : « Non ? Encore Lecornu ? Vous déconnez ? » En début de semaine, c'était dans un café où ils étaient un tas à faire entendre leur lassitude : « De toute façon, j'ai arrêté, je ne suis plus l'actualité. »
La répétition n’est pas en soi une souffrance : certains supporters se repassent en boucle des dizaines de fois la vidéo du but victorieux de leur équipe favorite : une bouffée d'adrénaline à chaque fois, c’est sans danger. Toutefois, il faut bien voir que ce dont les informations regorgent, ce sont les mauvaises nouvelles, les infos angoissantes ou humiliantes. C’est ainsi que systématiquement reviennent les situations où l’on considère que la France est « le mauvaise élève de l’Europe », qu’elle inquiète le monde avec ses finances à la dérive, son Président emprisonné comme un vulgaire malfrat et ses musées-passoires.
Il faut bien voir que l’auditeur n’a strictement aucun pouvoir sur ces évènements. N’en étant pas l’auteur il ne peut ni les empêcher ni effacer leur retentissement. D’où un effet délétère sur le psychisme et le conseil des spécialistes de fuir ces informations.
Quoi de plus simple ? Et pourtant ce sont les mauvaises nouvelles qui font de l’audience, ce sont elles qu’on recherche, un peu comme si elles seules pouvaient constituer un évènement.
- Masochisme ? Peut-être, mais pas forcément. On le sait depuis longtemps : les journaux ne parlent jamais des trains qui arrivent à l’heure. Ce qui nous intéresse, c’est ce qui dérange l’ordre comme l’éclipse de soleil en plein midi.
Il y a certes différentes façon de « déranger l’ordre » : en apportant un résultat meilleur qu’attendu ou au contraire en brisant nos espoirs. Toutefois, l’échec de nos désirs ne les détruit pas : leur incessante renaissance explique nos incessantes déceptions qui finissent par altérer notre humeur.
Descartes disait vouloir changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde. Nous avons une solution intermédiaire : changer le mode de satisfaction de nos désirs.
En avant les fantasmes !
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