Les passions sont funestes dans la vie politique de terrain. Ainsi, embrasée par la haine des étrangers, l’opinion publique se déchaine actuellement contre le criminel qui a assassiné Philippine après l’avoir violée. Étranger sur le point d’être expulsé, il n’aurait pas dû être sur le territoire au moment où il a commis son crime. Le ministre de l’intérieur lui-même n’hésite pas à attiser cette haine, allant jusqu’à promettre dans cette occurrence d’outrepasser les règles de l’État de droit.
- Dehors les étrangers !
Mais qui donc s’en prend à la récidive d’un violeur qui a été condamné pour ce même crime en 2021, qui viole et tue Philippine 3 mois après avoir été libéré en 2024 ? Car enfin, qu’importe la nationalité du criminel, seule compte son existence.
La question a été quand même soulevée par la première victime du violeur qui écrit cette lettre à l’AFP : « Je suis la première victime de Taha O. /…/ J’ai tout fait pour que ce qui m’est arrivé ne se répète pas. Pourquoi le système pénitentiaire a-t-il failli à prévenir cette récidive ? Pourquoi n’a-t-on pas su arrêter cette escalade de la violence jusqu’au meurtre d’une jeune femme ? ».
- Le risque de la récidive est souvent – très souvent – dénoncée contre ces criminels qui semblent irrécupérables. Dans ces cas, l’opinion publique réclame en général le rétablissement de la peine de mort : « À mort les assassins d’enfants, de flics, de femmes » - j’en oublie mais on a déjà un portrait de ces détenus qui sont maintenus en prison non seulement pour expier leur faute, mais encore pour les empêcher de nuire encore et toujours aux honnêtes gens.
On sait que la prévention de la récidive est prise en charge lors de l’exécution de la peine par des services compétents. L’obligation de soins est même imposée dans certains cas ; mais les psychiatres le disent : « On ne peut maintenir en prison tous ceux qui présentent des risques car il faudrait priver de liberté 99% de ceux qui se révèleront inoffensifs ».
Mais ce petit 1% d’échec suffit à déchainer les protestations. Car chacun imagine sa femme, sa fille, sa sœur – sa mère ! – victime des violeurs en série.
Je ne donne pas longtemps pour entendre le ministre de l’Intérieur (celui qui réclame d’outrepasser l’État de droit) réclamer le rétablissement de la peine de mort. Seul moyen d’empêcher quelqu’un de récidiver.
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