lundi 30 septembre 2024

Bon mari, bon père, et odieux violeur – Chronique du 1er octobre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, je lis ceci : « /Au procès de Mazan/ la sidération des épouses reste entière face à ces faits qui ne collent en rien avec le bon mari et le bon père qu’ils (= les hommes mis en cause) ont été par ailleurs. La plupart ignoraient même qu’ils étaient infidèles, mais leur pardonnent, évoquant un moment d’égarement et un « piège » dans lequel ils seraient tombés par naïveté. »

Si nous laissons de côté les observations qui, en soupçonnant la volonté de mettre à l’abri le chef de famille, banalisent les faits, tentons de comprendre ces affirmations dans leur sincérité. Ces femmes maintiennent que leurs maris sont des hommes tout à fait « normaux » et donc qu’ils ne peuvent être des violeurs. On ne peut être à la fois et un homme normal et un violeur. Pour parler comme les physiciens, cette « superposition d’état » est radicalement impossible. Si vous êtes un violeur, vous l’êtes dans votre substance du matin au soir et du soir au matin. Vous parlez comme un violeur, vous regardez les gens comme un violeur – et même vous mangez et vous buvez comme un violeur, vous dormez comme un violeur, vous vous brossez les dents comme un violeur. Aucune place pour ces pervers qui voient dans les femmes des objets dont la capture et l’utilisation à des fins de jouissance est absolument licite.

- Et c’est là que le soupçon de dérive face aux valeurs de l’humanité apparait. La cloison entre la femme-sujet respectable et la femme-objet manipulable est peut-être moins étanche qu’il n’y parait. On a l’habitude d’établir une frontière entre ces deux visions en traçant une démarcation entre la femme honnête et la femme de mauvaise vie. C’est bien commode. Et si, parfois, au cours de la même journée ces deux femmes n’en faisaient qu’une ? Impossible ? Pourtant face au désir charnel, le partenaire amoureux est parfois transformé en objet de jouissance faisant oublier dans la fureur de l’assaut l’être aimé.

 

- Ne sommes-nous pas en train de banaliser les violeurs de Mazan admettant au contraire de leurs épouses que tout homme honnête est un violeur qui reste ignoré ?

Puisque nous sommes dans l’évidence de l’expérience quotidienne allons jusqu’au bout des faits. L’amour fusionnel a ceci de remarquable qu’il réalise justement la superposition d’état : au cours des ébats sexuels, la pulsion qui « utilise » le corps de l’autre comme un objet est toujours en contact avec l’amour du sujet – auquel on offre son propre corps.

Ceci bien sûr avant que le temps ne dégrade l’amour en acte machinal pour qui la jouissance ne repose plus que sur des fantasmes : plus de sujet aimé, mais aussi plus de violence : le corps avec lequel on fait l’amour est juste un support pour un acte imaginé.

Sorti de la période fusionnelle, considérer le corps de l’autre comme un objet est permanent : il est la surface sur laquelle vient de projeter le fantasme. 

Et l’amour, b*** ? N’est-il que la réciprocité des fantasmes ? 

Peut-être. En tout cas « la réciprocité des fantasmes » serait une bonne définition du consentement.

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