lundi 14 mars 2022

L’effet papillon – Chronique du 15 mars

Bonjour-bonjour

 

Le pétrole enfin à la baisse ! Comment cette bonne nouvelle est-elle possible ? L’OPEP aurait-elle décidé d’augmenter significativement sa production ? – Certainement pas.

Aurait-on levé l’embargo sur le pétrole iranien ? – Que nenni.

L’information vient de plus loin : il s’agit du confinement de Shenzen faisant suite à une nouvelle flambée du variant Omicron. « Le confinement de l'agglomération chinoise, surnommée la "Silicon Valley of China" pour son rôle essentiel dans les nouvelles technologies, contribue paradoxalement à l'apaisement des tarifs pétroliers dans la mesure où ces nouvelles restrictions pourraient freiner la demande énergétique chinoise. » apprend-on de cette source bien informée

Autrement dit, parce que l’épidémie flambe dans une ville de Chine, nous allons payer moins cher le carburant à la pompe du Leclerc. Bientôt il suffira qu’un tremblement de terre ou une irruption volcanique ait lieu quelque part là où l’on extrait – par exemple – des terres rares et voilà que tout un pan de l’économie mondiale va s’effondrer.

Il s’agit bien de « l’effet papillon », du nom de ce phénomène caractérisé par l’écart énorme entre une cause minime et son effet gigantesque (1). On dira que le confinement de 18 millions de personnes, même en Chine, ce n’est pas minime. Mais néanmoins il s’agit-là d’un phénomène qui a lieu dans un secteur éloigné des prix pétroliers.


C’est justement là qu’est le problème : il n’y a semble-t-il plus aujourd’hui de secteur isolé – tous sont intriqués les uns avec les autres du fait de la mondialisation de l'économie et de la démultiplication des besoins technologiques. Du temps des cathédrales on se contentait de bœufs pour déplacer les pierres venues de la carrière voisine et du bois des forêts avoisinantes pour la charpente ; du coup on était à peu près sûr de pouvoir terminer Notre-Dame de Paris. Ça prenait un siècle, mais on avait confiance : on irait jusqu’au bout. 

Aujourd’hui, du fait de la diversité des sources d’approvisionnement, leur cohésion  mondiale est beaucoup plus incertaine, surtout si on ajoute à cela les troubles politiques entrainant embargo ici et destruction là. 

Or, justement l’un des ressort de l’économie est la confiance dans l’avenir. Je ne prête si je suis sûr de récupérer mon argent : sinon je fais monter les intérêts – ou alors je m'abstiens, à moins que je préfère investir là où l’avenir politique est garanti : d’où la prédilection des capitaux pour les dictatures bien fermes. Faute de pouvoir éliminer les obstacles, on tâche les prévoir et d’en tenir compte dans les réalisations.

Mais quand les mutations aléatoires d’un virus s’en mêlent c’est la panique à Wall Street.

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(1) L’« effet papillon » est une théorie météorologique selon laquelle un battement d'ailes de papillon au Brésil peut provoquer une tempête au Texas (voir ici)

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