lundi 5 mai 2025

Avez-vous le « beurk » facile ? – Chronique du 6 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Une étude fort sérieuse (lire ici) découvre un phénomène sans doute facile à observer mais le plus souvent négligé. Il s’agit des « icks » qu’on peut traduire en français par « beurk ». Abréviation du mot « yuck » en anglais, le ick est ce « petit truc insignifiant » qui nous fait passer en un éclair de l’attraction au dégoût. Petit détail physique, tic de langage, vêtement, goût culturel etc., il n’a pas son pareil pour éteindre la flamme amoureuse, jusqu’à parfois provoquer la rupture.

Vous lirez dans cet article la liste de ces détails qui tuent-l’amour, mais je crois devoir souligner la distance qui sépare leur importance objective, tout à fait mineure, de leur effet délétère sur la relation qu’ils détruisent. L’article évoque le cas de cette jeune femme attirée par un jeune homme physiquement très réussi mais rebutée par le T-shirt déchiré sous les aisselles qu'il portait toujours.

 


Ces petits détails sont jugés avec sérieux par les psychiatres :

--> Ils constituent en réalité la partie émergée d’un iceberg affectif : ce dégoût soudain peut « cristalliser une accumulation : une suite de petites déceptions, une tension sous-jacente, un besoin non reconnu ou non exprimé », ou encore « être le signe d’une colère enfouie, d’une rancœur silencieuse, envers l’autre, ou envers ce que la relation fait émerger en nous ».

Il s’agit donc d’un phénomène bien connu : notre attitude vis-à-vis d’autrui est révélatrice de nous-mêmes, miroir de notre intériorité la mieux cachée qui se déploie ainsi au grand jour dans l’énigme de nos répulsions.

- Que faire ? Négliger ces signes ? Dangereux et sans doute inefficace. Les tolérer en toute connaissance de cause ? Sans doute, mais pour cela il va falloir réviser notre attitude vis-à-vis de la réalité. « Il s’agit de redonner une place à l’authenticité, à la nuance, à l’imperfection - bref, au réel. Et, peu à peu, développer la capacité à tolérer l’autre - et soi-même - dans toute notre (imparfaite) humanité », explique la psychologue clinicienne et thérapeute de couple Claire Petin.

o-o-o

Il s’agit donc de réviser notre appréhension de la réalité, la prendre non pour une donnée fiable, mais pour un mixte qui associe ce qui existe effectivement en dehors de nous qui est inamovible et ce que nous en savons à partir de nos réactions émotionnelles qui sont subjectives – et que nous pourrons peut-être modifier.

Devrait-on aussi réviser nos ravissements qui nous font adorer cette femme dans sa manière de porter son sac à main ou de mettre son smartphone contre sa ravissante oreille ? 

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