dimanche 11 mai 2025

Pour une « défonce » inoffensive – chronique du 12 mai

Bonjour-bonjour

 

Les drogues sont un fléau pour les sociétés qui cherchent à en limiter– voire même à en supprimer – la consommation. Outre la présence de ces drogues dans la totalité des pays, on peut s’interroger sur leur origine dans le temps : pour ne parler que de lui, le pavot est connu depuis très longtemps pour la substance qu’on peut en tirer à savoir l’opium. On sait que l’alcool a sans doute été découvert par hasard lorsque des fruits tels que le raisin restés sur les branches ont fini par y fermenter spontanément. Des représentations rupestres de récipients destinés à contenir cet alcool naissant ont même été identifiées.

- Il y a plus. Les études scientifiques ont conclu non seulement à l’ancienneté de ces substances, mais aussi à leur contrôle très strict : « La plupart des traces matérielles /de ces substances psychoactives/ proviennent de tombes d’élites et de sites cérémoniels réservés, ce qui indique la possibilité que la consommation de produits psychoactifs était socialement contrôlée en Europe préhistorique » (Lu ici)

La lutte contre la consommation de drogues a donc été portée au cours de l’histoire par des soucis très différents : alors que de nos jours elle illustre la volonté des États de contrôler la santé physique et mentale de la population, au cours de la préhistoire elle a été portée par le désir de conserver aux élites le privilège d'entrer en contact avec un outre-monde surnaturel.

Peut-être faudrait-il réfléchir aujourd’hui à ces deux racines de la consommation de drogues dans les sociétés contemporaines. Sont-elles éradicables ? Je veux dire : la recherche des sensations voluptueuses, tout comme le goût pour ces paradis artificiels dont parle Baudelaire, paraissent aussi anciens que l’humanité même. Alors, pourquoi la science ne se mobilise-t-elle pas pour rechercher des dogues qui assurent la production de substances aussi efficaces que les drogues naturelles tout en étant inoffensives pour l’organisme humain ? On me dira qu’il faudrait que la société puisse continuer à fonctionner malgré une population qui dissipe son énergie dans des rêveries au lieu de la mobiliser dans des productions utiles pour la vue commune. La découverte de modèles sociaux nouveaux intégrant ce paramètre devrait être la mission essentiel de l’État.

Là serait le projet politique véritablement digne de l’humanité.

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