mercredi 21 mai 2025

Lu sur des bulletins scolaires – Chronique du 22 mai

Bonjour-bonjour

 

J’ai lu ceci sur les bulletins scolaires de mes petits-enfants : à performances égales, l’un (= garçon) a cette appréciation : « Résultats prometteurs » et l’autre (=fille) « Résultats encore fragiles ». Et il ne s’agit pas là de stéréotypes venus de milieux sociaux retardataires : il s’agit de délibérations d’enseignants qui tous les jours débattent entre eux des performances de leurs élèves.

Alors qu’Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale s’efforce de favoriser l’investissement et la réussite des filles dans les matières scientifiques, Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation vise plutôt les stéréotypes de genre ; selon lui on valorise les garçons en disant d’eux qu’ils sont brillants ; et les filles en leur accordant le sérieux dans le travail. Outre les inégalités sociales, ces stéréotypes constituent pour les filles un lourd handicap. Au fond, en valorisant les garçons comme étant brillants on les considère comme « prometteurs » ainsi que dit ci-dessus. Et les filles ? Qu’ont-elles à nous promettre ? Elles sont sérieuses, consciencieuses, d’où leur fragilité : elles ne pourront jamais apporter à leurs études autre chose que ce qu’elles ont déjà montré.

 

--> J’ai été prof moi aussi, et je sais combien certaines appréciations peuvent être mortifère. Voyez celle-ci : « Travail sérieux. Résultats insuffisants. » - cruel n’est-ce pas ? On dira peut-être : « Bof ! les profs ils ont des formules toutes faites qu’ils ressortent par paresse pour éviter de trop s’engager. » Mais c’est faux : ils s’engagent de toute façon car leur avis même stéréotypé est décodé vite-fait comme attitude révélatrice d’indifférence. Voyez par exemple l’avis : « Peut mieux faire ». N’est-ce pas la révélation « Ce garçon (ou cette fille) ne m’a pas intéressé de toute l’année. Je n’ai rien à dire contre lui (elle), mais rien de positif non plus. » ?

 

Les profs devraient, comme le suggère Philippe Meirieu, être attentifs à la façon dont leurs élèves perçoivent leur attitude. Au cours d’une rencontre parents-profs, j’ai reçu les parents d’une élève qui m’ont dit « Notre fille nous a dit avant cette réunion « Ce n’est pas la peine d’aller voir le prof de philo. Il ne saura même pas qui je suis ».

Ce n’était pas vrai… mais un peu quand même.

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