mercredi 15 novembre 2023

Siffler en travaillant… - Chronique du 16 novembre

Bonjour-bonjour

 

Il fut un temps où le travail était la pire des servitudes, assimilant le travailleur à un esclave. Marx élaborait alors sa théorie de l’aliénation (au travail l’ouvrier est « à côté » de lui-même ; il n’est lui-même « qu'après » le travail). Les spécialistes de l’étymologie rappelaient à qui voulait l’entendre que l’origine du mot était le latin « tripalium », instrument de torture.


- Et puis, voilà que le monde de l’entreprise a remplacé celui de la fabrique et de l’usine ; que les patrons ont été remplacés aux commandes du personnel par les managers ; enfin que la notion de durée de travail a été redoublée par celle de charge de travail.

Toutefois les enquêtes le disent : aujourd’hui encore la prise en compte de cette charge est insuffisante alors même que « réguler la quantité de travail de chaque salarié de l’entreprise contribue à optimiser la productivité tout en réduisant l’inconfort ou le désengagement des employés comme des manageurs, voire à éviter les burn-out » (Cf. ici)

Pour l’observer et pouvoir suivre sa régulation dans les entreprises, l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) a élaboré un modèle qui en distingue trois composantes : 

* la charge prescrite, qui désigne ce que le prescripteur demande à l’employé de réaliser, le travail à faire

* la charge réelle qui correspond aux conditions, aux outils mis à disposition et à la façon de faire ce travail

* la charge vécue, plus subjective, est la perception par le salarié de ce travail et de sa réalisation. (Article référencé)

 

 Appliquons cette grille aux Nains de Blanche Neige (1) :

1° Quelle est la charge prescrite ? Combien de tonnes de diamants leur faut-il extraire en un laps de temps défini ? On n'en sait absolument rien et c’est là la grave lacune du conte : à moins que les Nains soient leur propre patron et leur mine une auto-entreprise ?

2° Dans quelle condition doivent-ils faire leur travail ? Ils disposent de pioches et de pelles, et de rien d’autre : pas de marteau piqueur, par de dynamite, pas de barre à mine : Stakhanov était mieux équipé ! Mais ne l’oublions pas : leur mine regorge à ce point de pierres précieuses qu’elles tapissent les parois de la caverne, il n’y a plus qu’à les recueillir.

3° Clairement, les Nains sont heureux de travailler, au point qu’ils « sifflent en travaillant », comme un peintre en bâtiment, alors qu’ils font un travail réputé pour sa dureté.

 


Conclusion : demandons à être notre propre employeur ; cherchons un créneau où la demande excède l’offre ; et enfin soyons conscients que le travail est le lieu de notre épanouissement. 

Bref : aujourd’hui les Nains de Blanche-Neige auraient fondé leur start-up spécialisée dans l’IA.

Et pour remplacer Blanche-Neige, ils feraient appel à Petits-fils.

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(1) Ils sont mineurs dans une mine de diamants, et ils rentrent du boulot satisfaits de leur journée. Le vrai labeur, c’est de tenir leur maison, chose que la jeune et belle princesse va faire à leur place.

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