samedi 31 mai 2025

Que ma joie demeure – Chronique du 1er juin

/Je prends comme titre de ce Post celui d’un choral de Bach (Cantate BWV 147) « Jesus bleibet meine Freude », connu en français sous le nom « Jésus, que ma joie demeure » bien qu’il s’agisse d'un contresens : le sens littéral correspond à l'affirmation : « Jésus demeure [reste / continue à être / restera toujours] ma joie »./

 

Bonjour-bonjour

 

Pour ceux qui passent leur nuit à écouter la radio plutôt qu’à dormir, la joie des supporters du PSG a été perçue comme une irruption volcanique d’allégresse. Il faut dire que la victoire du club parisien en finale de la coupe d’Europe, associée au score (5-0), faisait de leur équipe une géante du monde footballistique.

C’est ce flot permanent de l’exultation qui faisait la surprise. Écoutez plutôt Spinoza parlant de la joie : « La joie est le passage de l'homme d'une moindre à une plus grande perfection. » Pour Spinoza la joie est un processus dynamique qui ne dure qu’autant qu’il faut pour passer d’un niveau de perfection de l’être à un autre. Et ça prend combien de temps ? Quelques minutes ? Or, c’est plusieurs heures durant que les supporters du PSG on laissé déborder leur allégresse. Autant dire que cet étourdissement a été consécutif à une éruption phénoménale, donnant ainsi la mesure de l’évènement.

 

 

 

Bien – Et aujourd’hui ? Il est possible de revivre un tel évènement de façon imaginaire et donc de ressentir à nouveau cette joie. Mais c’est une joie de second ordre qui ne saurait alors recréer la réalité originaire : les supporters du club de football parisien vont devoir exiger que leurs joueurs fassent de nouveau preuve de leur prestige par de nouveaux succès aussi glorieux que celui qu’ils viennent de réaliser. 

Cela si tant est que ce que l’on désire c’est moins la perfection que le perfectionnement.

vendredi 30 mai 2025

Le bénéfice du doute. – Chronique du 31 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Lu dans une Gazette des tribunaux : « Lors d’une même audience, les juges du tribunal correctionnel de Reims (Marne) ont relaxé deux suspects d’agression sexuelle sur une mineure et de violence intrafamiliale. En cause, la fragilité d’enquêtes négligées. » La suite à lire ici est un catalogue de négligences, de ratées, tel que la date retenue pour les faits incriminés et qui ne correspond à rien.

Depuis la vague #MeToo, en 2017, les violences faites aux femmes sont plus souvent portées devant la justice et condamnées /…/ Toutefois de nombreuses affaires finissent classées sans suite, en raison d’absence de preuves.

La vérité, c’est que nous ignorons le plus souvent les suites judiciaires qui sont données à ces affaires qui, grandes ou petites, ont alimenté la rubrique faits-divers. On se contente de la vérité judiciaire : la relaxe au bénéfice du doute ne signifie pas que le délit n’a pas été commis ; simplement, les éléments matériels font défaut. Car, voyez-vous, « Il n’a a de fumée sans feu »

Indifférence ? Peut-être pas, mais du moins insensibilité au verdict. Car pour l’opinion publique, l’incrimination suffit à déclencher des gestes et des attitudes ostracisantes qui sont insensibles aux insuffisances de la mise en cause aussi bien que de la longueur de la peine prononcée par les tribunaux.

Pour l’opinion publique le délit est constitué dès lors que des présomptions peuvent être réunies – et cela indépendamment de la matérialité des faits. Que vous soyez un homme, que la plaignante soit votre fille (ou belle-fille), que votre peau ne soit pas tout à fait blanche – et vous voilà jugé !

Mais, attention ! Cela marche aussi en sens inverse. Que vous soyez chirurgien, même si vous avez été déjà condamné pour des délits sexuels : vous voilà tranquille, vous pourrez violer tranquillement pendant plus de 20 ans près de 300 victimes.

 


Vous voyez ce que je veux dire…

jeudi 29 mai 2025

Du goût et des couleurs… - Chronique du 30 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

« /A Cannes/ Isabelle Huppert, fidèle à Balenciaga, avait choisi quant à elle un total look denim du créateur. Mais la veste en jean portée à l’envers et la longue jupe qui mangeait la silhouette de l’actrice n’ont pas vraiment séduit les fans qui ont déploré, pour certains, un manque d'élégance » (Lu ici)

 

 

 

La tenue Balenciaga (oui-oui) portée par l’actrice à Cannes a laissé sans voix nombre de ses admirateurs. Certes on a le droit de revisiter les tenues vestimentaires courantes. Du temps de ma jeunesse on avait l’habitude de porter son pull à l’envers de sorte que l’étiquette devienne apparente. Mais là, ça devient n’importe quoi – et encore n’a-t-on pas sur cette photo de vue sur la silhouette de l’actrice (sauf les manches bien trop longues).

Il est vrai que « du goût et des couleurs on ne peut discuter » - comprenez que ce qui est purement subjectif est en dehors d’un débat quel qu’il soit. On sait combien de choix esthétiques jugés discutables sur le moment ont été jugés par la suite des sommets de l’art et de la beauté. Il n’est que de se rappeler le jugement calamiteux porté sur les peintures « impressionnistes » - terme choisi pour souligner l’inconsistances de ces œuvres.

Mon impression est que, faute de pouvoir démontrer que la tenue vestimentaire d’Isabelle Huppert est « belle », il nous faudrait quand même une explication des choix qui ont été faits : 1) pourquoi le « denim » ? 2) pourquoi une jupe là où on attendrait un pantalon ? 3) Et pourquoi le blouson (= la veste ?) enfilé à l’envers ? 4) Et que dire de la silhouette de l’actrice ainsi habillée ? 5) Et pourquoi Isabelle Huppert a-t-elle accepté de paraitre ainsi accoutrée sur le tapis rouge de Cannes ?

 Je sais bien que la réponse facile est « Pour faire parler les bavards »

Trop facile, justement.

mercredi 28 mai 2025

Not in my backyard – Chronique du 29 mai

Bonjour-bonjour

 

Comment réduire le déficit des comptes publics ? Pas compliqué : ou bien vous diminuez les dépenses ; ou bien vous augmentez les recettes.

En démocratie, c’est la majorité qui fixe le cap. Ainsi : 

* Près de six Français sur dix (59%) souhaitent une diminution des aides sociales pour lutter contre le déficit budgétaire.

* Ils suggèrent également de baisser le nombre de fonctionnaires, pour 57% des votants, en hausse de 3 points sur un an.

Ainsi il suffit de moins dépenser. Quant à ceux qui pensent malgré tout à augmenter les recettes fiscales,

* ils sont 18% (+4 points en un an) à penser que l’augmentation des impôts et des taxes pour tous les Français serait l’une des solutions. (Tous ces chiffres à retrouver ici)

 

Ainsi le budget de la France peut se rétablir à condition de ne pas affecter ceux qui décident des moyens de le faire. Quant à la justice et au respect d’un Contrat social équitable, il n’en est pas question. Ou plutôt : que les pauvres aient besoin de secours je suppose que tout le monde y consentira. En revanche, que soit moi qui ait à mettre la main à la poche pour les secourir – ça, pas question.

On ne peut parler de démocratie dans de telles conditions. Ou plutôt, observons que l’accord sur les valeurs fondamentales d’une société ne signifie pas grand-chose tant qu’on n’a pas dit comment on allait réaliser ces objectifs.

On s’extasie devant le « modèle français » de justice sociale. Mais on oublie de dire que 6 français sur 10 souhaitent l’appauvrissement des pauvres si telle est la condition pour ne pas avoir à payer eux-mêmes.

mardi 27 mai 2025

L’érotisme c’est là où le vêtement baille – Chronique du 28 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez la définition de l’érotisme donnée par Roland Barthe ?

La voici : « L'endroit le plus érotique d'un corps n'est-il pas là où le vêtement bâille ?... Celui de la peau qui scintille entre deux pièces (le pantalon et le tricot), entre deux bords (la chemise entrouverte, le gant et la manche) ; c'est ce scintillement même qui séduit, ou encore : la mise en scène d'une apparition-disparition. » Roland Barthes – Le plaisir du texte

Et maintenant la question est : de quelles dimensions les trous et les bâillements ? Juste des interstices, ou bien des vastes échancrures ? La question parait oiseuse, mais elle mérite d’être testée.

Car, voici la robe dans laquelle Jennifer Lopez est apparue aux derniers American Music Awards :

 

 

Robe que même Gala décrit comme « laissant peu de place à l’imagination ».

Et c’est bien vu : car ce qu’on veut, ce n’est pas « voir », mais « imaginer ». Or les appâts de Jennifer Lopez sont si bien exposés qu’il semble que sa robe ne soit là qui pour attirer le regard. Or, l’érotisme doit laisser place non seulement à l’imagination, mais également à la chance : saisir par chance le moment où l’échancrure se met à bailler- l’instant d’après, pfuittt ! plus rien. Madame Lopez parait moins comme le scintillement du désir mais comme un mannequin à mettre dans la vitrine.


On l’imagine avec ça planté dans les nichons :




lundi 26 mai 2025

Un bourre-pif bien touchant – Chronique du 27 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Je sais : donner de l’audience à ce qui sert de support aux attaques contre la France, c’est très discutable. Pourtant le geste de Brigitte Macron pour repousser son mari surpris lors de l’ouverture de la porte de l’avion présidentiel à Hanoï a quelque chose de touchant, voire même d’attendrissant qui, une fois écartés les commentaires baveux des réseaux sociaux, reste intéressant à observer.

 


L’image que je publie ici ne rend pas vraiment compte du geste surpris : car s’il repousse le Président, dans la fraction de second précédente, celui-ci semblait se rapprocher de son épouse, comme quelqu’un qui voudrait faire un bisou et écarté dans le même instant.

S’agirait-il d’un baiser refusé ? Ce qui serait raccord avec l’interprétation donnée par Emmanuel Macron lui-même avouant qu’il s’agissait d’une chamaillerie ?

 

Les russes font de cet évènement une preuve que le Président français n’est pas le « mâle alpha » qu’ils admirent en la personne de Vladimir Poutine. Mais nous avons notre propre appréciation de cette séquence, à commencer par le plaisir de constater que, même en étant Président, on a une vie comparable à celle des autres français.

Imaginons :

- Elle : J’en ai assez de tes voyages, tu n’es jamais là – et moi ; qu’est-ce que je fais pendant ce temps ?

- Lui : mais tu es injuste. Regarde : je t’emmène avec moi au Viêt-Nam. Tu vas voir, tous ces gens sont charmants, je suis sûr qu’ils t’aiment déjà.

- Elle : Oh, ça va bien, hein. Arrête de te moquer de moi. Tu sais bien que mon séjour est déjà bloqué par les cérémonies prévues par tes services.

- Lui : Allez, Bribri, on se calme. Un petit bisou…

… Vous connaissez la suite

dimanche 25 mai 2025

La diplomatie du bambou – Chronique du 26 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Arrivant au Viêt-Nam, le Président Macron va devoir appliquer les règles de la « diplomatie du bambou » pratiquée dans ce pays.

 


« Cette stratégie flexible, connue sous le nom de « diplomatie du bambou », vise à équilibrer les deux superpuissances que sont l’Amérique et la Chine. Au Viêt-Nam, cette posture de "puissance d'équilibre" implique que le pays veille à trouver une certaine égalité dans ses relations avec la Chine et les États-Unis, afin de maximiser ses intérêts commerciaux, dans la lignée de sa "diplomatie du bambou". » (Lu ici) C’est dans cette souplesse manœuvrière que la France cherche à insérer des accords commerciaux à son bénéfice – ainsi qu’à ceux de l’Europe. D’ailleurs pour qu’on ne s’y trompe pas, voici une liste des patrons d'entreprises françaises qui accompagnent le président dans tout ou partie de sa tournée : celui d'EDF, de Dassault Aviation, d'Airbus Aviation, de Naval Group, d'Eramet ou encore de CMA GCM. (Art. cité)

 

J’aime bien ce choix de la souplesse dans les relations internationales qui évite de régler les différends à coup de canons. C’est aussi l’occasion de revenir à cette stratégie du roseau venue de La Fontaine. Car, bambou ou roseau, la question est de savoir si le fait de plier implique néanmoins une véritable résistance : on peut ainsi envisager cette robustesse comme venant de la souple matière dont sont constituées ces plantes. Mais on peut aussi considérer que cette résistance provient de l'équilibre qui consiste à faire jouer une force contre l’autre : se protéger de la Chine par la protection de l’Amérique et réciproquement. Et en généralisant ce principe, penser qu’en venant au Viêt-Nam, ancienne colonie française, le Président Macron va certainement célébrer le souvenir des combattants qui se sont affrontés durant "notre guerre du Viêt-Nam" :  soldats du contingent français contre Vietminh.

Mais je note avec satisfaction que cet équilibre devrait être rompu en penchant du bon côté : les deux présidents déjeuneront au temple de la Littérature, lieu emblématique de la culture vietnamienne.

samedi 24 mai 2025

« Ils » ont voulu saboter le Festival ! – Chronique du 25 mai

Bonjour-bonjour

 

Hier, au moment où tous les yeux étaient braqués sur la Croisette où se préparait la cérémonie de clôture du Festival du cinéma, une gigantesque panne d’électricité avait lieu affectant non seulement les Alpes-Maritimes mais aussi le Var.

Le préfet a dénoncé des "actes graves de dégradations" affectant l’infrastructure électrique, un incendie volontaire ayant touché un poste électrique tandis qu’un pylône électrique subissait des « dégradations majeures ».

 

 

Photo prise à Villeneuve-Loubet

 

Tandis que les habitants redécouvraient les misères d’un monde sans électricité, dans lequel on ne peut plus sortir de chez soi, bloqué par les ascenseurs ou par la porte électro-pilotée, où les rues sont privées de feu rouges et où les téléphones ne fonctionnent plus, l’information principale était : « Ils » ont voulu saboter le Festival » ! 

Qu’importe de savoir qui a voulu une telle chose : l’important est qu’elle ait été possible. Que les multiples rouages de cette grosse machine impliquant des milliers de gens – y compris pour la sécurité – aient été inopérants en face de ces actes si primitifs et si archaïques : détruire un pylône électrique et incendier un transformateur.

La disproportion entre le raffinement technologique des installations impliquées et la grossièreté des moyens mis en œuvre pour les détruire est frappante : à quoi bon les caméras, les capteurs, les systèmes pour rétablir l’équilibre du système si rien de tout cela n’empêche l’action de la scie du saboteur ou du détonateur de sa bombe ?

Cela, la guerre en Ukraine nous l’avait déjà montré : la guerre du 21ème siècle faite à coup de satellites ou d’Intelligence Artificielle est aussi une guerre de tranchées – comme en 14. On se pilonne, on se canonne, et tant pis si ça tombe à côté : à la guerre comme à la guerre.

- Ceci étant posé, on aimerait quand même savoir qui a sorti cette grossière « artillerie » pour menacer le Festival ? On aimerait apprendre que c’est le fait d’écolos radicalisés qui ont voulu empêcher cette manifestation au bilan carbone désastreux ?

vendredi 23 mai 2025

Le petit-fils du pape est en réalité son fils (2)

Bien que la sexualité dans l’Église soulève aujourd’hui de très nombreuses interrogations, nous devons nous rappeler qu’elle fut dans le passé encore plus fortement mise en cause – par exemple à propos de la sexualité… des papes.

Pour mesurer l’écart entre nos scandales et ceux dont l’histoire regorge, lisons cet extrait de l’article « Foi » du dictionnaire philosophique de Voltaire où est débattue la question de savoir si le prochain petit fils du Pape Alexandre VI ne serait pas en réalité … son fils.


« Un jour le prince Pic de La Mirandole rencontra le pape Alexandre VI chez la courtisane Émilia, pendant que Lucrèce, fille du saint-père, était en couche, et qu’on ne savait pas dans Rome si l’enfant était du pape ou de son fils le duc de Valentinois, ou du mari de Lucrèce, Alphonse d’Aragon, qui passait pour impuissant. 


La conversation fut d’abord fort enjouée. Le cardinal Bembo en rapporte une partie. « Petit Pic, dit le pape, qui crois-tu le père de mon petit-fils ? — Je crois que c’est votre gendre, répondit Pic. — Eh ! comment peux-tu croire cette sottise ? — Je la crois par la foi. — Mais ne sais-tu pas bien qu’un impuissant ne fait point d’enfants ? — La foi consiste, repartit Pic, à croire les choses parce qu’elles sont impossibles ; et de plus, l’honneur de votre maison exige que le fils de Lucrèce ne passe point pour être le fruit d’un inceste. Vous me faites croire des mystères plus incompréhensibles. »

Voltaire – Dictionnaire philosophique, article Foi

Débout, Pépé ! C’est l’heure d’aller au taf ! – Chronique du 24 mai (1)

Bonjour-bonjour

 

Le Point l’annonce triomphalement cette semaine : « Le Danemark adopte la retraite à 70 ans » avant d’ajouter : « l’idée germe ailleurs en Europe »

 

Pourquoi aller jusqu’à 70 ans ? Parce que l’espérance de vie s’allonge également, au point que le parlement danois a voté une loi qui indexe l’âge de départ en retraite sur l’espérance de vie de la population. (1)

« Espérance » ! Vous parlez d’une espérance ! S’entendre promettre une vie allongée de quelques années de travail, c’est donc ça notre horizon ! Comme dit le proverbe, on préfèrerait ajouter de la vie aux années que des années à la vie – pour autant qu’il s’agit d’années de labeur.

 


Et alors ? En route pour des centenaires en bleu de travail ? 

Peut-être pas. Voici la conclusion de l’article du Point : « En 2024, la cheffe du gouvernement socialiste danois, Mette Frederiksen, avait indiqué qu'elle serait prête à revoir le système du pays quand serait atteinte la barre des 70 ans, assurant : « Nous ne croyons plus au caractère automatique de la hausse du départ à la retraite. »

Ah bon ? Il y aurait un âge physiologique qu’il ne faudrait pas dépasser pour arrêter le travail ? Mais alors, que restera-t-il des forces humaines encore vaillantes ? Quand on n’a plus de forces pour travailler, alors on n’en a plus non plus pour randonner autour du le Mont-Blanc. 

Mais aussi comment définissons-nous la retraite ? Une protection de la vieillesse ou un droit au bonheur ?

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(1) Ce jeudi 22 mai, le Parlement a adopté une loi repoussant l'âge légal de départ, aujourd'hui fixé à 67 ans. Dans le pays scandinave, celui-ci est indexé sur l'espérance de vie et révisé tous les cinq ans depuis 2006. Il passera donc à 68 ans en 2030, 69 ans en 2035, et 70 ans en 2040 – et ce, pour toutes les personnes nées après le 31 décembre 1970.

jeudi 22 mai 2025

La disproportion – signe de richesse – Chronique du 23 mai

Bonjour-bonjour

 

A quoi sert donc la richesse ? A vivre mieux que les autres ? A exercer un pouvoir sur eux ?

A exhiber sa puissance ?

 

Le Festival de Cannes est une occasion de le vérifier :  dans la rade de Cannes, les plus grandes fortunes se mesurent à la longueur de leur yacht… et au nombre de tonnes de CO2 larguées dans l’atmosphère : « en un an de suivi, l’empreinte carbone liée aux déplacements du Koru (yacht de Jeff Bezos) s’élève à 1 000 tonnes de CO2. » (lire ici)

--> Alors, ce concours de richesse se résumerait à une parade où chacun à tour de rôle viendrait, comme sur le Tapis rouge, exhiber ses dimensions ? Pas tout à fait : « Si le yacht du patron d’Amazon a été repéré près de Cannes, c’est parce qu’il accompagnait sa fiancée Lauren Sánchez, présentatrice de télé, pour recevoir un prix récompensant son « plaidoyer pour la justice climatique »…. La munificence se mesure à la disproportion des richesses mobilisées au regard des besoins réels : c’est un peu comme les W.C. en or massif créés par un artiste italien pour un palais anglais 

 


Mais ici il y a plus : outre la disproportion il y a la contradiction entre le projet et sa réalisation. Mobiliser ainsi sans véritable utilité des moyens polluants au-delà de l’imaginable pour participer à un gala écologique, c’est faire preuve d’un cynisme dont seuls les ultra-riches peuvent faire montre.

mercredi 21 mai 2025

Lu sur des bulletins scolaires – Chronique du 22 mai

Bonjour-bonjour

 

J’ai lu ceci sur les bulletins scolaires de mes petits-enfants : à performances égales, l’un (= garçon) a cette appréciation : « Résultats prometteurs » et l’autre (=fille) « Résultats encore fragiles ». Et il ne s’agit pas là de stéréotypes venus de milieux sociaux retardataires : il s’agit de délibérations d’enseignants qui tous les jours débattent entre eux des performances de leurs élèves.

Alors qu’Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale s’efforce de favoriser l’investissement et la réussite des filles dans les matières scientifiques, Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation vise plutôt les stéréotypes de genre ; selon lui on valorise les garçons en disant d’eux qu’ils sont brillants ; et les filles en leur accordant le sérieux dans le travail. Outre les inégalités sociales, ces stéréotypes constituent pour les filles un lourd handicap. Au fond, en valorisant les garçons comme étant brillants on les considère comme « prometteurs » ainsi que dit ci-dessus. Et les filles ? Qu’ont-elles à nous promettre ? Elles sont sérieuses, consciencieuses, d’où leur fragilité : elles ne pourront jamais apporter à leurs études autre chose que ce qu’elles ont déjà montré.

 

--> J’ai été prof moi aussi, et je sais combien certaines appréciations peuvent être mortifère. Voyez celle-ci : « Travail sérieux. Résultats insuffisants. » - cruel n’est-ce pas ? On dira peut-être : « Bof ! les profs ils ont des formules toutes faites qu’ils ressortent par paresse pour éviter de trop s’engager. » Mais c’est faux : ils s’engagent de toute façon car leur avis même stéréotypé est décodé vite-fait comme attitude révélatrice d’indifférence. Voyez par exemple l’avis : « Peut mieux faire ». N’est-ce pas la révélation « Ce garçon (ou cette fille) ne m’a pas intéressé de toute l’année. Je n’ai rien à dire contre lui (elle), mais rien de positif non plus. » ?

 

Les profs devraient, comme le suggère Philippe Meirieu, être attentifs à la façon dont leurs élèves perçoivent leur attitude. Au cours d’une rencontre parents-profs, j’ai reçu les parents d’une élève qui m’ont dit « Notre fille nous a dit avant cette réunion « Ce n’est pas la peine d’aller voir le prof de philo. Il ne saura même pas qui je suis ».

Ce n’était pas vrai… mais un peu quand même.

mardi 20 mai 2025

Gérald Darmanin et le bagne – Chronique du 21 mai

Bonjour-bonjour

 

« Le garde des Sceaux Gérald Darmanin a annoncé samedi 17 mai 2025 l’ouverture d’ici 2028 d’une prison de haute sécurité de 500 places à Saint-Laurent-du-Maroni, en pleine jungle guyanaise. » Autant dire qu’après la proposition de monsieur Wauquiez de « déporter » les sans-papiers à Saint-Pierre et Miquelon, la création d’une prison de haute sécurité évoquant le bagne de Cayenne fait l’effet d’un rappel à un passé où l’autorité de l’État s’incarnait dans des lieux d’enfermement. Ne manque plus que « Biribi » bagne militaire du 19ème siècle où les mauvais sujets étaient regroupés en Afrique du nord dans des compagnies disciplinaires où les mauvais traitements leur étaient infligés dans le but de les soumettre à une discipline de fer.

- Dans la période actuelle où l’idée de consentement est dans toutes les têtes, il parait normal que son antithèse soit également présente. Car si pour calmer les conflits l’idéal démocratique est bien difficile à appliquer, cher et peu sûr, la pratique des dictatures, avec leur terrible autorité et leur soumission imposée par la violence parait quant à elle beaucoup plus efficace. 

- Machiavel le recommandait au Prince : pour assoir son autorité il n’est pas sûr de se faire aimer du peuple, mais se faire craindre est beaucoup plus facile. Il est vrai qu’il ajoutait qu’il ne fallait pas se faire haïr, ce que pourtant on risque bien d’obtenir d’une politique répressive.

Selon lui, si la morale n’a pas sa place en politique, c’est qu’elle conduit souvent les Princes un peu trop généreux, un peu trop cléments ou un peu trop fidèles, à leur perte. Pourtant, ne craignons pas que l’excès de moralité soit à craindre de nos dirigeants. Par contre il est vrai que la menace de la contre-violence de la rue vis-à-vis des forces de l’ordre est un fait évident, principalement depuis les manifestations des Gilets-jaunes.

La solution est de s’appuyer sur les classes paisibles de la société, comme les retraités qui enragent de voir leur quartier dévasté par des jeunes habillés de noir et le cocktail Molotov à la main. Montrez donc alors à nos concitoyens pacifiques le sort qu’on va réserver à ces brutes dans des colonies pénitentiaires.



Bagne pour enfant de Belle-Île, l’« Alcatraz breton »

 


lundi 19 mai 2025

Qu’est-ce qui fait courir les hommes ? – Chronique du 20 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Vous avez vu ? Lors de la conférence Choose France le Président Macron s’est prononcé pour l’abrogation de l’obligation de la directive européenne du « devoir de vigilance » faite aux entreprise obligées de vérifier que leurs produits sont bien conformes au respect de l’environnement et aux droits humains. Motif ? Rendre sa compétitivité à l’Europe vis-à-vis des entreprises souhaitant investir dans des pays moins regardants sur ces points.

Et bien sûr on comprend que les dollars et les euros sont plus importants que la santé de la planète et la dignité humaine.

Ça ne vous suffit pas ? De quoi Trump et Poutine ont-ils parlé hier au téléphone ? De la paix en Ukraine ? Oui – un peu. Mais surtout, comme l’a tonitrué Trump ensuite, du juteux business qui pourrait se développer entre Russes et Américains – car là encore ce sont ces choses-là qui sont vraiment sérieuses.

Devant tant de cynisme, les passions tristes vous envahissent ? Vous pensez au suicide ?

 


Calmons-nous s’il vous plait ! D’abord, rappelez-vous que la bienveillance et la collaboration entre les hommes ont été dès l’origine des atouts nécessaires à la survie de l’espèce. Ensuite qu’on peut se faire de l’argent tout en faisant le bien de l’humanité. Rappelez-vous d’Alfred Nobel qui a fait fortune avec l’invention de la dynamite. On peut penser qu’il s’agit de la conjugaison de la violence et de l’argent, l’un apportant même l’autre. Mais aussi rappelez-vous que Nobel fonda le prix qui porte son nom : il lègue par testament la quasi-intégralité de sa fortune pour la création d'un fonds dont les intérêts doivent être redistribués « à ceux qui au cours de l'année écoulée auront rendu à l'humanité les plus grands services dans cinq domaines : la paix ou la diplomatie, la littérature, la chimie, la physiologie ou la médecine, et la physique. »

Notre erreur ? Vouloir la pureté à tout prix : il y aurait les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Et, comme par hasard il y aurait foule du côté des méchants et personne du côté des bons.

- Mais les choses ne se passent pas comme cela dans la réalité, et il faut penser le mélange de ces ingrédients, comme celui de la dynamite et du Nobel de la paix.

dimanche 18 mai 2025

Y a-t-il toujours un pilote dans l’avion ? – Chronique du 19 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Alors que pas plus tard que samedi je détaillais les prouesses d’une voiture à pilotage autonome qui venait de réussir la traversée de la Place de l’Etoile à Paris en pleine journée, voici qu’un fait divers aéronautique vient abonder cette célébration : « Un avion continue de voler sans personne aux commandes pendant 10 minutes : le pilote était aux toilettes, le copilote évanoui » nous annonce-t-on ici

« Le 17 février dernier, un vol Lufthansa reliant Francfort (Allemagne) à Séville (Espagne) s’est retrouvé brièvement sans pilote dans le cockpit. Selon un rapport officiel espagnol publié vendredi, le copilote, resté seul aux commandes pendant l’absence du commandant de bord, s’est soudainement évanoui. » Attendez, ne frémissez pas tout de suite.

Car voici ce qui arriva : « Pendant sa perte de connaissance, il (= le copilote) a involontairement actionné plusieurs interrupteurs et touché les commandes de vol. Heureusement, le pilote automatique et le système de poussée automatique ont continué de faire leur travail, maintenant la trajectoire de l’avion, à bord duquel se trouvaient 199 passagers. »

Voilà donc la nouvelle : pendant 10 minutes, la vie de 200 personnes a dépendu d’une machine en autonomie intégrale. Résultat : personne ne s’est aperçu de rien, car le pilote automatique a supprimé les commandes incohérentes lancées par le pilotage l’humain.

- Moi si j’étais pilote de ligne, en lisant cela je me ferais du souci. Car cette prouesse du pilotage automatique n’en est pas une : de fait cette machine est capable d’effectuer bien plus de fonctions complexes. Aujourd’hui il est possible de faire évoluer un aéronef sur tout son itinéraire sans aucune intervention humaine. D’ailleurs ce dispositif est à l’œuvre sur les drones sans pilotes qui s’illustrent en ce moment sur tous les champs de bataille.

Qu’est-ce qui sauve le pilotage « humain » ? Sans doute le problème de la responsabilité, déjà évoqué dans notre Post de vendredi dernier à propos de la Tesla en liberté dans Paris. Et pourtant, un moment d’hésitation passé, on a tous oublié que notre métro n’a pas de conducteur.

--> On oublierait aussi bien le cockpit vide.

samedi 17 mai 2025

Poil au nez - Chronique du 18 mai

Bonjour-bonjour

 

Le saviez-vous ? Ceux qui arrachent leurs poils de nez, les jugeant affreux – surtout avec ces images qu’on prend en permanence de nous et qu’on publie sur les réseaux sociaux, révélant indiscrètement que nos fosses nasales recèlent de nombreux et disgracieux poils – ont tout faux.

 


Car la presse le répète aujourd’hui encore : pour notre santé vous ne devez pas arracher les poils de votre nez. Les poils de nez agissent comme un filtre naturel, retenant les particules polluantes et les allergènes présents dans l'air que nous respirons. 

Cet épisode montre combien notre ignorance des lois de la nature est grande : « La nature ne fait rien en vain » comme le dit Aristote – les poils de notre corps ont tous une fonction et bien sûr aussi ceux qui se développent dans nos narines. Ce site nous explique le rôle protecteur des poils tout en rappelant que leur suppression n’est qu’une question de mode.

Autrefois on arborait fièrement les touffes de poils partout où ils étaient implantés. Voyez par exemple l’allégorie féminine représentant « La liberté guidant le peuple » de Delacroix, qui arbore sans aucune gêne une touffe de poils axillaires.

 

 

- Mais alors, que faire avec nos poils de nez ? Car ils restent fort disgracieux même s’ils sont aussi très utiles ? 

L’article cité propose une solution médiane : « Arracher ces poils à la racine peut affaiblir cette barrière naturelle, exposant ainsi les muqueuses à divers agents pathogènes. Mais en coupant simplement ce qui dépasse, vous préservez leur efficacité sans compromettre leur rôle protecteur. » 

Bref : tout comme vous faites le « tour de maillot », faites donc aussi le « tour de narine ».

vendredi 16 mai 2025

L’hésitation : le moment de la responsabilité - Chronique du 17 mai 2025

Bonjour-bonjour

 

Depuis quelques mois on ne parle de Tesla que sur le mode : voiture boycottée, firme en chute libre à la bourse, difficultés de mises sur le marché de nouveaux modèles, etc.

Mais pendant ce temps-là la firme américaine poursuit la mise en place de son programme de voitures à conduite autonome. Par exemple avec le test réussi de conduite autonome dans l’un des pires endroits de Paris: « Le constructeur a choisi de traverser la Place de l’Étoile, une artère où la conduite est réputée pour être particulièrement difficile. Une « source de stress pour de nombreux conducteurs visitant la capitale française », selon Tesla (lu ici). Insertion fluide, bon positionnement, dépassement par la gauche, respect des priorités : les mouvements sont propres, sans hésitation. On s’en convaincra en visionnant cette vidéo :

 



Les plus sceptiques devront avouer combien ils ont serré les fesses lors de leur première expérience de traversée de la Place de l’Etoile. Mais la vérité est là : ce que nous ne saurions pas faire, la machine le fait sans la moindre hésitation.

 

- C’est justement sur ce point que les plus philosophes d’entre nous voudront s’arrêter : « Cette voiture est une machine : elle est donc incapable d’hésiter, puisque l’hésitation ne fait pas partie de son programme. Pourtant c’est bien ce moment « suspendu » de l’hésitation qui est le moment de la responsabilité. »

Pour s’en persuader on donne parfois l’exemple du conducteur de bus qui se trouve mis en présence de piétons engagés sur la chaussée devant lui, qui ne peut les éviter qu’en jetant son bus sur le trottoir où il va écraser un passant qui attend le feu rouge pour traverser. Que doit-il faire ? Se déporter pour éviter de faire de nombreuses victimes, et du coup « choisir » de tuer un innocent qui sans cela aurait eu la vie sauve ? Ou bien suivre les règles du code et continuer tout droit, car les piétons n’ont rien à faire sur la chaussée au moment où c’est aux bus de passer ? Selon quelle valeur choisir ?

C’est sur ce dilemme, connu sous le nom de « dilemme du tramway » qui est décrit ici, que se base le débat : toute la vie morale suppose ce moment d’hésitation – et le dilemme cornélien du Cid en fait l’illustration. On relèvera aussi que ce décalage entre la sollicitation et la réponse est selon Bergson le signe de la conscience.

jeudi 15 mai 2025

A Cannes, la Présidente du Jury réinvente le baroque – Chronique du 16 mai (2)

Bonjour-bonjour

 

Le Festival de Cannes est le passage obligé des Grands couturiers en mal de renommée : il doivent absolument faire savoir qu’ils sont toujours aussi créatifs. Ainsi de Dior qui a concocté la robe de Juliette Binoche Présidente du jury.

La voici en plan américain :


- Et pour ceux qui n’auraient pas tout vu, sachez que cette robe s’achève en pantalon :


 

Je n’aurai pas la prétention d’ironiser sur son discours à l’humanisme poussif (selon le commentaire publié par ici le Figaro). Par contre je tenterai de répondre à la question : pourquoi cette tenue m’a-t-elle fait fuir mon écran ?

Et en effet : le Figaro ayant demandé à Ophélie Roque de commenter la performance de la Présidente lors de la cérémonie d’ouverture, celle-ci nous informe : « … invraisemblable tenue à mi-chemin entre la Madone et la princesse Leila. » Et d’ajouter parce que le Festival est le lieu de fréquents déblousages intempestifs sur des gorges inattendues : « On la sentait vaguement inquiète à l’idée que l’étoffe ne glisse de sa poitrine et puisse choquer l’éventuel Tartuffe affalé devant sa télé et qui ne se remettrait probablement jamais d’une mamelle aussi impudiquement dévoilée. »

Moi qui n’ai rien de Tartuffe je me suis pourtant senti décontenancé : de quoi cette robe est-elle l’image ? D’une mariée ? D’une soirée mondaine ? D’une vacancière sur le port de Saint-Tropez ?

- Un tel mélange de style se connait bien en architecture : il s’appelle le style baroque et on le trouve illustré dans les monuments religieux du 17ème siècle. Ceci étant dit, on ne voit pas encore pourquoi cette image m’a fait fuir. Est-ce le fait que cette image ne choisisse pas entre la tenue religieuse et celle de la mariée déboussole ? Peut-être. Mais j’opterai plutôt pour cette observation que le style baroque n’est vraiment plus le goût du jour, qui se veut soit d’un classisme épuré, soit d’une folie déboussolée.

- Voyez plutôt :


--> Une telle robe c’est bon pour la transverbération de sainte Thérèse en extase pour le Bernin


Comment lutter contre la flemme ? – Chronique du 16 mai (1)

Bonjour-bonjour

 

Cet article publié dans le Point s’attaque à l’épineuse question du goût pour le travail, sorte de tendance spontanée à consentir des efforts. En être dépourvu c’est subir la flemme, attitude illustrée par cette image :

 


… où l’on voit une jeune femme sommeillant, un smartphone dans les mains, un ordinateur ouvert à ses pieds tandis que ses lunettes et une tasse de café reposent sur des livres entassés au sol.

Teddy Mayeko, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'université de Cergy Paris et auteur de l'ouvrage « Le goût de l'effort. Cette chose essentielle avec laquelle il nous faut renouer » observe : « On opère une forme de cloisonnement mental entre d'un côté le travail qui nécessite rigueur, sérieux, abnégation et de l'autre, le plaisir, exclusivement réservé au domaine du jeu et de la distraction. »

Pour lutter contre cette dichotomie, « un conseil à donner aux parents est de relier très tôt l'effort à la notion de curiosité et de découverte » selon David Gourion. « Transmettre l'idée, par exemple, qu'il y a du plaisir à faire des mathématiques, à faire du codage informatique, à jouer aux échecs ou que la littérature est un formidable terrain de jeu, ouvrant des champs considérables pour développer sa compréhension du monde ». 

L’article cité détaille ces plaisirs éprouvés au cours des efforts liés au travail intellectuel qui développe les capacités artistiques, intellectuelles, physiques, cognitives, etc.

 

- Le philosophe se souviendra à cette occasion de l’opposition opérée par Freud entre le plaisir, purement gratuit, et le travail lié au besoin et soumis à la dure loi de la nécessité.

Suffirait-il donc de déplacer la frontière qui sépare le plaisir du travail, à la faire empiéter sur ce dernier pour que du coup l’activité laborieuse devienne aussi légère qu’une plume au vent ?

De son côté la position de l’Église depuis Léon XIII et sa célèbre encyclique Rerum Novarum (1891) souligne la nécessite de réglementer le travail et de faire du plaisir ce qui vient pardessus-le-marché. Quant au capitalisme nous le voyons encore aujourd’hui juger le travail comme un moyen de s’enrichir – passion jugée fondamentale chez les hommes.

Après tout si comme le suggère cet article la recherche du plaisir peut s’accorder avec l’exercice d’un travail pourquoi ne pas en profiter ? Mais alors soumettons la recherche d’un travail à ce souci de le rendre compatible avec la réjouissance et faisons-lui une place dans les items de parcoursup.