Bonjour-bonjour
Il est une exposition qui vient en ce mois d’octobre éclairer un phénomène de société contemporain : il s’agit de l’« Intime » au musée des Arts décoratifs.
Car on peut parvenir à une distinction éclairante entre le privé et l’intime et en même temps percevoir les modifications d’attitudes récentes, suite au développement des réseaux sociaux.
Alors que le privé reste dépendant règles juridiques, le domaine intime dépend de décisions individuelles, soumises non pas à la loi mais à la volonté personnelle, sinon à la coutume, et porteuse de tabous inviolables.
L’exposition parisienne s’intéresse donc à l’aspect social et culturel de l’intime. En premier lieu, domaine central de l’intime, on trouve la chambre à coucher, qui a évolué passant d'un domaine symbolisant la vie privée bourgeoise au XIXe siècle à un espace de personnalisation et de retrait personnel.
--> C’est l’idée de retrait qui caractérise le mieux le domaine intime, évoquant des lieux protégés – mais aussi paradoxalement mis en scène dans les intérieurs des maisons.
- C’est que l’intimité peut être partagée, comme on l’imagine souvent aujourd’hui lors du dévoilement de la sexualité ; mais au 18ème siècle c’est le boudoir qui apparait porteur de cette fonction : « boudoir » — « espace réservé aux femmes, synonyme de secret et de confidence, où elles pouvaient jouir d’une forme d’intimité et d’expression personnelle au sein d’une société souvent contraignante. » (Voir cet article). L’intime n’est pas seulement le lieu où se dévoile le corps et où se révèlent certains gestes souvent en rapport avec la sexualité ; il est ce domaine choisi par chacun comme impossible à partager sinon avec des personnes choisies pour être justement des « intimes ». Ce moment à la fois strictement personnel et pourtant partagé avec des personnes élues est le moment de l’intimité où la personne se révèle.
L’exposition parisienne se donne pour but de montrer comment ces comportements liés à l’intimité ont une histoire, faisant qu’aujourd’hui certaines fonction du corps sont honteuses à montrer, comme les lieux d’aisance où l’on se dissimule alors que Louis XIV pouvait se permettre de se montrer aux courtisans sur sa chaise percée.
--> Mais dans le même temps l’histoire récente des comportements valorisés interrogent : y a-t-il au temps des réseauxsociaux un domaine protégé de l’intimité ?
« Avec la montée d’Instagram, de TikTok ou encore de YouTube, l’intime n’est plus une affaire de retrait, mais s’expose, se partage et se performe. Des influenceurs et influenceuses du monde entier montrent leur quotidien à des millions de followers, redéfinissant ainsi les frontières entre ce qui est personnel et public. » (Art. cité)
Alors que l’époque contemporaine serait celle de l’exhibition, caractérisée par le franchissement de cette frontière on peut s’interroger sur les effets de cette disparition de l’intime. Ne s’agit-il pas là du domaine sur lequel s’exerce le viol ?
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Exposition “L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux” : du 15 octobre au 30 mars 2025 au Musée des Arts décoratifs 107, rue de Rivoli Paris 1er
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