Bonjour-bonjour
Cette fresque de rue est devenue une image iconique du sort fait à Gisèle Pélicot victime de viols à répétition :
Oui, avec Gisèle Pélicot la honte a changé de camp
Me Camus son avocat déclare "Elle a décidé qu'elle n'aurait honte de rien", avant d'ajouter : "Je crois que c'est aussi l'enjeu de sa démarche, que de montrer à tous qu'une femme de 71 ans, en réalité, lève les yeux, retire ses lunettes, nous regarde tous... Et à mon avis, dans son regard, il y a : 'regardez, je le fais, faites-le'. » La victime regarde ses bourreaux et montre à tous que ce pouvoir, personne n’a pu le lui retirer
- Plus généralement il y a un enjeu dans le regard que les victimes portent sur leur bourreaux, raison peut-être pour laquelle on bande les yeux de l’homme qui va être fusillé.
Dans un passage célèbre de l’Être et le néant, Sartre explique que ma honte est l’effet du regard porté par autrui sur moi. Ce pouvoir est celui de « réifier » un sujet en transformant son attitude en réalité définitive de son être.
Il ne s’agit pas d’un jugement : Gisèle Pélicot n’est pas représentée regardant ses violeurs pour les juger « Toi, tu es un violeur ». Cela va venir mais dans l’instant où son regard se pose sur lui, elle matérialise définitivement cet être abjecte qui jouit d’une femme : « Tu ne seras plus jamais libre d’effacer ce que tu as été parce que tu as été vu et fixé dans la peau d’un violeur ». Ce pouvoir de réifier autrui est celui qui fait que « l’enfer, c’est les autres » - et ce pouvoir, tout le monde le possède, mais les épreuves de la vie et l’éducation (« Baisse les yeux quand tu es devant moi ») font tout pour le détruire.
Gisèle Pélicot a gardé ce pouvoir et il fait peur aux brutes qui ont abusé d’elle.
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