mercredi 16 octobre 2024

En France, la laïcité est-elle islamophobe ? – Chronique du 17 octobre

Bonjour-bonjour

 

A l’occasion de l’hommage rendu à Samuel Paty et Dominique Bernard, les deux professeurs assassinés par des islamistes, le débat sur la laïcité revient à la surface. Preuve qu’elle n’est pas comprise – ou pire : qu’elle n’est pas admise.

Car c’est un peu facile de dire que si les gens ne sont pas d’accord, c’est qu’ils n’ont pas compris, qu’il faut faire encore et encore de la pédagogie. La vérité c’est qu’ils ont parfaitement compris mais qu’ils n’admettent pas de se soumettre à la loi de la laïcité française, qui exige que les lois civiles l’emportent sur les lois religieuses. S’il doit y avoir débat c’est à ce niveau-là.

Mais il y a plus que le simple refus des lois laïques : les sondages d’opinions faits auprès des jeunes montre qu’une majorité de ceux-ci pensent que la laïcité est destinée à nuire aux musulmans – autrement dit que ces lois ne sont pas comme prétendu universelles (= concernant toutes les religions) mais bien ciblées contre l’islam. La laïcité serait une manifestation d’islamophobie – ce qui la rend illégitime.

 

Qu’est-ce donc que la laïcité, telle que définie par les lois françaises ? Écoutons le président du Comité Laïcité République Marne, Jean-Paul Angers : « En France, la Laïcité n’est pas pseudo-athéisme. Nous dénonçons toutes les pratiques à l’encontre de la liberté conscience. La laïcité repose sur une neutralité de l’État, qui doit garantir l’égalité de traitement de tous les citoyens quelle que soit leur religion, qu’ils croient ou ne croient pas. » (Lu ici) Reste que cette neutralité de l’État est également exigée de tous les citoyens dans l’espace public, parce que ces lois sont des lois de la République qu’elles sont non seulement universelles, qu’elles s’imposent à tous, mais encore qu’elles ne suivent en aucune façon les prescriptions de quelque religion que ce soit.

Être neutre, ça ne veut pas simplement dire : « Mon voisin refuse de manger du porc, ça m’est bien égal du moment qu’il n’en profite pas pour m’empêcher d’en manger », mais encore et surtout qu’on peut m’imposer l’obéissance à des lois qui vont éventuellement à l’encontre des prescriptions de ma religion, telles que le droit à l’avortement ou le mariage soumis aux lois de la République.

- Et là le conflit entre telle ou telle religion et la loi républicaine dépend des circonstances historiques ou théologiques. 

        * Historiques parce que les religions soumises depuis très longtemps à la laïcité (comme le christianisme ou la religion juive) ont eu le temps de s’adapter ; 

        * théologiques ensuite parce que des versions adaptées aux sociétés « civiles » de certaines religions existent alors que d’autres comme l’islam n’ont pas produit cette traduction.

 

Combien de siècles faudra-t-il encore attendre pour que cette version 2.0 de l’islam soit disponible ?

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