mercredi 30 octobre 2024

Fantomas ou Fantomette ? – Chronique du 31 octobre

Bonjour-bonjour

 

Vous avez vu la date ? Ce soir les tombes vont s’ouvrir livrant passage à ces créatures terrifiantes :

 


...  à moins que ce soient des enfants déguisés en fantômes qui vont toquer aux portes pour qu'on leur donne une poignée de bonbons sous peine d’être victime d’un sort malencontreux.

C’est aussi le moment où la presse fait ses choux gras de cette tradition, développant la culture du marronnier d’automne (lire ici). Et parmi ces marronniers, il en est un particulièrement robuste : celui qui fait le récit des lettres échangées entre Hugo Boxel et le « très profond Baruch Spinoza » (lire ici). Boxel croit que les fantômes existent parce que la séparation de l’âme et du corps est une réalité, que c’est même la preuve de la supériorité de celle-là sur celui-ci, et que seules les âmes les plus « basses » ne sauraient présenter ce genre de mutation. Boxel ajoute alors : « Je pense donc qu’il y a des esprits de tout genre, sauf peut-être du sexe féminin. »

Voilà donc où mène le machisme du 17ème siècle : penser que les femmes n’ont pas suffisamment d’âme pour connaitre cette forme de survie que constitue l’existence spectrale.

Spinoza ne s’y trompe pas, rejetant comme fantaisie irréaliste à la fois l’existence des fantômes et – au cas où ce rejet ne serait pas signifiant, celle de fantômes féminins. Faisant semblant d’ignorer la contradiction consistant à oublier que les fantômes n’ont pas de corps, tout en affirmant en même temps qu’ils ont néanmoins un sexe, il s’en remet au jugement de ceux qui ont vu des fantômes, s’étonnant que personne n’ait regardé où il fallait pour savoir – et donc dire – si les fantômes avec un sexe féminin existent. Zizi ou pas Zizi ?

On peut en rire, mais quand même : qu’il y ait des sabbats au cours des quels des sorcières copulent avec des démons, ça ne surprend personne. Mais qu’il y ait des fantômes avec sous leur suaire des formes évidentes de femmes, ça aurait dû interroger les observateurs, et Spinoza a raison de s’en étonner.

- Bon, tout ça ce sont des élucubrations qui ne nous intéressent pas.
Croyez-vous ? Et Fantômette ? Elle n’existe pas peut-être ? Allez voir dans les magasins ce qu’il en est. Peut-être avez-vous-même acheté pour la gamine une panoplie de Fantômette ?

Ça existe – Et ça ressemble à ça :  



A mon avis, Fantômette est bien une femme. Mais qu’elle soit un fantôme, ça c’est très douteux.




mardi 29 octobre 2024

Des savants qui stoppent la science – Chronique du 30 octobre

Bonjour-bonjour

 

Avec l’attribution du Nobel de physique à John Hopfield, le souci de contrôler le progrès scientifique, y compris en le débranchant, est revenu au 1er plan.  

--> Associé à Geoffrey Hinton, John Hopfield a contribué au développement de la compréhension et de la création des réseaux neuronaux et de l'intelligence artificielle.

En ouvrant la voie à des développements révolutionnaires dans l'apprentissage profond et les technologies d'intelligence artificielle des « machines learning » ces recherches ont permis le développement de l’Intelligence artificielle tels que Hopfield a refusé de continuer dans cette direction estimant que nous avions tout à craindre de machines qui auraient une avance sur nous dans le domaine de l’IA. 

 

Abandonner la recherche avant que les machines ne deviennent incontrôlables, tel a été aussi la décision de Jacques Testart dans les années 2000. Biologiste français, créateur du premier « bébé éprouvette » de France, Jacques Testart prend fermement position contre ce qu'il estime être des dérives qui seraient induites par la PMA : eugénisme, homme augmenté, transhumanisme, etc. : « Pour moi, la plus grande dérive, c’est le tri des embryons (DPI = Diagnostic préimplantatoire), qui représente une menace extraordinaire ». 

Depuis les États ont pris des mesures pour endiguer ce danger, sans toutefois qu’il soit complètement écarté.

 

Reste donc ce sérieux avertissement sur les danger du « progrès » scientifique venu des chercheurs eux-mêmes. Lorsque des gens, qui ont fait de leur projet le plus ambitieux l’horizon leur vie, déclarent devoir y renoncer pour protéger l’humanité, on peut supposer que ce n’est pas pour des motifs légers. Et le fait que certains de ces projets aient quitté le domaine de nos soucis (comme le clonage humain ou le choix des caractéristiques des bébés à naitre) ne prouve absolument pas qu’ils n’aient plus de pouvoir de nuisance.

La crainte de voir nos machines nous évincer dans la gouvernance de l’humanité parait encore lointaine ; toutefois on a eu récemment le cas d’un système d’IA qui a modifié son programme pour débrider le contrôle limitant le périmètre de son activité, donne froid dans le dos.

Hall 9000 n’est plus très loin.

lundi 28 octobre 2024

À poil sur Internet – Chronique du 29 octobre

Bonjour-bonjour

 

Il est une exposition qui vient en ce mois d’octobre éclairer un phénomène de société contemporain : il s’agit de l’« Intime » au musée des Arts décoratifs.

Car on peut parvenir à une distinction éclairante entre le privé et l’intime et en même temps percevoir les modifications d’attitudes récentes, suite au développement des réseaux sociaux. 

Alors que le privé reste dépendant règles juridiques, le domaine intime dépend de décisions individuelles, soumises non pas à la loi mais à la volonté personnelle, sinon à la coutume, et porteuse de tabous inviolables.

L’exposition parisienne s’intéresse donc à l’aspect social et culturel de l’intime. En premier lieu, domaine central de l’intime, on trouve la chambre à coucher, qui a évolué passant d'un domaine symbolisant la vie privée bourgeoise au XIXe siècle à un espace de personnalisation et de retrait personnel. 



--> C’est l’idée de retrait qui caractérise le mieux le domaine intime, évoquant des lieux protégés – mais aussi paradoxalement mis en scène dans les intérieurs des maisons. 

- C’est que l’intimité peut être partagée, comme on l’imagine souvent aujourd’hui lors du dévoilement de la sexualité ; mais au 18ème siècle c’est le boudoir qui apparait porteur de cette fonction : « boudoir » — « espace réservé aux femmes, synonyme de secret et de confidence, où elles pouvaient jouir d’une forme d’intimité et d’expression personnelle au sein d’une société souvent contraignante. » (Voir cet article). L’intime n’est pas seulement le lieu où se dévoile le corps et où se révèlent certains gestes souvent en rapport avec la sexualité ; il est ce domaine choisi par chacun comme impossible à partager sinon avec des personnes choisies pour être justement des « intimes ». Ce moment à la fois strictement personnel et pourtant partagé avec des personnes élues est le moment de l’intimité où la personne se révèle. 

L’exposition parisienne se donne pour but de montrer comment ces comportements liés à l’intimité ont une histoire, faisant qu’aujourd’hui certaines fonction du corps sont honteuses à montrer, comme les lieux d’aisance où l’on se dissimule alors que Louis XIV pouvait se permettre de se montrer aux courtisans sur sa chaise percée. 

--> Mais dans le même temps l’histoire récente des comportements valorisés interrogent : y a-t-il au temps des réseauxsociaux un domaine protégé de l’intimité ?

« Avec la montée d’Instagram, de TikTok ou encore de YouTube, l’intime n’est plus une affaire de retrait, mais s’expose, se partage et se performe. Des influenceurs et influenceuses du monde entier montrent leur quotidien à des millions de followers, redéfinissant ainsi les frontières entre ce qui est personnel et public. » (Art. cité)

Alors que l’époque contemporaine serait celle de l’exhibition, caractérisée par le franchissement de cette frontière on peut s’interroger sur les effets de cette disparition de l’intime. Ne s’agit-il pas là du domaine sur lequel s’exerce le viol ?

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Exposition “L’intime, de la chambre aux réseaux sociaux” : du 15 octobre au 30 mars 2025 au Musée des Arts décoratifs 107, rue de Rivoli Paris 1er

dimanche 27 octobre 2024

L’extinction de l’humanité ? On va y arriver ! – Chronique du 28 octobre

Bonjour-bonjour

 

- Comment va le monde, monsieur ? - Il dépérit, monsieur. 

--> Les italiens qui ont inventé (ou presque) la République, le fascisme et le néo-fascisme nous montrent la voie : il s’agit de l’anéantissement de l’espèce humaine – ni plus, ni moins. Écoutons ce constat : « La crise démographique n'en finit pas en Italie, lanterne rouge de l'Union européenne dans ce domaine. Le taux de fécondité est à 1,2 enfant par femme, très loin du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,05 enfants par femme. Le nombre de naissances a encore baissé, à moins de 400 000 et les mamans ont presque 32 ans à la naissance de leur premier enfant. » (Lire ici – Nous laissons de côté l’affaiblissement des ressources liées au nombre croissants de vieux qu’il faut aussi prendre en charge. Voir le détail dans l’article cité)

 

Cet article évoque les raisons économiques de ce déclin. Mais comme on observe ailleurs la même baisse de natalité (y compris chez nous) on doit supposer que des causes plus profondes sont à l’œuvre. Les spécialistes de l’évolution de l’humanité à travers les âges n’hésitent pas à synthétiser l’affaire : « Là où la dépopulation observée il y a sept siècles « a été causée par une maladie mortelle transmise par les puces », celle qui s’annonce sera entièrement due aux choix des individus », pointe l’économiste américain Nicholas Eberstadt (voir ici)

--> Ce que la peste noire n’a pas réussi à faire, l’humanité va y réussir : et c’est l’anéantissement de l’espèce.

Jusqu’à présent on a toujours imaginé que la disparition d’une espèce était due à des conditions environnementales défavorables pour les quelles l’espèce en question n’était pas outillée. Or voici les hommes, parvenus à un sommet de la maitrise de leur environnement et juste menacés par les désordres de la nature engendrés par les effets à longs termes de leur industrie, qui refusent d’engendrer, donc de payer à la nature leur dette : que deux individus réunis en couple laissent derrière eux deux autres individus.

Comme on l’a dit et comme l’Italie nous le montre les éventuels parents ne souhaitent pas altérer leur niveau de vie du fait du coût des naissances. Mais il faut bien l’avouer, la possibilité de découpler la fécondation de la relation sexuelle est aussi déterminante. Chaque femme peut si elle l’exige exclure tout nouvelle grossesse.

Cette dénatalité que Margaret Atwood attribuait dans son roman « La servante écarlate » à un phénomène lié à la pollution, est ici lié à une décision résultant de la culture humaine, entre autre des sociétés libérales où les libertés individuelles ne doivent pas être entravées au nom de la communauté. 

Peut-être. Reste que le bonheur d’avoir des enfants n’est plus autre chose qu’un impératif hypothétique pour parler comme Kant : « Si tu veux (…) alors tu dois (avoir des enfants) » Simplement, rien ne vient pour étayer le « Si tu veux », car faut-il entendre « Si tu veux le bonheur » ? Ou encore « Si tu veux être soutenu dans la vieillesse » ?

samedi 26 octobre 2024

Passage à l’heure d’hiver : le marronnier du jour – Chronique du 27 octobre

Bonjour-bonjour

 

En journalisme, un marronnier est un article de presse ou un reportage d'information de faible importance, qui sert à meubler une période d'actualité creuse. Le marronnier est ordinairement consacré à un événement récurrent et prévisible.  (Art. Wiki)

Exemple ? « Dans la nuit de samedi 26 à dimanche 27 octobre, à 3 heures du matin, il sera 2 heures du matin. Si ce passage à l’heure d’hiver est déprimant pour certains puisqu’il marque le début des journées plus courtes avec une tombée de la nuit précoce, nous allons gagner une heure de sommeil ce week-end. » (Lu ici)

 


Mais supposons que cette réitération d’une pseudo information, d’année en année identique, ne soit pas simplement une manière de boucher un trou dans la mise en page, mais aussi le reflet d’une situation sensible, alors elle serait un peu plus qu’un « marronnier »

- C’est bien ce qui se produit tout à cours de l’année et bien sûr principalement en cette fin d’octobre. Ce passage à l’heure d’hiver produit en effet deux remarques récurrentes : la première, de satisfaction : on va dormir une heure de plus. La seconde, de frustration : il va faire nuit une heure plus tôt – une heure de moins à vivre. Le passage inverse vers l’heure d’été est encore plus explicite : il fera jour à l’heure de l’apéro.

Voilà bien l’intérêt de cette situation : révéler comment se découpe la vie quotidienne avec ses moments de joie et ses moment de faible intérêt. Ceci suivant le rythme circadien de succession veille/sommeil. Sauf qu’ici, repris et interprété par les coutumes, c’est en collant les plaisirs et les frustrations sur l’évolution de ce rythme qu’on vit cette alternance.

vendredi 25 octobre 2024

Et la foi, b*** ? – Chronique du 26 octobre (2)

Bonjour-bonjour

 

La décision de Rachida Dati de faire payer l’entrée de la cathédrale Notre-Dame de Paris soulève bien des polémiques, en particulier de la part de Pierre Ouzoulias (PCF) qui déclare : « Je ne comprends pas la distinction que madame Dati fait entre les visiteurs culturels et cultuels » (Lu ici). Pour lui un visiteur est un visiteur avec la mêmes droits et les mêmes devoirs que quiconque effectue une entrée dans l’édifice religieux. 

En réalité il oublie simplement une chose : la foi grâce à laquelle le visiteur « cultuel » ressent cette visite comme la présentation du divin dans le monde et qui échappe à l’évaluation comptable. 

Malgré tout, il faut avouer qu’à première vue les deux se confondent et que – situation exceptionnelle – le touriste peut fort bien au cours de la visite se transformer en croyant touché par la grâce de la foi.

Telle fut la situation de Paul Claudel qui assistant à Notre-Dame aux vêpres le 25 décembre 1886, fut saisi par l’illumination qui produisit sa conversion : « En un instant mon cœur fut touché et je crus. » (Paul Claudel, texte écrit en 1913 à lire ici)

Alors, aurait-il fallu faire payer l’entrée à Claudel le 25 décembre 1886 ? Car on aurait pu le considérer comme un mécréant venant juste profiter de l’ambiance et des chants religieux. Mais qui donc aurait pu négliger le fait qu’il pouvait, comme n’importe quel visiteur, être illuminé par la Gloire de Dieu ? 

Bref, imaginer des fonctionnaires en charge de dire qui croit et qui ne croit pas est simplement ridicule.

En Espagne où les cathédrales ont une entrée payante, celle-ci devient gratuite au moment des offices. Il est vrai qu’en France les visites sont interdites à ce moment. Mais ça revient toujours au même : tracer une ligne de démarcation entre ce qui est spirituel et ce qui ne l’est pas.

- Tenter de le faire signale l’absence totale de spiritualité.

Le bras d’honneur de Sandrine Rousseau à l'Assemblée Nationale – Chronique du 25 octobre (1)

Bonjour-bonjour

 

Ce vendredi 25 octobre après-midi, alors qu'un amendement défendu par le Rassemblement national visant à réduire de 5 milliards d'euros la contribution de la France à l'Union européenne venait d'être voté, la députée écologiste Sandrine Rousseau a esquissé un bras d'honneur dans l'hémicycle. Ce geste interrompu en cours d’exécution a scandalisé : Bryan Masson, député RN des Alpes-Maritimes, est ainsi intervenu à la tribune pour déplorer « un triste spectacle /…/ Madame Rousseau a fait un bras d'honneur à la représentation nationale. Je trouve cela particulièrement indigne et nous exigeons des excuses de (sa) part ». L'élu a estimé que la députée de Paris devait être « sanctionnée ». A la suite de quoi la députée écologiste, reconnaissant que ce geste n’avait pas sa place dans l’Assemblée nationale a présenté ses excuses.

- Après cet étonnant geste de Sandrine Rousseau en plein hémicycle, je souhaite revenir sur le rôle de l’expression gestuelle dans les relations humaines. (Lire ici l'article cité)

D’abord savoir en quoi il consiste :


Image qui permet d’imaginer qu’on présente une figure du sexe masculin, associé l’idée de sa pénétration.

On peut s’arrêter un instant sur cette signification sexuelle, car depuis l’antiquité et un peu partout sur terre on retrouve des gestes comme ceux-là avec une signification identique. J’en veux pour preuve la célèbre « figue » 

 


Figue, représentant le sexe masculin à l’intérieur du sexe féminin, que, selon Rabelais (Pantagruel IV, 45), des ennemis du Pape ont fait à titre d’injure à un portrait du Souverain Pontife.

 

Belle continuité historique, pour un geste de dérision qu’on attendrait limité aux couches les plus populaire du pays. Mais surtout preuve que le geste a plus de force que le verbe. On peut dire en effet la même chose avec des paroles, mais on perd alors tout le contexte injurieux. Si les gestes obscènes ont cette force, c’est qu’ils portent avec eux le contexte des circonstances dans lesquelles ils ont été utilisés. Dire en un geste ce que plusieurs phrases peineraient à dire : voilà le tour de force auquel on assiste.

Après, il y a comparaison entre le contexte usuel et la circonstance dans laquelle il a été utilisé : c’est là que l’hémicycle de l’Assemblée nationale apparait comme décalé.

J’ajouterai aussi que ce geste de camionneur exécuté par la belle et bourgeoise madame Rousseau laisse sans voix.

jeudi 24 octobre 2024

Des champs de blés dans la cave – Chronique du 25 octobre

Bonjour-bonjour

 

Si vous êtes un adepte de la permaculture, ce qui suit n’est pas pour vous.

Vous croyez peut-être que dans le déni de la nature le comble était atteint avec les cultures hors-sol ?

 

Culture de tomates sur laine de roche

 

La vérité, c'est que les récents progrès de la science renvoient nos méthodes de culture, entre autres avec la culture hors-sol, aux oubliettes : il s’agit cette fois de se passer définitivement non seulement de terre ou de soleil, mais encore de lumière.

Cette découverte est celle de « l’électro-agriculture » que l'on découvre dans cet article :

« L’électro-agriculture repose sur un principe simple mais révolutionnaire : remplacer la photosynthèse traditionnelle, où les plantes convertissent seulement environ 1% de l’énergie lumineuse absorbée en énergie chimique, par un processus beaucoup plus efficace. Cette méthode utilise des panneaux solaires pour générer une réaction chimique entre le dioxyde de carbone (CO2) et l’eau, produisant de l’acétate. L’acétate est une molécule simple que les plantes peuvent directement utiliser comme nourriture » - et attention, là est l’essentiel : « éliminant ainsi la nécessité de la lumière solaire pour la croissance des plantes. »

 

- Au cas où vous n’auriez pas tout compris, l’article précise : « La culture pourrait alors se faire dans des fermes verticales, multi-étages, où chaque niveau optimise l’espace et les ressources, rendant la production alimentaire plus durable et moins dépendante des variations climatiques. Si on s’en referre aux capacités actuelles, on pourrait nourrir une population de plus de 136 milliards d’habitants avec cette méthode ! »

Tout en nous reproduisant comme des lapins, nous pourrions multiplier les surfaces cultivables nécessaires pour nourrir une humanité comptant – oui, vous avez bien lu – 136 milliards d’individus tout en libérant les sols pour un retour à leurs fonctions naturelles. Retrouvez les bois, les taillis et les petites mésanges qui nichent dedans ! Libérez les pâturages pour que les abeilles y bourdonnent pendant que dans des caves ou des immeubles ad-hoc les champ de blés et de betteraves se développeraient nourris à l’acétate généré par des panneaux solaires !

Alors, tous ceux qui se lamentent déjà de ces tomates cultivées hors-sol et dont la saveur ne les satisfaits pas, pourront certes déplorer que les fruits de la nature aient disparus au bénéfice des produits de l’agro-chimie. Mais leur désolation vient-elle de considérations gastronomiques ou d’idéologie naturaliste ?

mercredi 23 octobre 2024

Bombes « Spice » et missiles « TEASER » : au Moyen-Orient le progrès est en marche ! – Chronique du 24 octobre

Bonjour-bonjour

 

Que la guerre permette le progrès des armes capables de tuer des hommes à moindre coût et de détruire des villes avec le plus d’efficacité, c’est bien la moindre des chose – à supposer qu’on accepte de définir ces prouesses comme des progrès

En tout cas, tels sont les nouvelles caractéristiques des bombes auto-dirigées du système Spice et des missiles auto-portés TEASER (voir ici et ici) : au Moyen-Orient il y a deux mondes qui cohabitent : 

 


Dans l’un de ces mondes un immeuble frappé au niveau du rez-de-chaussée s’effondre sur lui-même ; dans l’autre un pigeon traverse le ciel d’un azur immaculé.

Tirez les mouchoirs…

- Mais après tout ces armes ne sont que des moyens et leur rôle est défini par des projets : ce sont eux qui ont des comptes à rendre aux valeurs.

Car, comment évaluer ces bombes qui rasent un édifice en un clin d’œil ? Et ces missiles portés par un homme seul, comme une simple roquette, qui sont non seulement très discrets, mais aussi produits à un prix abordable – caractéristique recherchée pour la productivité qui lui est associée. C’est que la rentabilité d’une arme est fonction du rapport coût/destruction, un peu comme lorsqu’on veut définir l’intérêt d’une nouvelle production, mettant en jeu de façon générale la valeur d’usage du produit.

Dans le monde de ces armes, il n’y a plus d’être humains mais des « hommes de troupe » ; plus de morts mais des « ennemis neutralisés » ; plus d’invasion mais des « territoires occupés ». Le seul point de contact entre ces deux mondes, ce sont donc les forces économiques qui calculent l’opération en termes de rentabilité – par exemple le coût de la reconstruction de Gaza.

Oui, alors que certains rasent la ville et tous ceux qui sont dedans, et que d’autres attendent patiemment que ce « travail » soit terminé pour venir déblayer et reconstruire, la seule question qui vaille c’est « combien ça coûte ? »

mardi 22 octobre 2024

Et s’il leur plait d’être battus ? – Chronique du 23 octobre

Bonjour-bonjour

 

Les faits divers sont parfois très instructifs : c’est lorsqu’ils offrent une vue sur des points importants de la vie en société, qui resteraient invisibles autrement.

Tel est le cas du procès pour violences conjugales mutuelles à l’encontre de l’ancien directeur de Science-Po et de son ex-compagne.

Lisons ici :

« L’originalité est « qu’ils sont tous deux à la fois victime et mis en cause ». L’épouse se retrouve avec un poignet facturé et le mari des coups au visage – avec néanmoins 30 jours d’ITT pour séquelles psychologiques. Mais ça ne s’arrête pas là : « Ni l’un ni l’autre ne voulait porter plainte. La justice a décidé de se saisir de leurs malheurs conjugaux sans leur consentement, ainsi que le droit le permet. »

C’est là que se révèle la nature de la loi. Quand un délit est commis, il n’est pas nécessaire que la victime ou ses ayants-droit portent plainte, la société peut elle-même demander réparation pour le dommage occasionné à la loi.

Il ne suffit pas donc que les pugilistes du couple Vicherat (nom du directeur de Science-Po) s’estiment satisfaits du résultat de leur empoignade ; encore faut-il qu’elle ne soit pas coupable devant la loi. Or, celle-ci interdit les violences – de même qu’on doit dénoncer les actes de viols quand bien même la victime ne le ferait pas.

On se rappelle de la répartie de Martine la femme battue du Médecin malgré lui : Et s’il me plait à moi d’être battue ? laissant entendre que c’est là une affaire privée – voire intime – et que, pas plus qu'on n’a le droit de s’occuper de ce qui se passe dans le lit d’un couple, on n’a le droit d’intervenir si le mari bat sa femme dès lors que celle-ci ne s’en plaint pas.

L’intime n’a donc pas d’existence devant la souveraineté de la loi : nul acte même voulu et accepté par ceux qui s’y livrent ne vaut s’il offense la loi. Raison pour la quelle Big Brother et ses caméras qui fouillent l’intimité des logements n’était qu’un cas extrême de l’exercice du pouvoir.

Qu’on se le dise !

 

… Et cette image de la société patriarcale pour ceux qui la regrettent encore :



lundi 21 octobre 2024

La caissière, c’est vous ! – Chronique du 22 octobre

Bonjour-bonjour

 

Un rapport connu aujourd’hui le dit : « Les espoirs placés dans la technologie des caisses en libre-service ont été déçus /…/  Les magasins voyaient cela comme une prochaine étape... Mais ils se rendent compte qu'ils ne font pas d'économies, ils perdent de l'argent. »

On dénonce la lenteur des transactions ; l’inefficacité du système ; l’augmentation des vols à l'étalage.

« Ces difficultés ont conduit plusieurs chaînes de magasins, tant aux États-Unis qu'au Royaume-Uni, à revoir leur approche et à réduire leur dépendance à ces systèmes automatisés. » conclut cet article.

 

Mon hyper avait cru malin il y a quelques mois de proclamer sur écran lumineux de 10 mètres de long « Ici, la caissière, c’est vous ! » - Amit Kumar, professeur de marketing et de psychologie à l'université du Texas, répond : « En essayant le paiement en libre-service, si nous réalisons que nous n'en bénéficions pas, on finira par ne plus l'utiliser. » 

Hé oui, en faisant le boulot de la caissière, qu’est-ce que j’y gagne ? Rien – Et en plus je contribue à mettre au chômage une caissière, la réduisant peut-être à se prostituer pour élever ses enfants. Il n’y a pas de quoi être fier.

 

Ça, c’est le côté moral des choses. Mais les scientifiques n’en sont pas restés là : voyant dans l’automatisation des caisses de supermarché un pas de plus vers l’isolement où nous confine de plus en plus le monde moderne, ils ont dénombré une incroyable quantité de pathologies qui seraient notre lot du fait de la solitude où nous enferme le face à face toujours plus important avec des machines. On peut lire ici : « D'après ces résultats, il devrait être aussi important d'encourager les adolescents et les jeunes adultes à construire de fortes relations et compétences sociales pour interagir avec les autres que de manger sainement et d'être physiquement actif ».

 

Moi, si j’étais caissière j’irais voir mon patron et je réclamerais une augmentation en remerciement de ma contribution à la bonne santé de la clientèle. On a déjà des « blabla caisse » (1) on va avoir aussi des «psy-caisses »

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(1) Une blabla-caisse est une caisse de supermarché pour des clients qui ne sont ni pressés, ni stressés. A l'opposé des caisses rapides, la blabla caisse permet de discuter avec l'hôtesse.

dimanche 20 octobre 2024

Les fesses de Dieu – Chronique du 21 octobre

Bonjour-bonjour

 

Un peu de spiritualité pour changer : je suis tombé par hasard ces jours-ci sur cet article reprenant l’analyse du plafond de la Sixtine, avec la représentation de la création divine : on sait que l’interdit musulman de représenter Dieu ne joue pas chez nous. On peut croire que c’est Dieu lui-même qui a donné l’exemple puisqu’il s’est auto-représenté en Adam qu’il a créé à son image. 

C’est ainsi qu’au plafond de la Sixtine Dieu apparait comme un vieillard puissant donnant vie et énergie à sa créature par le simple contact de son doigt. C’est en effet cela la puissance : un maximum d’effet pour un minimum d’effort : un simple froncement de sourcil de Zeus ébranlait le ciel tout entier.

- Pourtant il y a au plafond de la Sixtine une autre représentation de la puissance de Dieu. Il s’agit de… ses fesses :

 

 

Art. référencé


Et c’est ainsi que les cardinaux voient Dieu lorsqu’ils se réunissent dans la Sixtine en conclave : Dieu, pourtant lumière dématérialisée est représenté pour la première fois de l'Histoire de l’art sous forme humaine. « Si l'on observe minutieusement le plafond, on y voit différentes actions ou moments de la création du mondeAinsi, Dieu est en mouvement et s'active pour mener à bien son œuvre. C'est en utilisant ce stratagème que Michel-Ange fait "aller et venir" Dieu jusqu'à lui faire opérer un demi-tour offrant ainsi aux yeux de tous "son postérieur" » (article référencé)

Certains y ont vu une « figure » du désir de Michel Ange dont on sait qu’il fut un sodomite.

Plus sérieusement on a noté que les fesses ont été considérées comme le « siège » ( !) de la puissance : certains psychologues disent même que, pour le regard féminin, la zone la plus érotique du corps masculin est le fessier. Car c’est là que se situe la force, et si c’est vrai de l’homme, c’est également vrai de Dieu.

Et tout cas je note que la pudibonderie des cardinaux a fait caviarder le sexe d’Adam, mais qu’un revanche les fesses de Dieu sont restées apparentes. Et que jusqu’à nous inclus personne n’y a vu un abominable blasphème.

samedi 19 octobre 2024

L’intention, c’est quoi donc ? – Chronique du 20 octobre

Bonjour-bonjour

 

Le procès-Pélicot permet de revisiter certains concepts du droit pénal, comme celui d’intention.

C’est en effet ainsi qu’un accusé qui a admis avoir « visité » la maison de Dominique Pélicot où sa femme lui fut offerte à 6 occasions différentes, nie l’accusation de viol, disant que, si les faits sont exacts, en revanche il n’a pas eu l’intention de commettre les viols qui lui sont reprochés.

 

- L’intention, c’est quoi donc ? Le dictionnaire distingue entre « intention » et « effectuation ». L’intention désigne la représentation d’un but pour une action à venir, avec la volonté de l’atteindre. Le simple rêve ne porte pas d’intention, de même que l’effectuation manquée est le signal de son échec.

On peut dire que l’ensemble du procès de Mazan porte sur cette difficulté qui consiste à éprouver la distance entre l’intention et l’effectuation. Car aucun des accusés ne nie les faits : filmés sous tous les angles, les actes sexuels infligés à madame Pélicot sont irréfutables. En revanche leur intention est contestée, et en justice on doit en tenir compte : car ce qui est jugé ce n’est pas seulement un fait, mais aussi l’intention qui le porte. Certes on peut être condamné simplement pour avoir causé le mort d’autrui, même s’il n’y avait pas l’intention de la donner ; c’est qu’alors on tombe sous le coup d’un autre délit, tel que les précautions obligatoires pour éviter cet accident (par exemple avoir négligé de réviser les freins de son automobile pour ne pas renverser un piéton).

Il est vrai que l’acte porte toujours une intention mais qu’il peut être rétroactivement éclairé différemment selon ce qu’il produit : « Comprendre, c'est éprouver l'accord entre ce que nous visons et ce qui est donné, entre l'intention et l'effectuation » dit Merleau-Ponty. Le violeur de madame Pélicot peut très bien avoir eu l’intention d’accomplir avec elle un acte sexuel tout à fait licite dans la mesure où elle était consentante. Et si telle était bien l’intention de l’accusé, alors on ne peut le condamner, sauf si cette intention ne pouvait être soutenue au cours de son effectuation – ce que la partie civile ne cesse de marteler.

C’est cela que le procès vient interroger, car l’intention est à la discrétion de l’accusé : il peut dire ce qu’il veut dès lors qu’il s’agit de dire quelle fut son intention. En revanche, c’est l’effectuation de l’acte qui permet de remettre en cause la validité de ses propos. L’acte sexuel sur une personne inconsciente est un délit puisque qu’il ne peut être guidé par l’intention de satisfaire la demande d’une personne consciente. La loi condamne cet acte comme un viol

Et nul n’est censé ignorer la loi.

vendredi 18 octobre 2024

Une gestion de raclures de balai – Chronique du 19 octobre

Bonjour-bonjour

 

Gouverner c’est choisir : on connait par cœur cette formule de Pierre Mendès-France, qui a été prononcée à l’Assemblée Nationale le 3 juin 1953.

Pierre Mendès-France précise sa pensée en ces termes : « Choisir, cela ne veut pas dire forcément éliminer ceci ou cela, mais réduire ici et parfois augmenter ; en d'autres termes, fixer des rangs de priorité. »

Cette déclaration est fort habile car elle repousse le soupçon de politique de l’austérité – il n’est pas question de se priver mais seulement de donner ici ce qu’on a supprimé là. Aujourd’hui, l’exemple en viendrait (selon la rumeur) de l’Éducation Nationale qui renonce au budget-formation pour réinvestir l’argent dans … le payement des salaires des enseignants.

Pas beau ça madame !

- Laissons de côté ces polémiques et tournons-nous vers le contenu plus politique que politicien de cette formule. A quels choix notre actuel gouvernement est-il contraint ? Renoncer à des dépenses qui sont superflues (mais y en a-t-il ?) ou du moins dont le sacrifice est générateur de nouveaux programmes : par exemple laisser Sanofi vendre le Doliprane mais investir dans l’usine qui fabrique le paracétamol.

Si vous me permettez, tout cela c’est quand même de la gestion de raclures de balai : on pense que les choix budgétaires devraient être coordonnés à une vision à moyen ou long terme, et non plus au court terme qui limite le bénéfice de l’investissement au gain en voix pour les prochaines élections. 

Par exemple, pour empêcher les inondations de villes et de villages, ne pas se contenter de digues mais investir dans des travaux plus longs pour reconquérir les terrain inondables et permettre à l’eau de s’écouler normalement. Et puis persuader les citoyens d’avoir un comportement vertueux en termes de réchauffement climatique.


- Et c’est là que la citation de Pierre Mendès-France prend toute sa force : si gouverner est un art que tout le monde n’a pas, et si gouverner c’est choisir, alors ces choix relèvent d’une habileté qui est plus rare que le talent de se sauver la mise dans des circonstances politiquement dangereuses. Et pour être plus explicite encore, disons que l’art du choix politique ne comporte pas seulement celui de la science qui sauve, mais aussi qui connait le « kairos » capable de se saisir du moment opportun pour faire accepter son choix (1). 

- Comme l'indique cette référence au kairos le choix politique suppose l'art de choisir le moment de choisir - comme par exemple, faire accepter les mesures de contrôle du dérèglement climatique juste au moment où les français sortent tout mouillés de crues qui de centennales sont devenues annuelles.

 

 

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(1) Chez les grecs la sagesse comporte deux volets :

- l’un qui est la sophia, faite de science capable d’éclairer le jugement qui va guider l’action ;

- l’autre la prudence (phronêsis) qui est l’art de délibérer de l’action selon qu’elle est bonne ou mauvaise lorsque la science n’y suffit pas. A la sagesse théorique elle s’ajoute comme sagesse pratique.

jeudi 17 octobre 2024

La peur des sauterelles – Chronique du 18 octobre

Bonjour-bonjour

 

Les migrants ! Rien que ce nom fait frémir et justifie n’importe quel excès législatif bannissant les libertés et les droits dont nous ne cessons pourtant de clamer la valeur. 

Je sais que l’actuel Ministre de l’Intérieur se fait une solide réputation d’homme à poigne par ses projets de lois liberticides à l’encontre de ces gens-là : je fais partie des gens qui restent stupéfaits devant ce rejet gouverné par la peur de vagues migrantes dont les plus lointaines prémices n’apparaissent pourtant jamais – c’est en effet dans les plus petits et les mieux cachés des villages, que les électeurs manifestent par leur vote la crainte de l’invasion des étrangers, principalement en provenance du Moyen-Orient – mais pas seulement.  

- Comment s’explique cette peur génératrice de repli identitaire et de menaces vis-à-vis des étrangers, comme on le voit actuellement un peu partout en Europe ? S’agirait-il d’une antique peur venue du fond des âges quand les humains étaient confrontés aux invasions de hordes humaines victimes de famines ou de fléau climatique ? Ou alors cette sensibilité aux migrations viendrait-elle du souvenir atavique du plus lointain passé de notre humanité ? On sait que le développement de l’humanité à travers ses différentes mutations s’est réalisé durant de vastes migrations conduisant les préhominiens hors de l’Afrique jusqu’en Extrême-Orient : serions-nous mus par des réminiscences venues de cette lointaine époque ?

C'est possible et j’en veux pour preuve le souci constant des hommes de se voir envahis par les sauterelles ou par les criquets dont l’Apocalypse se fait l’écho et qu’on retrouve dans ces nuages venus de l’horizon qui nous sépare du désert ?




mercredi 16 octobre 2024

En France, la laïcité est-elle islamophobe ? – Chronique du 17 octobre

Bonjour-bonjour

 

A l’occasion de l’hommage rendu à Samuel Paty et Dominique Bernard, les deux professeurs assassinés par des islamistes, le débat sur la laïcité revient à la surface. Preuve qu’elle n’est pas comprise – ou pire : qu’elle n’est pas admise.

Car c’est un peu facile de dire que si les gens ne sont pas d’accord, c’est qu’ils n’ont pas compris, qu’il faut faire encore et encore de la pédagogie. La vérité c’est qu’ils ont parfaitement compris mais qu’ils n’admettent pas de se soumettre à la loi de la laïcité française, qui exige que les lois civiles l’emportent sur les lois religieuses. S’il doit y avoir débat c’est à ce niveau-là.

Mais il y a plus que le simple refus des lois laïques : les sondages d’opinions faits auprès des jeunes montre qu’une majorité de ceux-ci pensent que la laïcité est destinée à nuire aux musulmans – autrement dit que ces lois ne sont pas comme prétendu universelles (= concernant toutes les religions) mais bien ciblées contre l’islam. La laïcité serait une manifestation d’islamophobie – ce qui la rend illégitime.

 

Qu’est-ce donc que la laïcité, telle que définie par les lois françaises ? Écoutons le président du Comité Laïcité République Marne, Jean-Paul Angers : « En France, la Laïcité n’est pas pseudo-athéisme. Nous dénonçons toutes les pratiques à l’encontre de la liberté conscience. La laïcité repose sur une neutralité de l’État, qui doit garantir l’égalité de traitement de tous les citoyens quelle que soit leur religion, qu’ils croient ou ne croient pas. » (Lu ici) Reste que cette neutralité de l’État est également exigée de tous les citoyens dans l’espace public, parce que ces lois sont des lois de la République qu’elles sont non seulement universelles, qu’elles s’imposent à tous, mais encore qu’elles ne suivent en aucune façon les prescriptions de quelque religion que ce soit.

Être neutre, ça ne veut pas simplement dire : « Mon voisin refuse de manger du porc, ça m’est bien égal du moment qu’il n’en profite pas pour m’empêcher d’en manger », mais encore et surtout qu’on peut m’imposer l’obéissance à des lois qui vont éventuellement à l’encontre des prescriptions de ma religion, telles que le droit à l’avortement ou le mariage soumis aux lois de la République.

- Et là le conflit entre telle ou telle religion et la loi républicaine dépend des circonstances historiques ou théologiques. 

        * Historiques parce que les religions soumises depuis très longtemps à la laïcité (comme le christianisme ou la religion juive) ont eu le temps de s’adapter ; 

        * théologiques ensuite parce que des versions adaptées aux sociétés « civiles » de certaines religions existent alors que d’autres comme l’islam n’ont pas produit cette traduction.

 

Combien de siècles faudra-t-il encore attendre pour que cette version 2.0 de l’islam soit disponible ?

mardi 15 octobre 2024

Le hasard ou la chance ? – Chronique du 16 octobre

Bonjour-bonjour

 

Les 14 millions d’euros aux « 4 Fesses » (tabac-presse de Chaumont-sur-Marne), une « aubaine » pour les propriétaires, un souhait pour les habitués

« La somme exceptionnelle de 14 millions d’euros a été remportée dans le tabac-presse chaumontais, « Aux 4 fesses ». Une bénédiction pour les gérants qui vont voir le flux de clients se multiplier. On sait en effet que lorsqu’il y a un gagnant le flux de clients est beaucoup plus important. On s’en était rendu compte avec le million remporté (en juillet), mais là, cela va être encore plus important » peut-on lire ici.

 

On ne sait plus quoi souligner : qu’un tabac-presse s’appelle aux 4 fesses : quelle circonstance implique la présence de 4 fesses en même temps ? – Et une fois trouvé une réponse crédible, qu’est-ce qui fait que cet évènement serait qualifié de désigner un bar tabac ? Peut-être ce site historique vous contentera ?

Mais c’est certainement une autre question qui vous passionnera : pourquoi les joueurs vont-ils acheter leur loto plus favorablement là où quelqu’un vient de reporter le gros lot ? C’est surprenant, car là où le hasard est à la manœuvre, on peut s’attendre à ce que les probabilités jouent leur rôle à plein : qu’un gros lot qui vient de tomber quelque part ne puisse se reproduire au même endroit que tous les 300000 ans par exemple. Même si ça reste possible, le passage de la chance à un endroit ne suppose aucunement qu’elle repasse au même endroit peu après.

Mais attention ! Je viens de substituer le terme « chance » à celui de « hasard » : pour les parieurs, ce n’est pas du tout la même chose. Car si le hasard est strictement aléatoire, la chance ne l’est pas. Déjà on dit bien qu’on peut « avoir » de la chance, ce qui signifie que certains ont un pouvoir de la manipuler, soit par un don inconnu, soit par une sorte d’aimantation inexpliquée mais bien réelle. C’est ce qui fait

qu’aux 4 Fesses ou ailleurs, lorsque le gros lot est gagné, tout se passe comme si le lieu attirait la chance, il est passé par ici, il y repassera bientôt.

lundi 14 octobre 2024

Le Salon de l’Auto : spécial nostalgie – Chronique du 15 octobre

Bonjour-bonjour

 

Avec le Salon de l’Auto, le recours à la nostalgie est la ressource commerciale ultime : en témoigne Renault qui met en circulation une R5 électrique et pardessus le marché une R4 également électrique.

- Mais en regardant ces productions on va dire que le compte n’y est pas : voyez plutôt

 

Pas de quoi émouvoir, n’est-ce pas ?

Mais ce n’est pas seulement parce que les formes ont changé et qu’elles ne coïncident pas avec nos sensations d’il y a 40 ou 50 ans. Ce dont je parle trouve son expression la plus nette dans le Salon, qui ouvre justement aujourd’hui. 

Mon souvenir d’enfance du salon de l’auto remonte aux années 50-60, soit à une époque où l’automobile était un objet de convoitise qu’on n’imagine plus. La visite du salon était une sorte de spectacle quasi orgasmique (un orgasme offert même aux enfants, il faudra réfléchir à ça un jour) : certains de ces modèles étaient si luxueux qu’on n’avait aucun espoir de ne jamais monter dedans : mais la mise en scène qui les présentait faisait de ces carrosseries et de ces chromes des images propres à alimenter nos rêves – et pour cela nul besoin des appâts de pin-up ! C’est que les voitures présentées au désir des visiteurs avaient une valeur aphrodisiaque confinant au fantasme, et comme on le sait, le fantasme a besoins d’une image qui soit à distance pour ne pas se confondre au réel, mais aussi assez évocatrice pour y ressembler.

D’ailleurs on ne faisait pas mystère du désir masculin de voiture. Regardez cette pub BMW des années 80 :


Comparez donc cette pub BMW avec les images Renault ci-dessus : y a-t-il quoique ce soit qui éveille le désir chez vous ? Ces formes ces couleurs, cette absence de chrome (Ah ! La hiérarchie des chromes : elle est bien oubliée aujourd’hui !) … On me dira que le rêve est dans le bruit – ou plutôt son absence de bruit du moteur électrique : démarrer dans un glissement qui évoque la puissance retenue, le contrôle absolu de la machine… Mais quelle aberration ! Ce qu’on aime, c’est le moteur qui résonne avec un bruit caverneux qui vous déchire le tympan à la moindre accélération. 

Vroum-vroum