vendredi 27 juin 2025

Un fantasme jugé honteux – Chronique du 28 juin

Bonjour-bonjour

 

La chaleur… les vacances… Le mois de juillet… tout ça ouvre largement la porte aux rêveries fantasmées, et bien sûr la presse s’en empare avec des titres énigmatiques quoiqu’alléchants, destinés à faire lire le plus possible de publicités sur des sites Internet tel que celui-ci.

 

Pourtant cette lecture ne manque pas de piquant. Voyez plutôt :

- Déjà repérer le site qui publie cet article sur un « fantasme jugé honteux… » : il s’agit de « Modes et travaux ». Même pour les moins de 20 ans ce titre devrait faire mouche dans un magazine « couture et pot-au-feu ». L’effet comique est garanti.

- Toutefois on dira que ça fait longtemps que les ménagères ont fait entendre qu’elles aussi appréciaient l’orgasme du lundi matin (= solitaire quand le mari et les enfants ont quitté la maison). OK. Mais voyons un peu plus loin.

- Voici donc le fantasme qui porte les rêveries érotiques des femmes mais aussi des hommes : celui de soumission/domination.


 

Ainsi donc, fantasmer de se faire attacher comme un objet soumis au désir du partenaire : courant.

- Un peu moins courant est l’interprétation du processus qui se développe alors dans le couple selon « Modes et travaux ». Lisons plutôt : « contrairement à ce que l’on croit, le fantasme n’est pas un projet, c’est un moteur du désir. » C’est vrai, à quoi bon fantasmer si c’est pour produire encore plus d’angoisse et de souffrance psychique ? Oui, mais : se faire bâillonner, ligoter, fouetter, voilà qui ne parait pas raccord avec « le-pied-du-samedi-soir »

- D’où la nuance apportée par l’article cité : « La domination/soumission active des leviers psychologiques puissants : contrôle, confiance, inversion des rôles, transgression encadrée… » Nous, on veut bien, mais c’est en pleine contradiction avec le jeu de rôle mis en œuvre : si « tout cela a lieu dans un espace sécurisé où chacun reste libre de dire stop », alors on n’y croit plus. D’ailleurs ces gentilles menottes en peluche rose (ci-dessus) ce n’est pas sérieux, on n’y croit pas non plus.

Mais à quoi devrait-on croire ?

Vient lors la définition du fantasme : « Le fantasme fonctionne parce qu’il bouscule les cadres habituels, tout en permettant de tester des émotions fortes à distance de la réalité. » Bref, le fantasme, ça fait bouger les lignes, mais au fond, ça ne change rien à la réalité.

- Mais alors, en quoi consiste donc le fantasme ? Madame Modes-et-Travaux cède la parole au sexothérapeute Sylvain Mimoun dans un entretien au Figaro Santé : « Ce n’est pas parce qu’on a un fantasme qu’on veut le réaliser. L’essentiel, c’est de pouvoir en parler librement, sans pression ni honte /…/. Il faut le voir comme un langage du désir, pas comme un plan d’action. »

Bref : il s’agit d’un jeu pratiqué par nos enfants depuis qu’ils ont des copains-copines : « On dirait qu’on serait dans une salle de torture. Tu serais le bandit et moi le bourreau qui dois te faire avouer »…

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