Je chronique ici la récente publication de « La Déprise », un ouvrage de Clotilde Leguil publié aux éditions du Seuil.
Bonjour-bonjour
- En amour il ne suffit pas de dire « Non ». Il faut aussi entrer dans un processus de « déprise » qu’on décrit comme le fait de retrouver son autonomie, cesser de dépendre d'autrui ou du moins réduire la vulnérabilité que l'on entretient avec telle ou telle attache.
Clotilde Leguil explique que la déprise est l'expérience par laquelle on diminue en soi l'intensité d'une pression constante. Pour y parvenir il faut savoir que la déprise s’intègre dans un processus progressif, où se succèdent une prise, donc un geste de capture ; puis une emprise, qui traduit l'impossibilité de désobéir à ce qui survient ; et enfin la déprise ou rupture, qui évoque un arrachement – « sortir d'une fascination, rompre avec un narcissisme collé à des images ou des modèles » selon l’autrice.
- Dans ce processus le consentement qui accompagne la prise s’inscrit dans une temporalité longue : la rencontre amoureuse est une prise progressive, et de même la séparation suppose une déprise qui exige également un temps long.
C’est que l'amour n'est pas seulement affaire de consentement à l'autre, mais aussi de consentement à soi : peut-on, en effet, tomber amoureux sans s'interroger sur son propre être ? Aimer, c'est finalement consentir à se reconnaître comme sujet transformé par la relation. J’ai eu l’occasion d’expliquer (ici) la thèse d’Alain Badiou pour qui l’amour est l’invention d’un monde-à-deux. On comprend que la déprise exige une longue transformation symétrique.
- Clotilde Leguil applique son analyse aux emprises multiples telles qu’en comportent la politique ou le monde du star-système. Dans tous ces cas, dans ces emprises se trouvent mêlés le désir et la jouissance c'est-à-dire une autorité qui ne relève pas de la loi, force d'attraction à laquelle on cède – et à laquelle il est d'autant plus difficile de désobéir.
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