mardi 15 avril 2025

Je ne sais pas que je sais – Chronique du 16 avril

Bonjour-bonjour

 

Il y a eu Socrate avec sa devise : « Je suis le plus savant de tous les hommes : eux, ils sont ignorants mais ils ne le savent pas ; tandis que moi, je sais que je ne sais pas ». Et puis il y a les psychologues qui ont aidé les malheureuses victimes du chirurgien Joël Le Scouarnec et qui disent : « Même sans souvenirs, les victimes peuvent souffrir, car il est possible de savoir sans savoir » … 

Comment cela ? Lisons cet article : « Depuis le début du procès devant la cour criminelle du Morbihan en février, les témoignages des très nombreuses parties civiles ne laissaient pas vraiment de place au doute : oui, même sans souvenirs, les victimes pouvaient avoir gardé des séquelles de leur agression. Bon nombre d’entre elles ont évoqué des troubles inexpliqués, des dépressions, des blocages sexuels ou encore une crainte du milieu médical. »

- Admettons. Mais alors, étendons ceci à notre existence entière : il y a eu très certainement au cours de notre existence beaucoup de traumatismes qui ont laissé de telles traces, des situations dans lesquelles nous éprouvons nous aussi, comme affirmé ci-dessus « des troubles inexpliqués, des dépressions, des blocages sexuels ou encore une crainte du milieu médical ». Supposons que vous ayez la phobie des piqûres, au point que vous ayez refusé le vaccin pour vous protéger du covid : cela signifie que dans votre petite enfance vous avez eu un monsieur en blouse blanche qui, avec un gentil sourire a planté une aiguille dans votre petit bras.

- Soit : mais comment ça marche ? Le traumatisme a été oublié, mais la réaction que vous avez eue alors est restée imprimée dans votre mémoire : il y a eu élision du traumatisme mais pas de ses effets. Comme si, prenant un marteau, votre main se mettait à trembler et un malaise vous envahissait, alors même que vous avez oublié le moment où vous vous étiez flanqué un bon coup sur le doigt. 

Concluons que ces troubles manifestés par les victimes endormies au moment du viol ne sont pas si exceptionnels que cela, au point qu’on est en droit de se demander s’il ne faudrait pas mieux ne jamais révéler ces traumatismes qui risquent d’aggraver ces symptômes ? A moins de croire comme les psychanalystes que le souvenir restauré, ce sont les symptômes qui disparaissent ? 

Malheureusement, les témoignages du procès Le Scouarnec font apparaitre un redoublement des souffrances : celles dues au traces de l’agression s’ajoutant à présent à celles de l’agression elle-même. 

Au point qu’on se dit qu’il vaudrait mieux « ne pas savoir qu’on sait »

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