Bonjour-bonjour
Une polémique qui semble être appelée à durer, c’est celle qui enfle autour du propos de Guillaume Meurice, qualifiant Benjamin Netanyahu « d’Hitler sans prépuce ». Objet de violentes critiques pour avoir identifié le 1er ministre israélien avec Adolf Hitler, Guillaume Meurice se défend un réclamant le droit à l’humour, et en postant la déclaration « Je suis Charlie ».
On polémique à perte de vue sur la question de savoir s’il est juste ou non de voir dans les juifs d’aujourd’hui des reproducteurs des nazis (avec pour horizon la « solution finale » appliquée aux palestiniens). Pour moi, je me contenterai de réfléchir à la question de comprendre pourquoi la pratique de l’humour ne couvre pas de son impunité les propos de l’humoriste français.
- Déjà, notons que Riss (le Directeur de Charlie Hebdo) refuse d’accepter cette identification : « L'esprit Charlie, ce n'est pas une poubelle qu'on sort du placard quand ça vous arrange, pour y jeter ses propres cochonneries », ajoutant « On n'a pas eu besoin de dire que c'était un nazi ni de préciser qu'il était circoncis pour faire comprendre aux lecteurs ce qu'on en pensait. C'est ça, l'esprit Charlie. C'est plus subtil et plus difficile à maîtriser qu'il n'y paraît. »
La Une de Charlie Hebdo, avec le dessin de Riss
Moi, je trouve ce dessin de Riss bien anodin : il s’agit simplement de montrer le 1er ministre d’Israël, indifférent au sort des otages, mais suant de peur d’être jeté dehors par la foule : il n’y a que la conservation du pouvoir qui l’intéresse. Par contre l’identifier à Hitler, c’est un peu plus violent. Pourquoi donc ne serait-ce pas de l’humour ? D’ailleurs Charlie Hebdo en a fait par le passé tout autant – voire même pire.
Dans le dessin de presse, l’humour a pour rôle de critiquer l’actualité et de faire rire en la tournant en dérision. Sa recette est la caricature qui dévoile ses traits les plus problématiques.
Le problème avec le propos de Guillaume Meurice, c’est qu’en matière d’humour, le compte n’y est pas. A part son mot d’esprit (« Hitler sans prépuce ») rien d’humoristique ne vient caractériser la formule : ni le dérisoire (parler du prépuce d’Hitler ne parait pas suffisant), ni – surtout – la caricature ne sont présents.
Il ne suffit donc pas de se défiler en se couvrant de l’excuse d’inessentialité ; la phrase de l’humoriste aurait pu venir dans une discussion qui prétendrait à critiquer le réel.
Ne s’agirait-il alors que d’un cas comme il y en a des milliers d’autres, de propos ayant atteint le « point de Godwin » ?
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