jeudi 9 novembre 2023

La blague la plus drôle du monde – Chronique du 10 novembre

Bonjour-bonjour

 

J’ai envie aujourd’hui de reprendre un thème déjà abordé récemment : celui du rire « gratis » non adossé à une actualité racontée de façon humoristique, mais simplement avec une « histoire drôle ».

Le problème est que des histoires drôles, ça fourmille un peu partout, mais que souvent elles ne sont pas drôles du tout : ce qui te fait rire toi, ne me fera pas rire moi

C’est comme ça.

Il faut donc trouver des histoires dont le comique serait validé par une recherche scientifique. C’est justement ce que propose un psychologue britannique, Richard Wiseman, qui a souhaité savoir quelle était la blague "la plus drôle du monde". Pour ce faire, il a compilé plus de 40.000 blagues et a demandé à près de 2 millions d’internautes de voter. (Lire ici)

La voici :

« Deux chasseurs se promènent dans la forêt, mais l’un d’eux s’effondre soudainement. Il ne semble pas respirer, ses yeux sont vitreux. L’autre chasseur appelle les services d’urgences. 'Mon ami est mort ! Qu’est-ce que je peux faire ?' dit-il. 'Calmez-vous, on va vous aider. Nous devons d’abord être sûrs qu’il est mort'. Après un court silence, on entend un coup de feu. Le chasseur reprend le téléphone. 'Ok, et maintenant ?' ». 

o-o-o

Analyser ce qui fait rire dans cette histoire, c’est assurément en tuer l’effet : quand on dit pourquoi rire, on n’en a plus envie. Pourtant le philosophe, qui se moque d’être amusant ou pas, n’hésitera pas à réaliser ce crime de lèse-poilage.

Deux principes sont à l’œuvre ici :

- D’abord celui de la punchline. L’histoire doit basculer dans sa dernière phrase, sans que cette fin soit prévisible. Mais pour que l’effet comique soit à son maximum, il faut que ce basculement soit brutal. 

- Ce qui se réalise par la juxtaposition de deux mondes : l’un, le nôtre, dans lequel on ne peut secourir un homme que s’il n’est pas mort ; l’autre dans lequel il pourrait se faire que l’homme devrait être bien mort pour qu’on puisse le secourir. (1) 

Une telle incongruité est le propre de l’humour absurde : c’est à ce domaine que cette histoire appartient assurément.

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(1) Noter qu'il se peut que l'homme soit déjà mort lorsque l'autre lui a mis un balle. Mais ce qui importe, c'est que le tireur ait cru qu'en tout état de cause il fallait le tuer au cas où il n'aurait pas déjà été mort.

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