Bonjour-bonjour
En furetant dans les news-Google, je tombe sur ça par hasard : « J’ai attendu 44 ans pour avoir mon premier orgasme vaginal » texte où une femme raconte comment ce n’est qu’à 44 ans qu’elle a rencontré un homme capable de lui faire éprouver l’orgasme vaginal, déclic qui lui a permis ensuite d’atteindre les mêmes sensations avec son sextoy habituel. Je vous laisse découvrir les péripéties de cette aventure ici, et je me tourne vers cette étrange habitude qu’ont les gens de faire des confessions intimes sur Internet livrant sans pudeur les méandres les plus profonds de leur Intimité à des inconnus.
Notre époque pourtant si soucieuse de préserver les libertés individuelles est totalement tolérante avec la publication des secrets de la vie privée.
Le secret justement que vaut-il de nos jours ? Qui donc se soucie de le préserver ?
- Les confesseurs qui mettent en avant le secret de la confession. Mais plus personne ne vient les voir – et quand ça arrive, personne ne leur demande de trahir ce qu’ils viennent d’entendre. Pourtant le secret de la confession est une vertu puisqu’il résulte de la communication directe du pécheur avec Dieu en la personne de son missionnaire.
- Les médecins qui, comme les confesseurs, font du secret médical la condition de l’authenticité de leurs échanges professionnels avec leurs patients. Le secret n’est plus ici une vertu morale mais une condition technique de l’exercice de leur profession.
- Les banquiers dont on dirait que, plus encore que les médecins, le secret gardé sur les informations qu’ils détiennent est la condition sine qua non de leur existence professionnelle. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’importance prise par les banques suisses est venue de ce secret qu’elles ont su préserver plus que toute autre. Aujourd’hui, les paradis fiscaux fonctionnent sur la même base : il a fallu des enquêtes menées avec des moyens formidables pour arriver à arracher de l’anonymat certains des clients de ces paradis, aux iles Caïman ou à Panama.
Et le philosophe, qu’a-t-il donc à ajouter ?
- Que le secret de l’intimité repose sur une connaissance de soi sans laquelle il serait sans objet.
- Et ensuite qu’un langage approprié et compréhensible par autrui est requis, ce qui, selon Wittgenstein n’est pas du tout évident.
Car il peut se faire que ce secret au tréfonds de mon âme me soit inaccessible, ce que Freud a tenté de démontrer. Et ensuite, que dire ce secret en confession échoue faute de langage approprié. – Mais pour s’en persuader, il suffit de retourner à la découverte de l’orgasme vaginal par notre jeune exploratrice du 7ème ciel : parvient-elle à nous en donner une description complète ? Comment moi, qui suis un homme, pourrais-je deviner ce qu’elle a ressenti à la lecture de ses paroles ? Si une telle chose était possible, ça se saurait.
Et dans ce cas, peut-on parler de secret là où règne l’indicible ?
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