jeudi 21 mars 2024

État providence ou État protecteur ? – Chronique du 22 mars

Bonjour-bonjour

 

J’ironisais il y a peu sur les contorsions du pouvoir pour faire admettre qu’en réduisant les subventions au service public, il ne serait plus certes un « État-Providence », mais qu’il conserverait le rôle de protecteur du peuple. Et puis voilà que de débat en débat, de consultation de spécialiste en consultation de spécialiste, cette distinction se densifie, qu’elle prend un contenu, une substance.

Distinguons :

* la Providence est selon la Bible « l’ensemble des mesures par lesquelles Dieu conduit avec sagesse et amour toutes les créatures jusqu'à leur fin ultime » ;

* la Protection qui consiste à aider une personne de manière à la mettre à l'abri d'une attaque, des mauvais traitements, du danger physique ou moral.

 

- L’État-Providence est donc un substitut de Dieu : il dessine le destin des citoyens selon des normes qu'il définit lui-même et il leur permet d’y accéder en toute sécurité et de façon harmonieuse. Par exemple il assurerait à chacun d'obtenir les ressources nécessaires pour mener, tout au long de sa vie, une existence digne.

Alexis de Tocqueville ironise sur les excès de l’État démocratique de la jeune Amérique (1835) qui en s’obstinant à être providentiel, maintiendrait les citoyens dans un état de dépendance proche de l’infantilité, définissant à leur place leurs options de vie, allant même jusqu’à trancher leurs différends lors des héritages. 

De nos jours le rêve de l’État-Providence s’incarnerait dans le revenu universel qui éliminerait l’obligation de travailler pour mériter une place dans la société : le cauchemar du philosophe libéral.

 

 

- L’État protecteur quant à lui n’a pas la prétention d’être une providence pour le peuple : il se borne à mettre à l’abri des risques de la vie (maladie, accidents, perte de soutien) ; mais chacun doit choisir sa voie selon ses moyens et en subir les conséquences.

La protection n’exclut pas l’injustice dans la mesure où les choix de chacun peuvent en être responsables. Faute de choisir la vie que chacun peut mener, l'Etat choisit le monde dans lequel chacun doit vivre. « Tu veux être un artiste bohème ? Soit. - Mais ne compte pas sur le service public pour t’assurer des fins de mois confortables. Tous juste une place à l’hôpital quand tu seras bien malade ».

 

Hé-hé… Demandez à Rachida : ça, c’est pour demain.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire