Bonjour-bonjour
L’un des sujets de débat autour du procès des viols de Mazan, est… la masculinité – et il s’agit d’une réflexion venue de la liste des violeurs recrutés par le mari de la victime, comme en témoigne ce passage venu de cet article de La Provence : « Ils sont 50, ils sont un peu tout le monde. Ils sont tous accusés de viol /…/ Ils n’ont pas de pathologie mentale et pour la plupart, pas d’antécédents judiciaires. Certains ont été victimes avant d’être bourreaux. Leurs vies sont à la fois singulières et banales » (Lire ici)
La question est alors : qui donc doit se sentir coupable ? Les seuls violeurs ou bien les hommes en général, tous les hommes y compris ceux qui ont respect et admiration pour les femmes ? Et en effet, la liste erratique des inculpés invite à croire que personne – à condition d’être un homme – n’est à l’abri ; par contre la généralité de l’accusation engendre le doute.
La réponse est complexe.
- Le responsable de ce crime est la manière dont le fait d’être un homme permet d’envisager le rapport aux femmes. L’un des accusés s’est défendu en disant que cette femme n’avait pas à être consentante, le consentement de son mari étant bien suffisant : « C’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec ». Cette réflexion montre comment la masculinité apparait non pas chez tel ou tel individu, mais dans une représentation collective encore vivace dans certains milieux.
Quels milieux ? En voici un échantillon tel qu’il apparait dans la liste des violeurs (« maçon, jardinier, journaliste, précaire, infirmier, militaire, ingénieur, gardien de prison, retraité, pompier, conseiller municipal » selon l’article cité). Une telle variété s’enracine dans une souche profondément enfouie dans l’histoire sociale.
- Mais cette représentation de la masculinité et le rapport aux femmes impliqué n’est pas du tout ce qui est vécu par les hommes. C’est là que le malentendu se noue : certes les hommes en général sont aujourd’hui respectueux avec les femmes et susceptibles de vivre avec elles des relations très positives. Mais le système de représentation sociale du rapport homme/femme comporte encore des images venues du patriarcat, qui surgissent de temps à autre et qui rendent possibles – ou du moins pensables – ces relations toxiques.
C’est pour cette possibilité-là que les féministes invitent tous les hommes à réfléchir à la responsabilité de leur masculinité. Seulement certain(e)s oublient le coté culturel de la chose pour n'y voir qu'un fait naturel : ils (elles) mettent alors le curseur un peu plus haut : « Vous tous, les hommes, êtes des violeurs en puissance »
Et là, on ne se comprend plus.
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