mardi 10 septembre 2024

Nietzsche et les Bisounours – Chronique du 11 septembre

Bonjour-bonjour

 

Comment allez-vous mes Chouchous ? Je vous trouve un peu chiffon ce matin. Vous trouvez que le monde est gris et que les méchants sont partout autour de vous, surtout quand vous écoutez les infos ?

Et alors, scrollant sur votre smartphone vous tombez sur un site plein de Bisounours qui vous invitent à voir partout le bon, le beau et le bien (pour parler comme Platon)

 


Et en effet, si les philosophes se sont éclipsés de la pensée courante, restent les influenceurs qui nous expliquent l’essentiel : « Dans le monde des Bisounours il y a un méchant qui souffre et veut répandre la souffrance. Il s’appelle Cœur-dur. Il a donc un cœur mais ne veut pas s’en servir. Alors il souffre et répand sa souffrance autour de lui. Et les bisounours l’en empêchent. Ils lui envoient de l’amour alors qu’il n’en veut pas. » (Lu ici)

 


C'est ici également que vous y lirez le détail de la vie et de l’action des Bisounours, mais retenez la leçon essentielle de cet article : la méchanceté des autres n’est autre que notre perception de la souffrance qui, régnant sur nous, nous déchire et engendre alors au sein de notre cœur le cynisme et le goût de faire mal.
C’est cela qu’on devrait désigner par « la banalité du mal » pour signifier que le mal est ordinaire.

 

- Notre influenceuse est donc là pour nous expliquer l'essentiel : notre souffrance et les vices du monde que nous percevons sont en réalité le reflet de ce que nous éprouvons. C’est cela la réalité, et non cette croyance que, si nous souffrons, c’est parce que ce monde est mauvais : « il faut bien qu’il y ait des méchants pour que je souffre ». Cette révélation d’un mécanisme qui projette à l’extérieur ce qui vient de l’intérieur n’est pas la révélation d'une illusion chargée de rendre la réalité supportable, comme le dit Nietzsche; c'est le dévoilement d'un processus délétère qui ne fait que redoubler notre angoisse.

- Et c'est donc pour porter cette volonté du Bien qu'on a inventé les Bisounours avec leur petit cœur dessiné sur le ventre, pour nous rappeler ce qui doit nous importer.

 

Attention ! Notre influenceuse nous met en garde  à l’égard du contre-sens. Bien sûr la souffrance est réelle et ce serait faire preuve d’un « positivisme toxique » (lire ici et note infra) que de croire qu’elle n’est qu’illusion et que la volonté suffirait à la dissiper - on serait alors dans le déni. Pour notre influenceuse ce qui se cache dans le réel, ce n’est pas cela, c’est le divin, c’est ce que nous révèle l’amour du divin.

On a donc enfin la vérité sur les Bisounours : ce sont des messagers du divin, c’est cela que signifie le cœur dessiné sur leur petit ventre.

Laissez donc l’amour de dieu vous envahir, et les Bisounours vous indiqueront la Voie à suivre.

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(1) " Le positivisme toxique c’est se forcer à être heureuse à chaque seconde, c’est faire semblant que tout va bien. En utilisant la pensée positive pour forcer un changement intérieur, il y a abus de pouvoir sur soi. C’est aussi s’interdire de ressentir de la douleur, de la peur, de la colère, des pensées agressives envers soi et les autres. C’est s’empêcher d’être traversée par ce qui est vrai dans l’instant présent. Cela crée selon moi plus de douleur et de frustration puisqu’on est dans le contrôle totale de soi et de son ressenti." (article cité)

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