mardi 4 février 2025

Les faux-monnayeurs du langage – Chronique du 5 février

Bonjour-bonjour

 

Tombé ce matin sur ce titre : « Débunkage sur les vacances d’été ». Je me dis : « Bon encore une enquête sur le rôle de la longueur des vacances sur les échecs de nos petits à l’école. Mare ! »

Toutefois, je ne tourne pas la page : les mot « débunkage » m’est inconnu – que signifie-t-il ?

Venu des stratégies de la communication, le verbe « débunker » est issu de anglais « Debunk » qui signifie "réfuter", « le débunkage est un exercice qui consiste à prendre des déclarations et à montrer en quoi elles sont erronées ou trompeuses ». On approche de «la langue de bois /qui est une/ manière rigide de s'exprimer en usant de stéréotypes et de formules figées qui reflète une position dogmatique révélant l'absence d'idées nouvelles » (Lu ici)

Enclin ce matin à l’autocritique je me réprimande : tout ça c’est très banal ; à quoi bon s’y arrêter ? 

- Banal ? Oui, c’est vrai. Mais quand même il y a quelque chose d’étrange : pourquoi créer un mot nouveau (emprunté à l’anglais) plutôt que d’utiliser les mots courants du français (comme « réfuter » « démystifier », « éclaircir », etc.). Les mots s’useraient-ils ? Seraient-ils, comme le dit Mallarmé, comme ces pièces de monnaie usagées que l’on glisse en silence dans la main ? Peut-être, mais alors qu’apportent donc ces néologismes souvent obscurs sans raison parce qu’empruntés à des langues étrangères ?

Pour répondre à cette question, je songe alors que la « langue de bois », évoquée pour situer la zone d’exercice de notre réflexion sur ces mots nouveaux dont le débunkage est un spécimen, pourrait bien apporter un peu de lumière. Car le propre de ces formulations figées est de nous faire prendre le mot pour la réalité désignée ; substituer le mot à la chose est bien le rôle de la langue de bois et des éléments de langage dont elle est faite. 

- Alors, l’usage ou la création de mot inusuels correspond à la mise en circulation de cette nouvelle monnaie (pour parler comme Mallarmé), qui, par l’étonnement suscité, détourne l’esprit de la critique de l’usage qui en est fait. Puisque c’est nouveau alors ça doit bien avoir été découvert quelque part dans la réalité.

N'oublions pas que la pièce neuve a peut-être été fabriquée la nuit dernière – par un faussaire.

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