lundi 24 février 2025

Les méchants peuvent-ils être heureux ? – Chronique du 25 février

Bonjour-bonjour

 

Je vais vous parler aujourd’hui de l’affaire Joël Lescouarnec, ce chirurgien qui passe en jugement ces jours-ci pour avoir agressé sexuellement 299 personnes endormies lors de ses interventions.

Cet évènement soulève deux problèmes : 

* L’un sur lequel je reviendrai un jour : certaines de ces victimes n’avaient aucune conscience de ces attouchements subis alors qu’elles étaient encore sous l’effet de l’anesthésie.

Au cours de l’instruction, la police a mis sous leurs yeux les descriptions de ces gestes criminels, écrites par le chirurgien lui-même et qui les concernaient personnellement. Depuis elles vont mal, de plus en plus mal. On évoque des symptômes inexpliqués antérieurs à la découverte qui n’ont fait que s’aggraver avec l’instruction du procès. Il s'agit du processus bien connu d'anamnèse. Mais on se demande si la justice punitive doit se faire à ce prix.

* D’autre part, la police a découvert dans le « journal du violeur » de Joël Lescouarnec, outre la description minutieuse de ses victimes et des sévices qu’il leur a infligées, quelques remarques plus personnelles, dont celle-ci « Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste [...] voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste [...], pédophile. Et j'en suis très heureux. » (voir ici)

- La philosophe retrouve alors l’une des plus vieilles questions de la morale : « Y a-t-il un bonheur possible pour les méchants ? » Une réponse positive, bien que raccord avec l’histoire véridique de certains tortionnaires morts tranquilles très vieux après avoir joui de leur crimes durant une longue vie, a fait tellement scandale qu’on a imaginé une éternité de souffrances subies dans la géhenne de Lucifer. Il fallait absolument que la justice passe, si ce n’est dans ce monde, alors que ce soit dans l’outre-tombe.



Reste que tout cela ne résout pas la question : peut-on être heureux en infligeant à autrui le malheur ? Le bonheur est-il donc une récompense ? N’est-elle accordée qu’aux justes ?

A titre de documentation je conseille ces deux ouvrages de Sade : Juliette et les prospérités du vice ; et puis Justine et les infortunes de la vertu.

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