Bonjour-bonjour
Le monde des médias est agité en ce moment par la polémique autour de la prestation dans l’émission « C à vous » de l’humoriste Merwane Benlazar, d’origine algérienne (mais né dans le 9-3) à qui on reproche un passé proche du salafisme et dont la tenue de scène rappelle l’existence.
Je n’ai pas assisté à cette émission, mais les déclarations enfiévrées sont suffisamment éloquentes : les uns lui reprochent d’être un islamiste non-repenti : « Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde, une seule question : pourquoi ? » assène Nathalie Loiseau. D'autres lui reprochent des tweets publiés autre fois et se révulsent à la vue de sa tenue de scène – à quoi Benlazare répond qu’il portait « un bonnet de la marque islamiste Zara, fabriqué en République islamique du Portugal. »
Mais plus sérieusement, on lit que, selon le scénariste Guillaume Orignac, ces réactions montrent qu’en France le droit au second degré n’est aujourd’hui pas permis à un arabe musulman
Voilà mon sujet du jour : la second degré, en humour, qu’est-ce que c’est ? « L'humour au second degré est un type d'humour particulier, qui exige de la part de celui qui l'utilise une certaine finesse d'esprit. En effet, ce type d'humour passe par une interprétation, une seconde lecture du sens premier qu'une phrase semble avoir. » On comprend qu’il s’agit la plupart du temps « d’une forme d'ironie et d'humour qui laisse sous-entendre l'inverse de ce que l'on pense vraiment. » (Lu ici et ici)
On donne habituellement l’exemple des sketches de Pierre Desproges sur les juifs en ajoutant qu’il ne pourrait plus les faire aujourd’hui, justement parce que le second degré ne passe plus. Et c'est exact ; ajoutons qu'il ne s’agit pas d’une situation particulière : même des citations visiblement hors contexte ne sont plus supportées - en témoigne le roman d’Agatha Christie dont le titre « Les 10 petits nègres » tombe sous la censure des réseaux sociaux. Notons au passage que la censure aujourd’hui n’est plus prononcée par une commission officielle ; Anastasie c’est vous, c’est moi, à condition d’officier anonymement.
Bref : un humoriste qui se déguise en salafiste, à priori ça ne me fera pas rire. En revanche je ne peux lui interdire de vouloir le faire. Ça serait la même chose avec Desproges s'il s'était
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