jeudi 20 février 2025

Peut-on imaginer une science sans passion ? – Chronique du 21 février

Bonjour-bonjour

 

Peut-on imaginer une science sans passion ? C’est avec cette interrogation que l’auteur de cet article interpelle ses confrères : ne serait-il pas plus objectif de restaurer le climat subjectif de la recherche, ses élans, ses frustrations, ses échanges amicaux ou non avec les sujets observés et décrits dans l’anthropologie et la sociologie ?

Nous avons là une réflexion qui retrouve les soucis rencontrés par les historiens : faire en sorte de laisser apparent dans l’exposé des recherches le moment où elle a été effectuée afin de délimiter l’influence éventuelle de l'époque où l'étude a été effectuée.

Il est vrai que l’article cité biaise un peu la question : il s’agit pour lui de montrer qu’il ne faut surtout pas chasser les émotions du moment de la recherche parce que c’est elle qui va en faciliter l’avancée : la raison en est que la discipline évoquée est celle de l’ethnographie qui repose sur les révélations obtenues de la part des personnes qui figurent précisément dans l’objet de l’étude. Le contact familier, voire amical avec cette source est essentiel.

Mais si on l’intègre dans la description de l’étude, c’est aussi qu'on cherche à rétablir la condition même de l’exercice de la science expérimentale dont la démarche reste le modèle de toute autre science rigoureuse – à savoir que le lecteur soit en mesure de réeffectuer la totalité de l’observation. Savoir dans quelle condition l’étude a été réalisée ne l’empêche nullement d’être valable.

Penser le contraire c’est imaginer comme en URSS du temps de Staline que le fait pour le savant d’être juif ou payé par l’industrie capitaliste est suffisant pour en dévaloriser le résultat. 

C’est cette passion-là qui est contraire à la science pas celle qui anime le chercheur.

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