« Sophia
Chirikou sommée de payer la « fracture » – Lu dans Libé, ce
titre à double sens (faut-il le souligner ?) : d’une part Sophia
Chirikou est mise en demeure de régler une « facture » correspondant à une somme dûe à la chaine de
télé en question ; d’autre part elle est dans cette situation parce
qu’elle a rompu avec le Média (d’où la « fracture » : vous
pigez ?)
o-o-o
Supposez :
nous sommes en 1968, Libération
n’existe pas encore, et nulle part dans la presse écrite (sauf le Canard enchainé : nous y
reviendrons) nous n’aurions pu trouver un titre pareil : personne ne
s’amusait à faire des calembours, jeux de mots et autres phrases à double sens.
Quand Libé est apparu, ce n’était
pour lui qu’une façon d’attirer l’attention, une manière de se faire
remarquer ; l’essentiel était le message révolutionnaire et c’est
d’ailleurs pour cela que Sartre a parrainé l’entreprise, lui qui n’arrivait
plus à se faire arrêter en vendant la
Cause du peuple.
Nous sommes
en 2018 et plus personne ne s’étonne de trouver des titres pareils. On dirait
même que c’est devenu une règle, puisque tous les journaux, quels qu’ils soient
ont adopté cette manière de présenter leurs articles, au point que chaque
journal doit (je suppose) avoir un gagman attitré qui s’évertue à trouver non
seulement le calembour à double sens qui fera mouche, mais aussi à l’imaginer
assez original pour ne pas faire doublon avec d’autres « Unes » de la
presse quotidienne.
Bien sûr, Libé n’est pas exactement l’inventeur du
procédé : le Canard enchainé le
pratique depuis bien plus longtemps, en particulier dans les pavés qui
encadrent le nom du journal de la Une ; mais ce n’est pas un journal
« ordinaire » en tout cas pas un quotidien.
Et si, en
inventant cette procédure Libé avait en même temps inventé l’information
moderne, celle qui a toujours deux sens à la fois, et qui suppose dont une
interprétation ? Le fait et l’interprétation du fait ?
Comme le
disait Nietzsche : même la vérité doit être interprétée, car on doit
savoir aussi dans quelle intention elle a été recherchée et publiée.
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(1) « Selon nos informations, l’ex-directrice de
campagne de Mélenchon, qui vient de quitter avec fracas l’entreprise de presse,
a été «mise en demeure» par les deux autres cofondateurs de la web-télé. Ils
l'accusent d’abus de biens sociaux ». (Info Libé)
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