dimanche 19 août 2018

ITALIE : DES GARDE-CÔTES ET 177 MIGRANTS BLOQUÉS DEPUIS JEUDI AU LARGE DE LAMPEDUSA

Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), avait critiqué l’initiative des garde-côtes italiens, qui sont intervenus sur un bateau relevant selon lui des autorités maltaises. L’embarcation avec au départ 190 migrants à bord est en effet passée mercredi par la zone de recherches et de secours (SAR) maltaise, mais selon La Valette, les personnes à bord ont refusé toute aide et poursuivi leur route vers Lampedusa.
Ils ont ensuite été pris en charge dans la nuit de mercredi à jeudi par le navire Diciotti des garde-côtes italiens, qui ont évacué en urgence 13 personnes vers l’hôpital de Lampedusa mais attendent depuis jeudi soir au large de l’île italienne l’autorisation de débarquer les autres. Selon des médias italiens, le ministre des affaires étrangères, Enzo Moavero, a entamé des discussions avec d’autres pays européens pour trouver une solution. (Lu ici)
Et ce n’est pas une première : « En juillet, le Diciotti, envoyé surveiller de loin 450 migrants entassés sur une barque de pêche entre Lampedusa et Malte, les avait déjà recueillis alors que le gouvernement leur demandait d’attendre que Malte s’en charge. »

Quand je lis ça, je tombe de ma chaise : quoi ? Ce sont des garde-côtes italiens qui sont refusés d’accoster dans des ports italiens ? Mais alors, quelle est la mission des garde-côtes ? Et quelle est leur légitimité ? « Nous sommes des marins, des marins italiens. Nous avons 2000 ans de civilité derrière nous et ces choses-là (= sauvetage en mer), nous les faisons », avait déclaré quelques jours plus tard le commandant des garde-côtes, l’amiral Giovanni Pettorino. Mais alors, où donc vont accoster ces bateaux si leur propre pays n’en veut pas ?

Bien sûr, c’est de ma part une fausse naïveté : aucune légitimité ne tient devant la volonté de sanctuariser les frontières du pays. Comme si un reflexe ancestral, remontant aux tout débuts de l’ère de l’agriculture et de l’élevage, impliquant un territoire bien délimité, stable et sécurisé où on puisse semer le grain en étant sûr de pouvoir ensuite le moissonner, ou bien élever le bétail sans qu’il soit volé par des étrangers. Bref, aussi ancien que la propriété, l’instinct de territoire passe avant toute autre considération. (1)
Comme de pactiser avec un tyran qui embastille son peuple sans que ça nous fasse soulever le sourcil, à condition que, dans le même temps, il parque en camps de concentration les migrants qui passent par son territoire pour aller en Europe. « Qu’il en fasse ce qu’il veut, à condition que nous puissions dormir tranquilles sans que ces va-nu-pieds ne déferlent dans nos rues ! »
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(1) Ça, Rousseau l’avait dit de bien des façons, en particulier dans la seconde partie du Discours sur l’origine de l’inégalité.

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