samedi 18 août 2018

POURSUITES APRÈS LA FATALE COURSE-POURSUITE

Le policier suspecté d’avoir mortellement touché un automobiliste au terme d’une course-poursuite mardi soir à Paris a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner», a annoncé le parquet de Paris.
Monté à l’arrière du scooter d’un particulier auquel il a demandé d’engager une course-poursuite, le policier a poursuivi jusque dans le IXe arrondissement le jeune automobiliste qui avait refusé de se soumettre à un contrôle.
Bloqué par un autre véhicule rue Condorcet, l’automobiliste fuyard aurait enclenché la marche arrière et percuté le deux-roues. L’agent, positionné du côté passager de la voiture, aurait alors ouvert le feu, atteignant mortellement le conducteur de 26 ans au thorax. (A lire ici)

Ebouriffant, n’est-ce pas ? Vous commencez à lire intrigué par le titre évoquant des « poursuites » après une « course-poursuite », vous vous retrouvez à l’arrière d’un scooter qui passait par là à tirer sur un jeune fuyard ! Et pourquoi donc cette mise en examen ?

- Procédons par ordre : déjà si vous étiez sur le scooter, que feriez-vous si un agent de police vous arrêtait et vous disait en montant derrière-vous : « Suivez cette voiture ! » voilà une injonction à la quelle sur le moment vous ne penseriez peut-être pas à vous dérober, mais en réalité, cela se discute : « Monsieur le policier, selon les textes que j’ai consultés vous ne pouvez pas réquisitionner mon véhicule et encore moins moi-même, et, à moins que je sois une personne particulièrement qualifiée, ce que je ne crois pas être. Je ne suis donc pas du tout tenu de répondre favorablement à votre sollicitation. »
Or voici que notre pilote de scooter non seulement ne s’est pas dérobé, mais a vraiment pris en chasse à travers Paris le véhicule indiqué, jusqu’à le rejoindre dans un embouteillage.
Belle performance, n’est-ce pas ? Mais performance mal récompensée, puisque le fuyard a mis la marche arrière percutant le deux-roues.
Et c’est là que le policier descend du scoot’, rejoint le véhicule et, à travers la vitre baissée du passager, tire sur le conducteur le tuant d’une balle dans la poitrine. Ouf ! Votre scooter est sûrement endommagé, mais vous avez quand même la vie sauve !
Mais ce n’est pas fini : le policier est mis en examen pour avoir tiré sur un homme qui ne représentait pas un danger manifeste pour lui. Oui, mais vous alors ? N’allait-il pas vous réduire en bouillie en reculant pour s’enfuir à nouveau ?
Et vous voilà conduit à faire une déposition à décharge en faveur du policier qui pourtant vous avait mis lui-même en danger en vous réquisitionnant avec votre scooter : « Messieurs les enquêteurs, représentez-vous la situation : le policier armé n’était pas lui-même menacé, mais moi, n’est-ce pas, je risquais d’y passer. Ne devait-il pas user de son arme pour me protéger ? »

Alors bien sûr vous ne direz peut-être pas cela, parce que l’avocat du policier l’aura dit avant vous. Mais vous aurez peut-être envie de le répéter ?

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