Au Brésil,
des camps de migrants vénézuéliens ont été attaqués par des voisins en
colère : l’arrivée massive de Vénézuéliens fuyant la crise politique et
économique dans leur pays a créé une situation délicate dans l’Etat de Roraima
(nord du Brésil à la frontière vénézuélienne).
On lira ici
le détail, mais je voudrais qu’on les oublie pour ne retenir que cela :
des pauvres gens, fuyant la misère et la famine envahissent un territoire
voisin supposé mieux loti, sans demander ni autorisation ni secours organisés,
simplement pour ne pas mourir de faim. Et les gens en question qui ne veulent
surtout pas partager entrent en conflit violent avec ces crève-la-faim ; qu’on
ne retienne que cela – et voilà qu’on imagine revivre des mouvements de
populations aussi anciens que l’espèce humaine et qu’on constate que le conflit
qui en sort reste un conflit anhistorique, qu’aucun principe moral ne peut
contenir.
- Oublions donc
le progrès, les traités et la Déclarations des droits de l’homme : que
signifie tout simplement l’histoire
quand on voit ça ? Quand un Neandertal rencontrait un Sapiens, ils se
crêpaient peut-être le chignon pour une femelle ou pour un territoire de chasse.
Et nous quand nous voyons une troupe de migrants dans nos rues ? Ne
songeons-nous pas à appeler la Police ? Et quand la télé nous montre ces
même gens entrain de se noyer dans la mer, ne nous disons-nous pas :
« Après tout ils n’avaient qu’à rester chez eux » ?
Oui, mais on
objectera que ces considérations de misanthrope ne peuvent rien contre les générosités
qui soulèvent des montagnes de dons, quand un malheureux petit enfant vient à
se noyer et à s’échouer, lamentable épave, sur une plage ? Ne dirons-nous
pas que plus fort et plus profond que l’égoïsme et la violence, la pitié
remonte elle aussi de notre passé ancestral et nous prend aux entrailles...
C’est vrai,
mais ça ne dure que ce que durent les émotions. Et il suffit que d’autres
émotions surgissent et emportent ces élans avec elles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire