Bagarre à Orly entre Booba et Kaaris : les rappeurs
promettent d'être "irréprochables" en attendant leur procès
Les deux figures du rap français, ainsi que huit de leurs
proches ayant participé à une rixe le 1er août, contestaient lundi leur
placement en détention provisoire. Ils demandent à être placés sous contrôle
judiciaire.
Les avocats ont aussi mentionné l'agenda perturbé des deux
artistes, les "35 000 places déjà vendues" pour un concert de Booba
mi-octobre en région parisienne
S’opposant à cette remise en liberté l’avocat général a
déclaré « qu’il faut protéger les personnes prévenues », estimant
qu'il n'était "pas exclu" que Booba et Kaaris, pour l'heure incarcérés
à Fleury-Mérogis et Fresnes, subissent des représailles "de la part des
admirateurs de l'autre" s'ils sortaient de prison avant leur procès. (Lu ici)
Au fond il ne serait pas trop étonnant que des gens inculpés
de violence soient devenus doux et gentils comme des agneaux pour échapper à la
sévérité de la sanction.
Mais ce qui me fait réagir, ce n’est pas cela. C’est l’idée
que la justice aurait utilisé cette mise en détention provisoire non seulement en
raison du délai imposé pour que l’affaire soit jugée, mais aussi dans
l’intention de donner une leçon de conduite à ces rappeurs mal éduqués. Au fond
on utiliserait l’embouteillage juridique pour infliger une sanction en-dehors
de tout jugement ; ce serait de la part des juges une décision arbitraire pour
montrer que la loi possède elle-aussi une force brutale et contraignante, tout
autant que celle des poings et des battes de baseball.
Mais du coup, l’asymétrie entre le délit et la sanction se
trouve brisée : si la violence des juges devenait la même que celle des
criminels, alors on régresserait à un stade inconnu de la justice, car du temps
des tortures et des supplices de l’ancien régime (comme le dit Michel Foucauld)
les tourments infligés par le bourreau étaient strictement définis par des
règles fort précises. Si abominable qu’aient été les tortures de l’Inquisition
ou les mises à mort sur la roue ou l’échafaud, il n’en restait pas moins que
des règles, donc des limites très précises devaient être respectées.
Or même si nous n’en sommes pas là, on voit que le verrou de
la règlementation a sauté dans l’affaire Booba-Kaaris. En tout cas, que ce
soient deux méchants rappeurs ne change rien au droit.
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