«Ni hao Huoxing» (Hello Mars) – la Chine réussit à poser un robot sur la planète rouge.
«Je suis toujours à l'intérieur du module d'atterrissage» et «impatient de savoir ce qu'il y a sur Mars», est-il écrit sur le compte officiel de Zhurong, le robot martien chinois. Info lue ici.
Bonjour-bonjour
Alors que va dire le philosophe ? Va-t-il s’étonner de la capacité de la Chine à trouver les moyens non seulement financiers mais aussi humains pour réussir avec une telle rapidité des opérations complexes sur la planète Mars, là où les américains ont mis plus de 20 ans à réussir ? Ou bien va-t-il ronchonner en disant que les informations scientifiques divulguées par la Chine seront toujours entachées de doutes suite aux mensonges d’État dont ce pays s’est rendu coupable au cours de l’épidémie de covid ? Mais non : le philosophe va s’étonner que la communication attribuée au robot le fasse parler à la 1ère personne : « Je suis toujours etc. » – d’autant plus que les robots américains font exactement de même.
--> Et alors, depuis quand une machine disposerait-elle du « Je » c’est-à-dire de la conscience de soi ? « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par-là, il est une personne » disait Kant (1) c’est-à-dire qu’il a le pouvoir de se saisir soi-même par un retour sur soi de la pensée, se constituant ainsi comme sujet pensant capable de dire « Je »
Certes, on peut imaginer que certains animaux comme les grands singes, seraient capables de se penser eux-mêmes sans pour cela avoir l’usage des pronom personnels ; d’ailleurs ce pronom personnel peut très bien manquer dans certaines langues. Mais que la machine dont rien n’indique que ce retour réflexif soit à sa portée puisse parler d’elle-même à la 1ère personne, voilà que dérange.
Vous ne me croyez pas ? Alors rappelez-vous de l’opéra d’Offenbach intitulé « les Contes d’Hoffmann ». Olympia, le personnage principal du premier acte, qui est un automate construit par Spalanzani, chante l’air des « oiseaux dans la charmille » ; elle conclut par ce refrain : « Voilà la chanson mignonne / La chanson d’Olympia / d’Olympia ! ». Offenbach ne s’y trompe pas : Olympia est une machine parlante qui ne peut parler d’elle-même qu’à la 3ème personne : toujours comme objet, jamais comme sujet.
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(1) Kant – Anthropologie §1 (Lire le texte ici)
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