Bonjour-bonjour
L’actualité nous invite à méditer sur l’intérêt de l’histoire, non pas ce passé qui fut le nôtre et qui nous interpelle, mais bien cette science qui se consacre à son étude. Il s’agit bien sûr du débat concernant la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon qui nous intéresse. Pour les uns il faut condamner les méfaits de l’Empereur comme s’il les commettait aujourd’hui – et on pense d’abord au rétablissement de l’esclavage. Pour les autres aucun jugement ne peut être formulé aujourd’hui à propos des évènements historiques sauf à s’en tenir à ceux qui tiennent compte de l’époque.
Cette question a été abordée par le discours présidentiel : je ne doute pas que le Président si attaché à trouver le point d’ancrage de la nation que sont nos héros ait eu l’intention de montrer que le passé et le présent – mais aussi l’avenir – se retrouvent et se complètent dans la mémoire de Napoléon. Seulement, pour être un idéal encore aujourd’hui, il doit être lavé des impuretés qui le souillent – comme le rétablissement de l’esclavage ou la tyrannie à l’encontre des intellectuels, ou encore la soumission des femmes à leur mari.
Il s’agit de politique ou d’idéologie – mais pas seulement : la question du jugement porté sur l’Empire est vraiment l’occasion de s’interroger sur l’intérêt de l’histoire comme science.
Et du coup ressurgit la question : à quoi bon faire de l’histoire ?
… « Papa, explique-moi donc à quoi sert l’histoire ? » : c’est par cette question posée par son propre fils que Marc Bloch ouvrait son livre « Apologie pour l’histoire – ou : le métier d’historien ». C’est sans dissimuler aucune des difficultés du métier d’historien – et le lecteur des livres d’histoire en est déjà un – que Marc Bloch apporte la lumière indispensable pour comprendre l’enjeu véritable de ce débat, qui, s’il ne concernait que le déboulonnage de quelques statues, n’aurait que peu d’intérêt.
Refusant de considérer l’historien comme un antiquaire qui ne s’intéresserait au passé que pour le passé ; mais estimant par contre que les différences entre lui et nous ne sont pas de véritables ruptures, le livre posthume de Marc Bloch peut être rouvert aujourd’hui pour nous aider à comprendre non pas s’il faut commémorer ou pas Napoléon, mais de quelle façon il convient de le faire.
Le plus motivés pourront télécharger le livre de Marc Bloch ici.
Les moins énergiques pourront lire un compte-rendu ici.
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