lundi 10 mai 2021

Sémantique, quand tu nous tiens ! – Chronique du 11 mai 2021

Bonjour-bonjour

 

Pour l’amoureux de la langue française que je suis c’est un bonheur de voir les élus de la Nation se disputer autour du sens d’un mot à introduire dans la Constitution. S’agissant d’introduire la protection du climat dans la Constitution, faut-il dire que la France préserve l’environnement (comme le veut le sénat), ou bien qu’elle garantit sa préservation (formule proposée par l’exécutif) ?

Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti jouant le rôle de sémanticien de service a « assumé » le choix du verbe « garantir », qui marque « la force de l'engagement » du gouvernement en faveur de l'environnement. Autre sémanticien, autre avis : M. Retailleau a vu dans la formulation du gouvernement l'« introduction du virus de la décroissance dans notre Constitution ».

Querelles sibyllines, qui nous font oublier l’essentiel – à savoir ce sur quoi porterait l’éventuelle protection ?  « Le PS s'est quant à lui focalisé, sans davantage de succès, sur l'idée d'introduire dans la Constitution la protection des "biens communs mondiaux", au rang desquels figurent le climat, l'eau, la santé... ou encore, thème d'actualité, les vaccins. » (Lire ici).

Pour faire bonne mesure, précisons que la formulation voulue par l’exécutif reprend les préconisations de la Convention citoyenne sur le climat (CCC) qu’on lui reproche d’avoir par ailleurs malmené. Du coup les sénateurs se sentent piégés en étant réduits soit à voter sur commande un texte qu’ils n’apprécient pas, soit d’être cantonnés dans « le rôle de méchant » (Hervé Marseille Président du groupe centriste).

 

… Je vous sens, chers amis pris de vertige, et que partis sur une définition de vocables, vous vous sentez perdus dans les chausse-trappes de la politique… Même le plus simple mot, qui désigne la chose la mieux définie qu’il soit, prend un autre sens dès lors qu’il peut servir à autre chose.

Et pourquoi pas ? Wilhelm Furtwängler, le célèbre chef d’orchestre disait : « les autres chefs jouent les notes ; moi je joue ce qu’il y a entre les notes ». Eh bien nos élus eux aussi veulent lire ce qu’il y a entre les mots. Faudrait-il leur reprocher d’être trop subtils ?

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